Le changement climatique frappe Maurice de plein fouet et la situation devrait se détériorer d’ici les prochaines années. Des actions musclées et courageuses doivent être initiées pour atténuer les effets du changement climatique et mieux adapter nos infrastructures. La bataille est cependant loin d’être gagnée.
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Bien que le Masterplan du ministère de l’Environnement, préparé conjointement avec l’United Nations Development Programme (UNDP), loue les efforts de Maurice depuis les années 90 en faveur de la préservation de l’environnement, force est de constater que le pays fait toujours face à une liste d’obstacles qui nuisent à une bonne gestion de l’environnement. Ces obstacles sont :
- Absence de cadres légaux et institutionnels
- Manque de planification stratégique
- Manque d’actions concertées au niveau des institutions
- Absence de pénalités et d’une harmonisation des délits
- Absence de supervision
- Absence de technologies et d’innovations
- Absence de recherche
- Absence de bases de données relatives à l’environnement
Consolidation du cadre environnemental et institutionnel
Il devient impératif, selon le Masterplan, de consolider et harmoniser l’Environment Protection Act avec les autres lois censées veiller au respect de l’environnement à Maurice. La réactivation de la National Environment Commission pour qu’elle soit mutée en National Environment and Sustainable
Developmment Commission est recommandée. Ce nouvel instrument aidera ainsi à superviser et guider les nouveaux types de développement.
La création d’un Council for Environmental Experts and Practioners est aussi proposée afin de faciliter le dialogue pour l’élaboration de nouvelles stratégies en faveur de l’environnement.
Proposition pour l’amélioration de l’urbanisation…
- Le Masterplan plaide en faveur de davantage de transparence dans les prises de décision autour des « environmental assessment process ».
- Les « Environmental Sensitive Areas » doivent être mieux protégées. Le document propose qu’elles bénéficient d’une protection légale à l’avenir.
… et dans les régions côtières
Un projet qui s’apprête à être conçu dans les environs des zones côtières doit être soutenable d’un point de vue environnemental avant d’obtenir le feu vert des autorités. Le document plaide aussi pour la restauration de la biodiversité dans les régions côtières.
Mise en oeuvre du Masterplan Rs 15 milliards nécessaires
Rs 11 milliards doivent être injectées dans les coûts de traitement des déchets, selon ce document du ministère de l’Environnement. Les centres d’enfouissement qui assurent le traitement des déchets étant arrivés à saturation, il faut de ce fait investir massivement dans l’expansion des sites existants, d’autant que Maurice souffre d’un manque d’espace pour procéder à la construction d’un nouveau centre. Rs 1 milliard doivent également être décaissées pour un plan d’action environnemental pour Rodrigues alors que les Rs 3 milliards restantes doivent être exclusivement consacrées à d’autres projets environnementaux.
Fabrice David : « Après les inondations, nous allons témoigner de glissements de terrain »
« Maurice est déjà un pays victime du changement climatique. » C’est l’avis exprimé par le député du Parti travailliste (PTr) Fabrice David. Il avance que tous les Mauriciens sont aujourd’hui concernés par les effets du changement climatique.
« Il y a désormais un point qui nous caractérise, c’est que Maurice est devenu un pays victime du changement climatique et c’est un point commun qui nous unit tous, peu importe notre couleur, notre religion et notre catégorie sociale », fait-il part.
Ainsi, bien qu’il considère que nous sommes déjà dos au mur face au dérèglement climatique, le député de la circonscription no1 (Grande-Rivière-Nord Ouest / Port-Louis Ouest) soutient qu’il ne peut y avoir que deux ripostes : l’adaptation et l’atténuation. Les deux pistes qui doivent absolument être explorées, selon le député rouge, sont la révision du système d’évacuation ainsi que la conception d’un nouveau plan d’urbanisation.
« La réalité de 2023 avec le dérèglement climatique c’est que nous pouvons, en un seul jour, récolter l’équivalent d’un mois de pluie. Et lorsqu’on considère que nous avons des drains qui sont sous-dimensionnés et qui sont aussi bouchés en raison d’un manque de maintenance, nous constatons tout simplement que nos drains ne sont pas adaptés au changement climatique », déclare-t-il.
Faisant état des milliards de roupies qui sont annoncées annuellement dans le budget par le ministère des Finances pour procéder à la construction de nouveaux drains, Fabrice David déplore un manque de transparence autour de l’allocation des contrats ainsi qu’un manque de traçabilité au niveau de l’efficacité des drains qui ont été conçus dans diverses régions du pays.
Évoquant également le système d’urbanisation à Maurice, Fabrice David dit craindre le pire. Surtout devant les différentes constructions qui ont été menées, dans certains cas avec la bénédiction des conseils de district et des municipalités, autour des rivières ainsi que sur les flancs de montagnes. Le député appréhende des glissements de terrain à travers le pays.
« Nous avons jusqu’ici témoigné de zones d’inondations et au rythme auquel les choses sont en train d’évoluer à Maurice, nous allons bientôt témoigner de glissements de terrain. En sus des maisons inondées, nous allons voir des maisons glisser et tomber sur des pentes avec des catastrophes humaines graves », prévient-il.
Cela devient donc primordial que les conseils de district et les municipalités se mettent à refuser les demandes de construction sur les flancs de montagnes et autour des rivières, fait ressortir le député de l’opposition. Le gouvernement doit commencer à se pencher sur un plan de relogement pour toutes ces personnes.
Par ailleurs, tout comme d’autres activistes qui militent pour l’environnement, Fabrice David plaide auprès de la Land Drainage Authority (LDA) et du ministère des Infrastructures nationales pour qu’elle dévoile enfin la nouvelle cartographie qui a été réalisée afin d’identifier de nouvelles zones inondables. « Le gouvernement doit jouer franc jeu avec la population et rendre cette cartographie publique. Les Mauriciens sont en droit de savoir s’ils sont en train d’habiter des régions à risque. Ceux souhaitant entrer dans un projet de construction de maisons doivent aussi être tenus au courant pour qu’ils sachent dans quoi ils sont en train de s’embarquer », clame le député rouge.
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