Economie

Khalil Elahee: «Changer de mentalité pour l’économie verte»

Khalil Elahee, professeur associé à l’Université de Maurice et président de l’Energy Efficiency Committee
«C’est de la folie de faire de Maurice un autre Dubayy ou un autre Singapour ! » Cette affirmation de Khalil Elahee, professeur associé à l’Université de Maurice et président de l’Energy Efficiency Committee résume l’opposition exprimée par les intervenants du JCI Business Forum organisé récemment à l’Alliance Française et dont le thème était consacré à la pertinence d’investir dans l’économie verte. Le modèle économique capitaliste et ultralibéral est contraire aux valeurs humaines. Il met en danger le développement durable et l’environnement dans son ensemble, assure-t-il. « Il manque une vision d’ensemble sur des projets, tels que le Petroleum Hub, l’exploitation de notre zone exclusive marine, entre autres…L’aspect philosophique de la question : ‘pourquoi doit-on investir dans l’économie verte’, c’est de donner du sens à notre vie, à notre avenir. Il ne faut pas tomber dans le piège de faire de l’air et de l’eau des marchandises à commercialiser ou d’exploiter le changement climatique à des fins commerciales », soutient Khalil Elahee.

Politique agricole

Il rappelle que chaque hausse d’un degré de température entraine une hausse de 20 à 30% de la consommation de boissons gazeuses. L’universitaire estime que l’économie doit devenir un instrument pour soutenir le développement durable. Il constate que, depuis quelques années, la société civile a changé et comprend mieux les enjeux d’un modèle économique durable. De son côté, chiffres à l’appui, Faizal Jeeroburkhan, consultant pédagogie et fondateur de l’Association for the Promotion of Environmental Education, explique que beaucoup de terres agricoles ont été abandonnées au profit de l’immobilier. « Nous avons abandonné 19 000 hectares de terre sous culture de la canne. Les meilleures terres agricoles de Maurice situées à Bagatelle et à Ébène ont été sacrifiées. Il nous faut concevoir une politique agricole avec de nouvelles législations et incitations. Il ne faut pas installer des smart cities sur les terres fertiles », plaide-t-il. « Il faut également un changement de mentalité, à commencer par chaque citoyen », renchérit Thierry Lebreton, consultant en responsabilité sociale et environnementale. « Il faut susciter l'activisme des actionnaires afin qu’il y ait des investissements éthiques. Il ne faut pas se contenter d’utiliser les énergies renouvelables, mais aller plus loin… », ajoute-t-il. Il faut encourager le Carbon Disclosure Project pour demander aux grandes entreprises de mesurer et de divulguer leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs politiques vertes. Thierry Lebreton souligne aussi l’initiative, quoique tardive, d’entreprises mauriciennes à adhérer à l’indice de durabilité, comme c’est le cas pour le Dow Jones Sustainability Index et l’indice Domini 400 Social Index aux États-Unis.
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