
Sarah et Vanessa et Meera (prénoms modifiés) ont chacune vécu le même cauchemar. Leur intimité a été exposée en ligne par des hommes qu’elles avaient un jour aimés ou en qui elles avaient placé leur confiance. Victimes de « revenge porn », elles dénoncent le manque de réactivité des autorités.
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Dans le cas de ces trois victimes, les auteurs ont été identifiés et, même parfois, interrogés. Toutefois, les démarches judiciaires stagnent. Pire encore, les contenus offensants restent accessibles sur certaines plateformes. Entretemps, les victimes continuent de souffrir en silence. Sarah, Vanessa et Meera s’accordent sur un point : il est urgent que la loi évolue en ce qui concerne la pornodivulgation. Elle doit permettre une action plus rapide, autant pour les poursuites judiciaires que pour le retrait immédiat des vidéos ou photos diffusées illégalement.
* prénom modifié
Une vengeance orchestrée par son ex-mari
Sarah n’avait que 15 ans lorsqu’elle a été mariée de force. Aujourd’hui, à 35 ans, elle tente de reconstruire sa vie, après avoir été la cible de « revenge porn » (pornodivulgation). Des contenus intimes, partagés à son insu par son ex-époux, ont bouleversé son existence. Son témoignage, à la fois douloureux et courageux, vise à sensibiliser le public à cette violence numérique encore trop souvent ignorée.
Issue d’une famille modeste et nombreuse, elle n’a jamais eu vraiment le choix de sa destinée. À 15 ans, son père lui impose un mariage arrangé avec un homme plus âgé, qu’elle connaît à peine. « Mo papa ti dir mwa : to aksepte to rest dan lakaz, sinon to ale », confie-t-elle.
Environ, un mois après leur rencontre, elle se marie et sa vie bascule alors dans un quotidien de soumission, sans liberté, ni voix. « Mo finn manipule ek servi kouma so esklav seksiel. Li ti fors mwa dormi avek lezot zom, li film sa ek fer santaz avek mwa apre pou fer mwa reste », relate-t-ellle.
Très tôt, elle comprend que cette union ne sera ni heureuse, ni équilibrée, mais enfermée dans une relation de contrôle, elle endure en silence ses nombreux tourments pendant plusieurs années. Deux enfants naîtront de cette union.
Humiliée en public
En 2020, après des années de tensions et de conflits, elle décide de quitter son mari. La rupture est difficile, mais nécessaire. Elle confie : « Mo finn kit li parski mo pa ti kapav suport so konportman plis. Ti enn relasion toksik ek mo anvi protez mo zanfan ».
Ce n’est qu’en 2023 que le véritable choc survient. Sarah est confrontée à la honte de sa vie. La troisième épouse d’Al Madani l’informe que des contenus intimes la concernant circulent sur Internet. Le principal suspect : son ex-mari. « Mo ti gagne enn choc. Mo pa ti kapav croire ki li ti kapav fer sa. Mo ti panse tou sa ti fini », raconte Sarah qui se rend à la police de Vallée-Pitot pour dénoncer son bourreau. Suite à sa plainte, son époux est convoqué au poste de police « Zot fer mo ex mari vini ek lapolis dir zot finn delete tou lor so portable. Mo kapav ale », dit-elle.
Selon elle, ces images ont été prises à son insu lorsqu’elle vivait encore sous le même toit que lui. De plus, ces contenus auraient été utilisés sur une plateforme de rencontres, créant un faux profil à son nom.
L’impact social et émotionnel
Pour Sarah, le coup est rude. Déjà fragilisée par des années de souffrance, elle doit maintenant faire face à la honte, aux jugements et au rejet. Elle confie : « Mo lavi finn boulverse net. Mo prop fami pa pe koz avek mwa, mo zanfan finn bien afekte. Mo santi mwa imilie ».
