Kevin Bonfield, un Britannique qui est pilote pour Air Mauritius, réside à Maurice depuis trois ans et demi. En congé forcé depuis trois mois, cet habitant de Tamarin de 56 ans s’est lancé le défi de faire le tour de l’île Maurice en kayak. Reportage.
« Le voyage m’a fait réaliser que nous devons faire plus pour protéger la nature et la planète »
C’est à bord de son kayak mesurant 5 mètres de long et 56 cm de large que Kevin Bonfield a fait le tour de Maurice en six jours... Le Britannique revient sur son aventure, qui n’a pas été une partie de plaisir.
Kevin Bonfield a retrouvé Tamarin le lundi 18 janvier, après six jours en mer. Parti le 12 janvier, il a donc fait le tour de Maurice à la seule force de ses muscles. Malgré la fatigue, il est revenu le cœur comblé de satisfaction.
Ce passionné de kayak, qui compte plus de six ans d’expérience, n’est pas un inconnu de telles expéditions. Il a découvert le kayak en Grèce durant ses vacances à Kefalonia en 2015, et il a eu la possibilité d’explorer les îles grecques Milos, Kimolos et Poliegos.
L’idée de faire le tour de Maurice en kayak a germé alors qu’il était en quarantaine après un vol à l’étranger. « L’isolement m’a donné envie de liberté et d’aventure. Étant pilote chez Air Mauritius en congé non rémunéré de trois mois en raison de la Covid-19, je ne peux pas me rendre en Europe pour faire du ski ou du kayak. De ce fait, le tour de l’île Maurice m’a semblé un bon défi à relever, surtout que je n’aurai peut-être pas une autre occasion », confie-t-il.
Et d’ajouter qu’il y pensait depuis plusieurs mois. Il a même consacré plusieurs jours à la préparation de son itinéraire. « J’ai fait des recherches sur des emplacements de camping et d’atterrissage à l’aide de Google Maps. J’ai visité Gris-Gris pour voir à quel point la mer était mauvaise. J’ai étudié les courants et les marées à l’aide d’applications sur mon téléphone. J’avais déjà l’équipement de kayak nécessaire. Le point critique était le temps, car le kayak est fortement affecté par quelque chose de plus que des vents modérés. J’ai dû chronométrer mon voyage entre les cyclones. »
C’est ainsi que le mardi 12 janvier, il troque son uniforme de pilote contre la tenue appropriée pour prendre le large à bord de son kayak. Il était équipé de son équipement de camping, d’une provision de nourriture pour au moins quatre jours, de sa trousse de première nécessité et d’une tente sous laquelle dormir tous les soirs.
Un itinéraire parsemé d’embûches
De Tamarin, il est passé par Baie-du-Cap, Souillac, Pointe-d’Esny, ensuite Trou-d’eau-Douce, Calodyne et Pointe-aux-Sables. Il laisse entendre que tout s’est passé comme prévu, bien que son kayak ait chaviré à plusieurs reprises.
Il a toutefois réussi à le remettre en position quasiment tout de suite à chaque fois. Sauf le deuxième jour, quand il était à 5 km à l’est de Souillac. La tâche était compliquée à cause des vents et de la mer démontée.
« Mon kayak s’était renversé sur des rochers glissants. J’ai dû m’arrêter sur un site imprévu et attendre que la mer se calme en fin de matinée, afin de pouvoir repartir. Cependant, tous les autres jours, j’ai fait mieux que mon objectif. Car selon mes calculs, si je ramais six heures par jour, je devais finir le tour en huit ou neuf jours. »
Toutefois, il ne cache pas les difficultés qu’il a rencontrées durant son trajet sur la côte sud. Entre les vagues, le vent et le manque d’emplacement adéquat pour se poser la nuit, il était même découragé par moments et remettait en question son choix de poursuivre.
« La côte sud était difficile parce qu’il y a peu de lieux de débarquement. J’ai passé beaucoup de temps à l’extérieur du récif exposé au vent et aux vagues. Il y avait un tronçon difficile de Poste-Lafayette à l’île Ambre également. Après le troisième jour, je me suis arrêté chez un ami. Dormir dans un lit m’a permis de réfléchir. Mais je me suis dit que plus j’avancerais à une vitesse accélérée, moins de temps, je passerais sous la tente », explique-t-il.
Par ailleurs, ce qui lui a permis de poursuivre son parcours et de rester motivé, c’était le soutien de sa famille et de ses proches avec qui il était en contact constant grâce à son téléphone.
« J’avais mon téléphone que j’alimentais grâce à un panneau solaire et une banque d’énergie. Nous communiquions à travers WhatsApp. Je les informais de mon plan chaque jour en mettant à jour mon statut par messages, que ce soit sur l’eau ou hors de l’eau. »
Pour se ravitailler, le pilote faisait cuire lui-même des pâtes qu’il avait apportées. Il carburait au sucre, soit en buvant du sirop pour tenir. Puis, il y avait d’autres jours quand il était beaucoup plus chanceux, notamment lorsqu’il rencontrait des gens dans des endroits reculés.
« Les moments précieux ont été de rencontrer des gens chaleureux, surtout dans les endroits retirés. Un groupe de randonneurs m’a donné de l’eau froide à Savinia Beach. Pour moi, cette eau était comme du nectar. J’ai même eu droit à du curry à une fête d’anniversaire sur l’îlot Bernache. En sus, j’ai rencontré beaucoup de pêcheurs avec qui j’ai partagé de très agréables discussions », raconte-t-il.
Pendant six jours, il a vu défiler sous ses yeux l’île dans son état sauvage et rustique, avec des vues imprenables, panoramiques. « La côte sud de Gris-Gris à Le Bouchon est absolument époustouflante avec ses cascades, ses falaises, ses vagues fracassantes, ses plages sauvages et ses collines bordées d’arbres. Il est difficile de choisir une plage préférée, car il y a tellement d’exemples merveilleux. Ce fut une grande expérience et je suis heureux d’avoir atteint mon objectif. J’ai été attristé par des déchets sur une plage isolée qu’une tortue de mer avait traversée pour faire son nid. Le voyage m’a fait réaliser que nous devons faire plus pour protéger la nature et la planète », dit-il.
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