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Histoires du marronage : les combattants de la liberté

Esclaves africains durant l’occupation hollandaise. Esclaves africains durant l’occupation hollandaise.
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Ils furent les premiers dans l’histoire de notre pays à lutter pour la liberté et à combattre l’oppression. On les appelait les Marrons, ils avaient pour noms Bamboes, Barbe Blanche ou Sans Souci… Nous vous proposons de découvrir leur épopée.

Durant toute la période de l’esclavage à Maurice, entre 1642 et l’abolition en 1835, le marronnage fut présent. Les fugitifs s’organisaient souvent en bandes, petites ou grandes, et étaient dirigés par des chefs, souvent des combattants aguerris et des individus pleins de ressources. Ils exécutaient régulièrement des raids sur les plantations, pour s’approvisionner, mais surtout pour faire régner la terreur.

En 1642, 105 esclaves furent introduits par les Hollandais à Maurice. C’était le premier contingent important que le gouverneur Adrian van der Stel avait ramené de Madagascar. Mais à peine débarqués, 52 d’entre eux, parmi lesquels des femmes, s’enfuirent dans la nature environnante. Avant même que l’esclavage ne s’installe durablement dans l’île, le marronnage avait déjà pris naissance. Et avec lui, la répression implacable des chasseurs d’esclaves en fuite. Des 52 fuyards, seuls 18 furent repris. Les autres restaient en liberté dans une île que les Hollandais n’allaient que partiellement occuper pendant toute la durée de leur présence.

La menace des Marrons constituait l’une des hantises de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, la VOC, peut être plus que le passage des terrifiants cyclones et les rafles des pirates. Et cette peur finit par se matérialiser en un raid terrifiant, qui ébranla les colons hollandais. A l’aube du 18 juin 1695, un petit groupe constitué d’Aaron d’Amboine, Antoni, dit Bamboes et Paul de Batavia, mirent le feu au Fort Frederick Hendryk, la place forte de la colonie. Ils étaient accompagnés de deux femmes, Anna du Bengale et Espérance.

Capture d’un Marron par un chasseur d’esclaves en fuite.
Capture d’un Marron par un chasseur d’esclaves en fuite.

Lorsqu’ils furent finalement capturés, les Marrons, originaires d’Indonésie, avouèrent avoir minutieusement planifié la destruction totale du fort, avoir voulu débarrasser l’île des représentants de la VOC pour, par la suite, prendre le contrôle de la colonie dans un élan de libération. Ils furent sauvagement punis, crucifiés et écorchés vifs. Mais cela ne fit que conforter les Marrons  dans leurs convictions. Une autre conspiration de plus grande envergure eut lieu en février 1706. Elle bénéficia de la participation d’esclaves qui se joignirent au mouvement de révolte. Cette attaque eut probablement raison de détermination de la VOC, qui abandonna finalement l’île en 1710.

Dès les premières années de la colonisation, les Français eurent, eux aussi, fort à faire pour résister aux Marrons, qui firent preuve d’un savoir-faire digne de combattants aguerris. En 1724, une bande de Marrons armés prit de force un poste militaire dans le district de Savane et mit les soldats en fuite. Quelques années plus tard, en 1732, elle attaqua une garnison à Poste-de-Flacq. Les troupes françaises eurent à déplorer dix morts et plusieurs colons furent tués. Les Marrons, eux, perdirent un seul homme.

Les Marrons terrorisèrent les premiers habitants de l’Isle de France à un point tel que l’entreprise coloniale s’en trouva menacée. On leur attribuait les pires intentions. Le père Ducros, un missionnaire de passage dans l’île entre 1726 et 1727, les décrivit comme des barbares sanguinaires et cannibales qui « rôtissaient » leurs adversaires vaincus en « dansant autour du feu ».  

Lorsqu’il prit le commandement de l’Isle de France, Mahé de Labourdonnais lança une répression impitoyable. Le gouverneur avait créé une maréchaussée spécialement pour donner la chasse aux Marrons. L’administration coloniale organisait la riposte en lançant à leur poursuite des escouades composées de civils et de militaires.

Camp de Marrons dans la forêt.
Camp de Marrons dans la forêt.

L’un des premiers chefs de bande capturé par les hommes de Labourdonnais s’appelait Sans Souci, un Mozambicain qui avait pris la fuite en 1726. Il était à la tête d’une petite bande de quatre hommes armés de fusil, de trois femmes et d’un enfant. Ils avaient trouvé refuge dans la région de Flacq, au lieu connu aujourd’hui sous le nom de Sans-Souci et accomplissait des raids réguliers sur les plantations. En novembre 1739, le chef fut capturé par un détachement de chasseurs de Marrons. A l’issue d’un âpre combat, ponctué d’échanges de coups de feu, ses compagnons purent s’échapper, tandis que Sans Souci, les trois femmes et un enfant, furent capturés. Le châtiment infligé au chef fut impitoyable : il fut roué de coups et brûlé vif.

Mais les Marrons continuaient à faire régner la terreur, surtout dans les endroits les plus reculés de l’île. Quelques années plus tard, un autre Marron tint tête à la maréchaussée. Il s’agit de Barbe Blanche, un meneur d’hommes intrépide, qui avait un véritable ascendant sur la bande qu’il commandait. Réfugiés dans la région du Morne Brabant, ses hommes et lui échappaient constamment à leurs poursuivants. Selon les témoignages, il avait trouvé refuge au sommet de la montagne, qui s’élève à 555 mètres et dont le sommet, inaccessible, couvre une aire de plus de 15 hectares abritant une végétation luxuriante. Barbe Blanche est toujours demeuré introuvable…

(A suivre)

Sources : Satteeanund Peerthum et Satyendra Peerthum -
Le marronage à l’Isle de France – Ile Maurice, d’Amédée Nagapen
Photos : Internet

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