Travailler de 9 à 16 heures ne fait plus partie de la norme dans certains secteurs. D’où la progression du ‘flexitime’ non seulement dans le secteur privé, mais également dans la Fonction publique.
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«Une île Maurice moderne ne peut plus se permettre d’arrêter ses activités à 16 heures », explique Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions (FPBOU). Le syndicaliste fait partie de ceux qui estiment qu’il faut abandonner le vieux concept de 9/16h pour le ‘flexitime’. « Le pays est aujourd’hui davantage tourné vers le secteur de services tels les centres d’appels, les finances internationales etc. D’autre part, avec Internet où le monde entier est accessible en un clic, le travail se doit de s’adapter avec les horaires au niveau international », renchérit Catherine Gris, Executive Officer de l’Association of Mauritian Manufacturers.
Le monde connait en effet une profonde mutation, souligne, pour sa part, Dan Maraye, observateur économique et ancien gouverneur de la Banque de Maurice. « Nous ne pouvons vivre comme par le passé et fonctionner de 9 à 16 heures », dit-il. Dans certains secteurs d’activité, ajoute notre interlocuteur, il y a déjà une sorte de flexitime avec le shift system. Il faut savoir que le flexitime, autrement dit un aménagement du temps de travail, n’enlève pas d’heures de travail, mais permet de mieux se répartir ses tâches.
Heure d’été
Toutefois, estime Dan Maraye, il faut trouver un juste milieu entre le travail et la vie sociale. « Les parents devraient avoir amplement de temps pour s’occuper de leurs enfants et de leur vie sociale. » Si le flexitime fait partie du quotidien de nombreux employés dans le secteur privé, il a été adopté par plusieurs ministères depuis 2008. Pour Deepak Benydin, ce concept peut aussi être étendu à plusieurs corps paraétatiques. « Si ces organismes appliquent un horaire de travail flexible, ce sera à l’avantage de la population. »
Il cite, en exemple, les universités ou encore le Mauritius Institute Training Development, qui pourraient assurer des cours de formation à des heures plus flexibles ; les centres communautaires pour permettre plus de loisirs à la communauté et la Tourism Authority pour un meilleur service aux touristes. Quant au président du Mauritius Labour Congress, Haniff Peerun, il se dit plus en faveur de l’introduction de l’heure d’été couplée avec le flexitime. « À un moment où l’on parle beaucoup d’énergie durable, il faut profiter au maximum du soleil », fait-il comprendre.
Il trouve qu’avec l’introduction de l’heure d’été, le travail commencera au moins une heure plus tôt et les gens pourront profiter de leur temps libre les après-midi pour s’adonner à des activités sportives et autres loisirs.
Les avantages des horaires flexibles
Le flexitime comporte plusieurs avantages tant pour l’entreprise que pour les employés, indique Deepak Benydin. Il est, en effet, vu comme un moyen pour permettre aux salariés d’allier travail et vie familiale. Avec des heures plus flexibles, les Mauriciens pourront mieux s’adonner à leurs activités sociales et familiales. Deepak Benydin explique aussi qu’avec le flexitime, les parents auront plus de temps de s’occuper de leurs enfants et aussi de s’adonner à une activité physique pour combattre les maladies non transmissibles, comme le diabète et l’hypertension, entre autres. Certains salariés, ajoute notre interlocuteur, pourront également en profiter pour aller suivre des cours à l’université. Quant à Haniff Peerun, il estime qu’un système de flexitime bien rodé réduira grandement les embouteillages aux heures de pointe. « Les employés auront moins de stress sur leur trajet, car ils ne seront pas en retard au travail et rentreront plus tôt chez eux », soutient-il.
Introduit dans la Fonction publique en 2008
C’est en 2008 que le gouvernement a introduit le flexitime, sur une base pilote, dans plusieurs gros ministères dont celui de la Fonction publique, de l’Éducation, de la Santé ou encore de la Sécurité sociale. Trois shifts sont proposés aux employés, soit de 8 à 15 heures ; 9 à 16 heures et 10 à 17 heures. Le flexitime sera étendu graduellement à d’autres ministères.
Une étude recommandée
Haniff Peerun déplore qu’à ce jour aucune étude n’a été faite sur les retombées du flexitime, tant dans la Fonction publique que sur les services à la population. Il regrette aussi qu’on n’a pas encore trouvé une formule acceptable dans la Fonction publique. Faute de consensus sur la question, il se plaint qu’on réduit les heures de retard accumulées par les fonctionnaires dans leurs local leaves. Il estime que cette pratique va à l’encontre même de la philosophie derrière l’octroi de ces congés. C’est-à-dire l’utilisation pour des besoins personnels. Il souhaite l’institution d’un comité constitué des responsables de la Fonction publique et des représentants syndicaux, pour discuter de l’introduction du flexitime dans ce secteur. Quant à Deepak Benydin, il regrette que faute de « supervisory staff » pour travailler après les heures normales de bureau, les employés qui arrivent en retard au travail, principalement à cause des embouteillages, souffrent des déductions dans leurs local leaves.
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