L'espoir de retrouver des survivants s'amenuisait mercredi à Gênes, dans le nord de l'Italie, où deux jours de deuil ont été déclarés après l'effondrement d'un pont autoroutier qui a fait au moins 39 morts et poussé le gouvernement à menacer la société autoroutière.
Mercredi après-midi, le bilan de la protection civile s'élevait à 39 morts confirmés et 15 blessés, dont une douzaine dans un état grave, ainsi que plusieurs disparus.
Trois enfants âgés de 8 à 13 ans figurent parmi les victimes. Il y a également quatre Français, ainsi que trois Chiliens qui résidaient en Italie, selon les services diplomatiques des deux pays concernés.
La ville de Gênes a décrété deux jours de deuil, et selon la presse, le gouvernement doit décréter un deuil national, probablement le jour où des funérailles solennelles seront organisées pour les victimes.
D'abord sous la pluie, puis de nuit et désormais sous le soleil, les sauveteurs luttaient sans relâche pour tenter de trouver des survivants sous les débris, tout en faisant attention aux risques d'effondrements supplémentaires.
Selon la protection civile, environ 35 voitures et plusieurs camions ont été précipités dans le vide d'une hauteur de 45 mètres dans l'effondrement soudain et encore inexpliqué d'une portion de plus de 200 mètres de cet ouvrage massif en béton des années 1960, appelé pont Morandi du nom de son concepteur.
Dès ses premières décennies d'existence, l'ouvrage avait fait l'objet de travaux de maintenance importants liés en particulier à la dégradation du béton, accentué par les vibrations du trafic.
Francesco Bucchieri, 62 ans, observait mercredi le désastre, incrédule. "Il y a eu des négligences. Ils ont sous-évalué le danger, ces morts étaient annoncées. Il faut trouver les coupables. C'est un scandale!".
"Il ne s'agit pas d'une fatalité", a martelé le procureur de Gênes, Francesco Cozzi, venu sur les lieux, alors que l'enquête vient seulement de débuter.
La société autoroutière visée
Le nouveau gouvernement populiste italien est reparti à l'attaque mercredi en pointant du doigt la société gérant l'autoroute, Autostrade per l'Italia, une société du groupe Atlantia, lui-même contrôlé à 30% par la famille Benetton.
Le ministre des Infrastructures et des Transports, Danilo Toninelli, a appelé ses dirigeants à démissionner et a annoncé avoir lancé une procédure en vue d'une éventuelle révocation de toutes les concessions de cette société qui gère près de la moitié des 6.000 km d'autoroute du pays.
Pour Luigi Di Maio, vice-Premier ministre et chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste), le pont s'est écroulé "parce que la maintenance n'a pas été faite".
"Pendant des années on a dit que faire gérer les autoroutes par des privés était mieux que par l'Etat. Maintenant on a l'un des plus grands concessionnaires européens qui nous dit que ce pont était en sécurité", a dénoncé M. Di Maio, qui s'est rendu sur les lieux à la mi-journée.
"La révocation des concessions est un minimum", a pour sa part lancé Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite) et lui aussi vice-Premier ministre, attendu à Gênes dans l'après-midi.
Selon la société italienne des autoroutes, "des travaux de consolidation étaient en cours sur la base du viaduc", qui faisait l'objet "d'activités constantes d'observation et de vigilance".
Mardi soir, le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a annoncé un plan extraordinaire de contrôle des infrastructures.
L'autoroute A10, dite "autoroute des fleurs", relie Gênes à Vintimille, à la frontière française. En raison du relief très accidenté de la région, entre mer et montagne, son parcours est jalonné de longs viaducs et de tunnels.
«C'est difficile»
Mercredi, des équipes de pompiers - 400 ont pris part aux opérations depuis hier - s'affairent toujours dans les décombres, avec l'aide de chiens et de pelleteuses.
"C'est une phase difficile pour tous parce que nous sommes arrivés à un nombre de victimes très élevé (...). Il reste évidemment l'espoir pour les secouristes de retrouver quelques survivants mais plus le temps passe, plus c'est difficile", a déclaré à l'AFP Riccardo Sciuto, commandant des carabiniers de la Province de Gênes.
Le drame s'est déroulé mardi en toute fin de matinée, sous une pluie battante, dans un énorme grondement qui avait fait craindre aux riverains un tremblement de terre.
Plus de 630 d'entre eux ont été évacués en raison des risques d'effondrement sur leurs habitations. Selon plusieurs responsables locaux, ce qui reste du pont devra être détruit et les immeubles en contrebas sont condamnés.
Une partie du viaduc restait suspendue mercredi sur plusieurs dizaines de mètres au-dessus d'imposants immeubles d'habitation roses et jaunes du quartier de Sampierdarena. Leurs habitants, malgré leurs protestations, ont été évacués mardi, de peur que ce morceau du pont Morandi ne cède lui aussi.
Le pape François a évoqué la "tragédie" et exprimé son soutien aux victimes, devant des milliers de fidèles réunis sur la place Saint-Pierre à Rome à l'occasion de la fête catholique de l'Assomption.
Avec l'AFP
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