Live News

Indicateurs : comment l’économie mauricienne a progressé en 55 ans 

En 55 ans d’indépendance, Maurice est sorti d’une monoculture pour devenir une économie prospère. Aujourd’hui, il est cité comme une référence dans la région et en Afrique. Son succès repose surtout sur une stratégie de diversification bien planifiée. Gros plan sur les indicateurs qui démontrent le chemin parcouru par notre petit État insulaire qu’on promettait jadis au sous-développement. 

Publicité
économie mauricienneéconomie mauricienne

Trois questions à… Pierre Dinan, économiste : « Nous devons être actifs, proactifs et productifs » 

Pierre DinanDéployer de manière rationnelle et complète toute nos ressources humaines, naturelles, maritimes et terriennes. C’est l’objectif que nous devons nous fixer pour permettre au pays de progresser davantage, recommande l’économiste Pierre Dinan.

D’une monoculture, notre économie est aujourd’hui bien diversifiée. Le secteur des services y joue un rôle prépondérant et à l’avenir, le numérique participera davantage à la croissance. Que retenez-vous de cette transition économique et comment voyez-vous l’avenir ? 

Depuis les années’ 80, nous avons pris la bonne voie. Nous avons fait ce qu’il fallait. On ne peut que se réjouir d’avoir une économie diversifiée. Le mot « diversification » doit être écrit en lettres d’or. 
Cependant, il ne nous est pas permis de dire que tout va bien et qu’on se repose. Nous devons continuer à avancer. Notre économie ne peut être prospère et fonctionnelle que si elle continue à être ouverte sur le monde. Notre petite République ne doit pas rester fermée sur elle-même parce que le monde bouge. 

Nous devons toujours avoir à l’esprit que nous devons être des concurrents sérieux sur le plan économique et commercial au niveau international. Notre avenir dépend de nous, les Mauriciens. Nous devons tenir notre place dans ce vaste monde d’une part, parce que la concurrence est forte et d’autre part, parce que d’un point de vue économique, nous ne pouvons pas nous suffire à nous-mêmes. 

Nous devons faire en sorte que nos services – tourisme et secteur financier, entre autres – soient de haute qualité car nous avons des concurrents. Il en va de même pour les produits que nous fabriquons. Il faut soigner non seulement la qualité de nos produits mais aussi faire en sorte qu’on reconnaisse d’emblée « le produit mauricien » sur le marché international. Il faut miser sur la productivité et la singularité de nos produits manufacturés. C’est la direction que nous devons emprunter. 

Le pays a connu trois crises majeures depuis son indépendance : la sombre période de la fin des années’ 70 jusqu’au début des années’ 80, la crise économique de 2007-08 et la pandémie de COVID-19. Malgré ses vents contraires, l’économie est restée résiliente. À quoi l’attribuez-vous ? 

L’économie mauricienne a continué à fonctionner en dépit des vents contraires. Cette résilience demande cependant à être renforcée parce que je sens que nous sommes à la croisée des chemins. Nous avons bien fait jusqu’ici, mais il y a des questions qui se posent à l’avenir, notamment par rapport à l’utilisation réelle de nos ressources. 

Je parlerai d’abord de nos ressources naturelles, soit notre soleil généreux et nos belles plages. Déjà, nous constatons que nos plages ne sont pas tout à fait dans l’état dans lequel nous voulons qu’elles soient. Il y a un souci écologique. 

L’autre ressource importante, c’est notre espace maritime qui s’étend très loin avec la bénédiction des États-Unis. Or, il y a une sous-exploitation de ces ressources, notamment par rapport à la pêche des poissons et des fruits de mer. 

Nous n’avons pas non plus beaucoup de ressources terriennes. Il aurait fallu que les terres libérées par la canne à sucre soient maintenant placées sous culture de cannes à forte intensité de bagasse afin que nous puissions réduire notre dépendance de l’énergie importée. 

En parlant des ressources terriennes, nous devons faire en sorte que les touristes qui viennent sur l’île déboursent davantage d’euros et de dollars en venant se promener dans nos villes où ils seront accueillis par des beaux jardins publics et où ils pourront visiter des musées leur permettant de connaître les cultures qui se côtoient à Maurice. 

Pour couronner le tout, venons-en à la ressource principale de notre pays : NOUS, notre population. Nous avons su, dans les années’ 80, être à la hauteur des problèmes qui nous sont tombés dessus. Nous avons su nous battre, travailler et accepter 12 à 14 jours de congé public au lieu de 28. Nous avons su nous mettre au travail. 

Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? Ne sommes-nous pas trop souvent dans un « mood » où dès qu’il y a une difficulté, on se dit : « Nou al get gouvernnma » ? La réponse, nous la détenons. Nous devons nous mettre au travail, bien sûr avec l’aide du gouvernement. Nous devons être actifs, proactifs et productifs. 

Il faudrait que ces terres que nous avons soient cultivées de manière professionnelle en utilisant des outils modernes. Le gouvernement devra aider à former des gens qui pourront nous nourrir, mais aussi les touristes. Notre économie importe trop de marchandises et de services. Je ne dis pas qu’il faut fermer notre économie, loin de là. Nous devons juste arriver à avoir moins d’importations et davantage d’exportations. 

Parmi les autres défis que nous devons relever pour progresser, il y a le problème démographique, le taux de dépendance des personnes âgées par rapport aux forces actives étant en hausse. Les solutions seraient de mettre en place une politique d’encouragement aux naissances ; former des personnes âgées afin qu’elles puissent utiliser les outils numériques ; et venir avec une solide formation des écoliers au numérique, notamment pour la manipulation de TikTok et des autres réseaux sociaux. 

 À l’avenir, le défi sera double : sortir de la spirale de l’inflation et ne plus rester bloqué dans un modèle de croissance en dessous des 4 %, propre aux économies à revenu intermédiaire. Que faut-il faire pour gagner la bataille sur ces deux fronts ? 

L’inflation à Maurice est surtout importée. Si nous arrivons à réduire notre dépendance des importations, nous irons dans ce sens. La croissance est une conséquence de tout ce que je viens de dire plus haut. Que nos ressources humaines et naturelles soient déployées le mieux possible. 

Si nous arrivons à faire cela, nous aurons finalement une croissance au-delà des 4 %. L’objectif est le déploiement rationnel et complet de toutes nos ressources humaines, naturelles, maritimes et terriennes. 

économie mauricienne

 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !