Le déplacement du président chinois Xi Jinping en Russie pour rencontrer son homologue Vladimir Poutine en mars dernier a donné lieu à des discussions à plusieurs niveaux. Parmi les grandes questions internationales qui ont été abordées figure l’avenir de la suprématie du dollar sur le marché mondial. À ce sujet, Vladimir Poutine a exprimé son soutien à « l’utilisation du yuan chinois pour les paiements entre la Russie et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ».
La démarche de la Russie et de la Chine vise à affaiblir l’influence de la monnaie américaine sur la scène mondiale, commente le Dr Chandan Jankee, GOSK et ambassadeur de Maurice en Russie. Le moment est propice pour cette initiative car les sanctions financières imposées à la Russie l’empêchent de commercer en dollars américains, renchérit Paul Baker, CEO d’International Economics Consulting. « La Russie tente d’apporter son soutien à la Chine dans le cadre de l’alliance politique qui se dessine. » N’empêche, dit-il, « le résultat de cette voie pourrait ne pas durer, en fonction de l’évolution des alliances et des dynamiques politiques ». Les alliances de ce type ont souvent échoué, rappelle Paul Baker.
Toujours est-il qu’à ce stade, dans sa quête pour établir le renminbi comme monnaie d’échange sur les marchés internationaux, la Chine bénéficiera du soutien de la Russie. Toutefois, il faudrait un certain temps pour que cette démarche produise des effets significatifs, souligne Paul Baker. En effet, en 2021, la part de la Russie dans le commerce mondial représentait 1,3 % du total des importations et 2,2 % des exportations mondiales, ce qui est relativement faible. « La part de la Chine est beaucoup plus importante et plus influente, mais elle n’a pas réussi à convertir toutes ses transactions en yuans, ce qui donne une idée de l’impact qu’aurait une initiative russe », explique le CEO d’International Economics Consulting.
Quel impact pour Maurice ? Le Dr Chandan Jankee estime que Maurice ne doit pas rester eurocentrique, mais regarder ses intérêts et voir avec quels pays il peut faire des affaires pour améliorer sa croissance. « Si les transactions entre la Chine et Maurice se font en yuan, ce sera une bonne chose pour notre pays. La Chine est une puissance mondiale », dit-il.
Les importations mauriciennes en provenance de Chine ont coûté Rs 38 milliards en 2021 et Rs 44 milliards en 2022. Maurice a exporté pour un montant de Rs 1,07 milliard en Chine en 2021 et d’environ Rs 684 millions en 2022. Selon un analyste financier, les transactions en yuan entre les deux pays pourraient devenir une réalité dans un avenir proche. Ce qui, dit-il, serait un avantage pour Maurice qui aurait moins de pression pour acheter des dollars. À condition, cependant, d’avoir une bonne rentrée d’autres devises.
Reste la question : une éventuelle montée en puissance du yuan risque-t-elle d’influencer la phase de stabilisation de la roupie ? Paul Baker avance qu’à ce stade, l’impact sera très faible. En revanche, la demande de yuans pourrait légèrement augmenter, réduisant parallèlement celle du dollar. « Il est vrai que le yuan est une monnaie plus gérée que le dollar, de sorte que les fluctuations importantes du marché en défaveur de la roupie ne se produiraient pas dans un environnement aussi libéral. Mais la valeur de la roupie dépend de ses propres fondamentaux économiques, notamment d’une bonne gestion monétaire par la Banque centrale », poursuit Paul Baker.
Même son de cloche du côté du Dr Chandan Jankee. Le taux de change flexible est un facteur non-négligeable dans ce processus de stabilisation de la roupie. C’est la Banque de Maurice, via un minimum d’intervention sur le marché intérieur des changes, qui pourra stabiliser la roupie, selon lui.
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