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Le calvaire d'une Croate à Maurice : un mariage, un enterrement et une expulsion

Salim et Snjezana Le Mauricien et la Croate filaient le parfait amour.
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Après l’affaire de la veuve Léa Ratna, c’est au tour d’une Croatie, mariée à un Mauricien qui est décédé, à faire l’objet d’une expulsion par le bureau de l'Immigration.

Un malheur ne vient jamais seul. Après avoir perdu son époux mauricien, une Croate a reçu une lettre d’expulsion du Passport & Immigration Office (PIO). Le 27 septembre 2017, Snjezana, la quarantaine, 40 ans, s’est mariée civilement et religieusement à un bijoutier mauricien, Salim Soormally, un Portlouisien de 40 ans. Le 1er mars 2019, l'homme est décédé d’un infarctus, laissant derrière lui une veuve, un parent âgé et une sœur

Le couple vivait heureux et avait plein de projets. Snjezana Soormally, d’origine croate, ne se remet toujours pas de ce coup de massue. Elle sombre dans la dépression. Alors qu’elle peine à faire son deuil, le 23 mai 2019, elle reçoit un second choc. Le PIO l’informe qu’elle a perdu son statut de résident et qu’elle ne pourra ni vivre ni travailler à Maurice sans un Residence Permit ou un permis de travail après le 1er septembre 2019. En d’autres mots et à partir de cette date, Snjezana Soormally ne sera plus reconnue légalement par l’État et devrait quitter le pays.

Pour la veuve de Salim et ses proches, cette lettre vient augmenter la détresse de la famille. Le père du défunt, Mahmood, confie : « Nous avons perdu notre fils unique mais nous avons trouvé une fille en Snejezana. Elle a tout laissé en Suisse par amour pour épouser Salim. Elle n’a ni famille ni maison là-bas. Ils s’aimaient depuis des années mais ils ont pris du temps pour préparer leur mariage. Ce n’est pas de sa faute si son époux est décédé. Pourquoi la renvoyer dans son pays ? »

Rencontre en 2015

Salim et Snjezana
Salim et Snjezana, au temps des jours heureux...

Snjezana revient sur sa première rencontre avec Salim en octobre 2015 à Maurice « C’était à Trou-aux Biches, nous nous sommes aimés et nos fiançailles ont eu lieu en mars 2016. Entre-temps, je suis venue une dizaine de fois jusqu’à mars 2018, pour le voir et préparer notre mariage d’amour. Nous avons tout fait dans la légalité. Il voulait ouvrir une bijouterie, il l’a fait à Trou-aux-Biches. Salim et moi, nous avions plein d’autres projets. He is and will always be my soulmate. At least, let me die on the soil of my beloved husband ! »

Snjezana a déjà fait une demande auprès des services de l’Immigration de Maurice et du bureau du Premier ministre pour un droit de résidente en tant que veuve d’un citoyen mauricien.

Dans sa demande, elle explique qu’elle est originaire de Croatie mais qu’elle s’était installée en Suisse avant qu’elle ne démissionne de son emploi pour épouser Salim Soormally et vivre à Maurice. Elle explique aussi qu’elle a déjà fait une demande pour bénéficier d’un Vested Benefit qui représente un Early Retirement versé mensuellement sur son compte, et qu’elle n’a aucune intention de demander une pension de veuve a l’État mauricien. « I can live with this money in Mauritius until the official retirement comes at the age of 65. So I have my monthly revenue to live on and I am not dependent on anyone during my stay here. I wish to have an appointment with the Prime Minister Pravind Jugnauth. He is someone with lot of kindness and he can listen to me. »

Snjezana ne s’est jamais remise de la mort de Salim. Ses beaux-parents expliquent qu’elle pleure du matin au soir, qu’elle a sombré dans la dépression et même songé au pire…

« Elle est suivie par un médecin privé qui la traite à l’aide d’antidépresseurs. Elle continue de veiller sur nous. Nous en faisons de même. Snjezana est très gentille. Nous lançons un appel au PM afin de lui permettre de rester à Maurice, comme il a fait pour Léa Ratna, sur une base humanitaire », soutient un des beaux-parents.

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Extrait de la lettre du PIO adressée à Snjezana.

Loi scélérate

Snjezana Soormally a retenu les services de Me Erickson Mooneapillay, directeur de DIS MOI (Maurice). Ce dernier nous explique que la section 6.2 l’immigration Act est synonyme « d’une loi scélérate » . La section 6.2 est comme suit « his status resident under section 5(1) (C) he shall cease to be resident 6 months after the termination of the marriage to the citizen. »

Dans le cas de la veuve de Salim Soormally , c’est la mort qui les a séparés et il n’y a pas eu de rupture de mariage. C’est similaire au cas de la veuve Léa Ratna, d’origine malgache, où le Premier ministre a dû intervenir pour rétablir le faits.  Léa Ratna avait reçu une même lettre, le 14 mai 2019, signée par un sergent du Passport & Immigration Office’. C’est le même sergent qui a signé la lettre de la veuve Snjezana Soormally le 23 mai 2019 Me Erickson Mooneapillay a aussi déclaré : « Nous comptons entamer une ‘judicial challenge’ de cette loi puisqu’elle met en péril les bases même des droits fondamentaux du citoyen et de son epoux (se). »

 

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