Aujourd’hui, elle vit dans la peur d’un nouveau choc, d’une nouvelle diffusion, mais elle refuse de se taire. Accompagnée par la police, et soutenue par certaines institutions comme le ministère de la Femme, Sarah a trouvé la force de témoigner. « Gras a lapolis ek bann dimunn ki finn ekout mwa, mo finn gagn kouraz pou debout. Mo remersie ASP Rajesh Moorghen ek inspecter Noordally pou zot soutyen. Si zordi pa ti ena bann polisye onet, zanme mo ti pou gagn lazistis », explique Sarah qui souhaite que son histoire serve d’exemple, et surtout d’avertissement, aux autres femmes.
« Mo ti tro zenn, mo pa ti kone. Si ena bann lezot fam ki parey kouma mwa, viktim santaz ou pornodivulgasion, pa reste silans, vinn delavan ek denons sa bann bouro la, kot lapolis », conclut-elle.
« Mo ti fer li konfians… li finn detrir mwa »
À seulement 24 ans, Vanessa (prénom fictif) vit un véritable cauchemar. Elle a vu sa vie basculer après qu’une série de vidéos et photos intimes, tournées avec son ex-petit ami lorsqu’elle avait 20 ans, ont été diffusées sur l’application Telegram.
À l’époque, elle vivait une relation amoureuse intense. Par jeu et par confiance, elle avait accepté d’être filmée, surtout que son ex lui avait juré qu’il effacerait tout. « Li ti dir mwa : mo pou delete tou sa apre. Mo ti zenn, mo ti amoure… mo pa ti pans li ti pou kapav trahir mwa koumsa », raconte-t-elle.
Deux ans plus tard, tout explose. Son ex-revient, veut se remettre avec elle. Elle dit non, car elle est avec un autre. Vexé, il se venge. « Kan mo dir li non, li finn koumans menas mwa. Apre, mo trouv video ek foto ki mo ti oubliye, largue lor Telegram », dit-elle. Le choc est terrible. Les images circulent. Des inconnus la contactent. Elle perd confiance, s’isole, pleure jour et nuit. Bouleversée, elle avoue : « Mo ti gagn onte pou sorti. Mo mem pa ti kapav gete mo mama dan lizye ».
La jeune femme entame un suivi psychologique pour tenter de remonter la pente. Une plainte a été déposée à la police, mais sans suite. « Mo anvi dir bann tifi : zanme partaz video ou foto intime. Pa kwar kan enn garson dir li pou efase. Ena dimunn kapav vreman danze », conclut-elle.
Meera, trahie par son ex-amant, perd tout… jusqu’à sa dignité
Elle menait une vie simple, stable, et sans histoire, mais en l’espace d’un clin d’œil, Meera a tout perdu : son emploi, la confiance de ses proches, et surtout, sa paix intérieure. En cause ? Des photos intimes et vidéo, partagées sans son consentement par un homme avec qui elle avait entretenu une relation amoureuse.
Tout avait pourtant débuté dans la confiance. Meera travaillait dans une entreprise privée et avait entamé une relation discrète avec un homme marié. Une histoire d’amour clandestine qui, pensait-elle, se vivait dans le respect mutuel. Cependant, lorsqu’elle décide d’y mettre un terme, tout bascule.
Quelques mois plus tard, la quadragénaire commence à recevoir des messages d’amis et de connaissances. Des images d’elle circulent sur les réseaux sociaux, et même via des groupes WhatsApp. Des photos et des vidéos prises à son insu, dans des moments de vulnérabilité. L’humiliation est immédiate. Le choc, brutal.
« Mo santi mo leker kase. Mo pa ti kwar li ti kapav fer sa »
La nouvelle se répand rapidement dans son cercle professionnel. Son employeur la convoque, puis la suspend, invoquant une « atteinte à l’image de l’entreprise ». En quelques jours, Meera passe de salariée respectée à paria. Même sa propre famille lui tourne le dos, croyant qu’elle a délibérément provoqué le scandale. « Personn pa finn ekout mwa. Zot finn jiz mwa san mem kone laverite », indique-t-elle.
Meera dépose une plainte à la police qui a ouvert une enquête. Toutefois, les séquelles psychologiques sont profondes pour la quadragénaire qui lutte contre l’angoisse, la honte, et le regard des autres. Aujourd’hui, elle veut faire entendre sa voix. Pas pour se venger, mais pour prévenir.

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