Des rues entières, dont à Port-Louis, se sont retrouvées sous les eaux à la suite des pluies torrentielles. En attendant des solutions à long terme, dont une planification urbaine digne de ce nom, existe-t-il des solutions à court terme ?
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Le sujet est particulièrement complexe. À chaque forte pluie, ce sont des quartiers et des rues entiers qui sont inondés, plongeant leurs habitants dans le désarroi. En attendant des solutions qui prendront des années à voir le jour, existe-t-il des remèdes qui pourront, si ce n’est résoudre totalement le problème, au moins atténuer les risques d’inondations ?
Pour l’urbaniste Dr Zaheer Allam, « il n’existe pas de solution magique ». Car construire des drains prend du temps et on ne sait pas quand et quel volume de pluie tombera. Mais déjà, que ce soit au niveau du gouvernement ou de la population, il faut une prise de conscience. « Il faut arrêter de boucher des drains et de jeter des ordures n’importe où pour éviter qu’elles viennent ensuite obstruer le passage de l’eau. »
Et d’ajouter que « il faut une conscience collective. Dans des pays comme Singapour, on ne voit pas les gens jeter leurs détritus sur les routes et ailleurs, car ils sont sensibles à leur environnement. Maurice est un joli pays et on doit apprendre à mieux l’entretenir ».
L’architecte-urbaniste Sandeep Sewpal se demande, lui, si tout est vraiment mis en œuvre pour s’armer contre l’urgence climatique. « Est-ce que les bonnes mesures de contrôle des inondations sont appliquées ? Des mesures appropriées auraient pu être introduites pour un meilleur système d’alerte et apporter des modifications aux maisons et commerces pour les aider à mieux résister aux inondations. On aurait aussi pu accorder plus de financement aux défenses contre les inondations, mieux protéger les marécages, permettre aux rivières de retrouver leur cours naturel, introduire des lacs artificiels vers lesquels serait canalisée l’eau de pluie en excès et ériger des barrières anti-inondations dans les endroits où c’est possible. »
Sandeep Sewpal déplore qu’il n’y ait pas eu suffisamment de mesures concrètes pour, par exemple, protéger Port-Louis où le problème des inondations perdure depuis une bonne dizaine d’années. Il faudrait également éviter de reproduire les erreurs du passé en donnant des permis de construction dans des zones inondables. À ce titre, il fait remarquer que le gouvernement a, depuis récemment, un plan indiquant avec précision les zones inondables et lui demande de le rendre public.
Le député travailliste et ingénieur civil Osman Mahomed affirme que les inondations de vendredi ont permis de faire deux constats. « On a vu que des drains qui viennent d’être aménagés, notamment dans le quartier de Bangladesh, sont à l’origine de problèmes qui n’existaient pas auparavant. Des gens qui n’avaient pas de souci d’inondations ont été confrontés à ce problème cette fois-ci. »
L’autre constat est que « des drains qui existent depuis longtemps n’ont pas fonctionné adéquatement, notamment à des endroits à Tranquebar dont Crownland Manna, parce qu’ils n’avaient pas été débouchés. Au Ruisseau du Pouce, il y a eu des interventions faites ces derniers temps qui ont eu comme conséquence qu’il y a eu des débordements vendredi ».
Le député demande que des enquêtes soient ouvertes pour pouvoir trouver des solutions rapides et pour situer les responsabilités. Il montre aussi du doigt la Land Drainage Authority qui bénéficie d’un financement public très conséquent.
Osman Mahomed se demande aussi si les nouveaux drains sont construits selon les normes. « Faire le design puis construire des drains demande bien des calculs et études hydrologiques. Ça ne se fait pas au pied levé. Il ne s’agit pas de faire des drains que pour apaiser les gens et obtenir un gain politique. Faire des drains est un travail complexe, technique et précis », fait-il ressortir.
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