La sauvegarde des droits acquis sous la Workers' Rights Act, l’introduction d’un salaire décent, une Ombudsperson for Public Services et une refonte du comité disciplinaire. Autant de mesures que la classe syndicale attend du nouveau gouvernement. Radhakrishna Sadien et Clency Bibi nous en parlent.
Radhakrishna Sadien : «Une Ombudsperson pour la Fonction publique»
Le président de la State & Other Employees Federation, Radhakrishna Sadien, avance que le prochain gouvernement doit pouvoir protéger les acquis que les travailleurs ont bénéficiés sous l’ancien régime et aussi prendre des mesures pour améliorer davantage les conditions de vie de ces derniers.
Il estime que l’une des priorités du prochain gouvernement est d’introduire le salaire décent. « Certes, le salaire minimum a grandement soulagé la vie des petits salariés, mais force est de constater qu’ils ne peuvent mener une vie décente, car une grosse partie de leurs revenus est engloutie dans l’achat de nourritures, de paiement de factures et d'autres dépenses familiales. Comme Maurice aspire à devenir une économie à hauts revenus, il est impératif que les travailleurs aient des salaires leur permettant, non seulement de couvrir leurs dépenses familiales, mais aussi de pouvoir économiser et s’adonner à des activités sociales. »
Toutefois, le dirigeant syndical se montre réaliste. Il reconnaît que l’introduction d’un salaire décent doit se faire par étapes et en concertation avec toutes les parties concernées, soit le gouvernement, le patronat et la classe syndicale. « Il nous faudra trouver une formule dans le consensus afin de ne pas pénaliser les petites et moyennes entreprises, le secteur manufacturier et celui de l’exportation pour prévenir des licenciements », poursuit-il.
Ombudsperson for Public Services
L’autre priorité de Radhakrishna Sadien est l’introduction d’un Public Service Bill pour qu’il y ait une ligne de démarcation entre les pouvoirs des ministres et ceux des hauts fonctionnaires. « Une telle législation est nécessaire, car certains hauts fonctionnaires se montrent complaisants envers les ministres et les nominés politiques. Ce qui répercute négativement sur leurs subalternes », fait-il comprendre.
Parallèlement, il insiste sur la mise sur pied d’une « Ombudsperson for Public Services » vers laquelle les fonctionnaires pourront porter plainte s’ils se sentent persécutés par des politiciens dans le cadre de leurs fonctions.
Toujours en ce qui concerne la Fonction publique, le président syndical propose que les postes de secrétaire de Cabinet et chef de la Fonction publique ne soient pas occupés par une seule personne comme c’est le cas actuellement. Il estime que les responsabilités d’un secrétaire sont immenses, de ce fait la personne dispose de très peu de temps pour s’occuper de la Fonction publique. D’où sa demande pour qu’il y ait une personne pour s’occuper pleinement des affaires du service civil.
Contre tout risque de licenciement
Pour protéger les hauts fonctionnaires contre tout risque de licenciement après la prise de pouvoir d’un nouveau gouvernement, Radhakrishna Sadien réclame l’abrogation de la clause 113 de la Constitution. Il explique que, depuis que cette clause a été amendée dans les années 80, les hauts fonctionnaires vivent avec une épée de Damoclès sur la tête après chaque élection générale.
Parmi les autres demandes, on retrouve la refonte en profondeur de la Public Service Commission (PSC) pour qu’il y ait plus de transparence au niveau des recrutements. Dans le sillage de cette refonte, il souhaite que cet organisme mette fin à la politique de délégation de pouvoirs aux ministères pour des recrutements. Il se prononce aussi pour la mise sur pied d’un ministère du Plan et du Développement économique et pour une meilleure politique de formation au sein de la Fonction publique.
Clency Bibi : «Une instance indépendante pour traiter les actions disciplinaires»
Le président de la General Workers Federation (GWF), Clency Bibi, lance un appel pour que les acquis des travailleurs obtenus sous la Workers' Rights Act soient préservés. Il cite notamment le Redundancy Board pour traiter les cas de fermeture et de licenciements massifs dans le secteur privé aussi bien que le Portable Retirement Gratuity Fund.
Toutefois, il estime que certaines clauses de la nouvelle législation doivent être revues, dont celles portant sur le comité disciplinaire. Cela dit, il trouve aberrant que ce soit le patronat qui choisisse la personne qui doit présider cette instance disciplinaire. D’où son appel au nouveau gouvernement pour la mise en place d’une instance indépendante pour s’occuper de la question. Qu’elle soit au même titre que le National Remuneration Board et qu’elle soit constituée d’un président et des représentants du patronat et des travailleurs nommés par le ministre du Travail.
Une ébauche du budget
Clency Bibi insiste pour que la loi du travail soit amendée afin que le dimanche soit de nouveau reconnu comme un jour férié et que ceux qui travaillent ce jour-là bénéficient de nouveau de trois jours de salaires, représentant le double du jour férié en sus de la journée normale de travail. Il regrette que les salariés ne bénéficient que le double du salaire seulement.Concernant les promesses mirobolantes des partis politiques pour attirer les votes de l’électorat, Clency Bibi attire l’attention sur le fait que les politiciens ne disent pas clairement où ils vont puiser leurs financements pour les honorer. Il craint fort que ce soient finalement les travailleurs qui en feront les frais à travers l’imposition des taxes directes et indirectes.
D’où sa proposition pour qu’à l’avenir les éventuels ministres des Finances présentent une ébauche de leur budget dans leurs manifestes électorauxs de leurs partis respectifs, tout en indiquant comment ils vont financer leurs différentes promesses électorales. « Cela permettra aux électeurs de voter pour le gouvernement de leur choix aux élections générales en se basant, non seulement sur les programmes électoraux des différents partis politiques, mais aussi sur l’ébauche de leurs budgets respectifs. » Les propositions sont, entre autres : le réajustement salarial après l’introduction du salaire minimum, le renforcement du NRB, la négociation collective pour le rapport du PRB.
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