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La «buffer zone» autour de l’Appravasi Ghat au centre des préoccupations

Appravasi Ghat

La société chinoise propriétaire de bâtiments à China Town et maintenant la Chinese Business Chamber sont du même avis : la zone-tampon autour de l’Appravasi Ghat, décrété patrimoine mondial de l’Unesco en 2006, asphyxie la capitale, notamment China Town.

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Lors du President Dinner de la Chinese Business Chamber (CBC), qui s’est tenu le jeudi 5 Septembre, Antoine Kon- Kam King, président de l’association, a lancé un appel pressant au Premier ministre Pravind Jugnauth. Il souhaite que le PMO revoie les réglementations de cette buffer zone. Selon lui, cette zone-tampon empêche le développement et la rénovation des bâtiments de China Town. Le constat est clair : la majorité des bâtiments qui ne peuvent être rénovés sont simplement transformés en parking. « Si le problème persiste, Port-Louis souffrira d’une mort lente, sans la moindre chance de guérison, en particulier China Town », explique Antoine Kon-Kam King. Les propriétaires de magasins et de bâtiments à China Town font le même constat. 

La zone-tampon pose également problème au gouvernement. Plusieurs projets ont dû être stoppés, alors qu’on y retrouve trois projets majeurs : l’Urban Terminal de la Place de l’Immigration, le musée de l’esclavage dans l’ancien hôpital militaire et la rénovation de la section boucherie du marché de Port-Louis.

Le président du Port Louis Development Initiative (PLDI), qui a mis en place un projet de régénération urbaine de la capitale, explique que ce n’est pas la zone-tampon en elle-même qui est le problème, mais plutôt l’application trop rigide des réglementations par les autorités locales. Gaetan Siew évoque les propos d’Audrey Azoulay, directrice de l’Unesco, suite à l’incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris. « Les responsables de l’Unesco ont rappelé que la valeur universelle du site doit être protégée et la doctrine de l’organisation est de respecter l’intégrité et l’authenticité du patrimoine. Toutefois, ce respect ne signifie pas que l’ensemble de l’édifice doive rester figé. Les textes de référence de l’Unesco reconnaissent le droit à chaque génération de participer à l’édification du patrimoine de l’Humanité en s’adaptant au processus naturel et historique de changement et de transformation », explique l’architecte. « Il faut savoir que l’Unesco n’aide que les gouvernements financièrement et uniquement pour des études. Elle n’aide pas les propriétaires des bâtiments classés », ajoute Gaetan Siew.

Il explique que les Mauriciens ne visitent pas le site. « Au rythme actuel, il faudrait plus de 25 ans pour que toute la population connaisse l’Appravasi Ghat. En 2018, il y a eu 50 000 visiteurs, dont 30 000 écoliers, 17 500 adultes et 2 500 touristes. Les Mauriciens et touristes se rendent au Casela (600 000 visites par an), à Bagatelle (685 000 visites par an) ou au jardin de Pamplemousses (300 000 visites par an). 13 ans après, il faut maintenant se demander si le site est une bénédiction ou plutôt un fardeau », selon le président du PLDI.

Il y a 271 propriétés dans la zone-tampon, parmi lesquelles 134 ont été classées et seules une dizaine ont été rénovées, tandis qu’une vingtaine d’entre elles préfèrent rester fermées et inoccupées. 51 % des bâtiments de la zone ne participent pas au cadre de protection du site de l’Appravasi Ghat.

Où en sont les choses ? Nous avons contacté les diverses autorités concernées, qui nous ont référé au ministère des Arts et de la Culture. Le ministre Pradeep Roopun est resté injoignable. Toutefois, au ministère, on nous explique que c’est un dossier complexe et sensible. Le gouvernement doit respecter les règles pour garder le statut du patrimoine.

 

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