Face aux principales monnaies mondiales, la roupie a enchaîné avec une seconde journée à la baisse. Le Fonds Monétaire International explique pourquoi la Banque de Maurice devrait changer d’approche. Pour une économie importatrice de nourriture, de produits pétroliers et d’équipements, l’inflation guette.
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À un taux de Rs 42,99 pour acheter un dollar, la monnaie locale est passée à un nouveau niveau historique le plus bas. Cette dépréciation est de quelque 15 sous par rapport à la séance du lundi. Elle s’ajoute au recul de Rs 1,34 enregistré entre lundi et vendredi. Le point de départ à cet affaiblissement de la roupie est l’intervention de la Banque de Maurice, mettant en vente 25 millions de dollars à un taux moyen de Rs 42,50/dollar en début de semaine.
Ce nouveau taux record est une mauvaise nouvelle pour Maurice. Parce que nous produisons moins que nous n’en consommons, notre facture à l’importation demeure élevée. Au premier trimestre de 2021, elle a été de Rs 44,4 milliards. Toute appréciation du dollar signifie que les factures seront plus élevées car 68,1% sont libellées en billet vert. Et tout gain entraîne un réajustement à la hausse dans les autres monnaies, dont l’euro, devise utilisée pour payer 23% de nos factures au premier quart de cette année-ci.
Qui dit importations plus coûteuses, dit inflation qui s’accélère. L’indice des prix à la consommation, est passé à 2,4% en mai dernier, le niveau le plus élevé depuis décembre. Est-ce que l’inflation sera sur une brusque courbe ascendante dans les jours et semaines à venir ? Dans un entretien téléphonique dans la journée du mardi 29 juin, l’économiste Bhavish Jugurnath tempère. On devrait ressentir les effets au bout de six mois, au minimum.
« Quand le dollar s’apprécie, les importations sont impactées. Or, des importateurs disposent déjà d’un stock de sécurité. Les prix ne devraient pas augmenter dans l’immédiat. Sur les prochaines cargaisons, ils seront plus élevés. Car ces commandes, nous les passerons maintenant au taux du jour. Sachez que pour constater cette inflation, il faudrait une hausse massive de prix, de manière générale », a-t-il expliqué. « Cependant, le secteur informel pourrait revoir le prix immédiatement. Or, si nous suivons la logique des choses, on ne devrait pas en ressentir les effets d’ici six mois ».
Si l’intervention de la Banque de Maurice sur le marché des devises à un taux de Rs 42,50 pour un dollar pourrait surprendre, les commentaires du Fonds monétaire international sur ces transactions apportent un nouvel éclairage. Dans son rapport complet sur l’économie mauricienne publié en début de semaine, les analystes avancent une rigidité dans le marché.
« Après avoir permis une dépréciation initiale de la roupie en 2020, la Banque de Maurice a limité de manière substantielle la flexibilité du taux de change en intervenant sur le marché pour compenser la pénurie conséquente de devises causée d’abord par l’arrêt dans l’industrie du tourisme », a fait ressortir le FMI. « En termes réels, la roupie a reculé de 8% en 2020 par rapport à 2019. Cependant, après la dépréciation au premier trimestre de 2020 relative au dollar, le taux de change est resté à quelque Rs 40 par la suite. »
Et de préciser : « Alors que la présente stratégie d’intervention a donné au marché une liquidité tant attendue en devises, sa rigidité comporte des risques à l’avenir. »
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