Habitations de luxe : quand le marché sature

Alors que des milliers d’unités résidentielles grand luxe sont actuellement mises sur le marché immobilier, les ventes sont en baisse avec uniquement 217 unités vendues l’année dernière. L’inquiétude grandit chez les professionnels du secteur.

Depuis quelque temps, la vente des villas et appartements de luxe connaît des difficultés. Si certains projets ont toujours le vent en poupe, d’autres ont beaucoup de mal à mettre la main sur des acquéreurs potentiels.  La situation ne risque guère de s’améliorer, car de nombreux projets sont toujours au stade de l’élaboration. Les agents et promoteurs immobiliers sont préoccupés. « Les premiers projets ont bien été vendus. Beaucoup ont vu l’opportunité de se faire de l’argent facilement. Ils se sont lancés sans même étudier le marché. Penser que des étrangers achèteront un appartement à plus de Rs 15 millions, simplement parce qu’ils se trouvent à Maurice, c’est faire fausse route », s’indigne le directeur d’une des principales agences immobilières du pays.

« Il ne faut pas oublier que Maurice est éloigné de tout. Il faut donc un produit d’exception pour séduire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les projets qui marchent mieux sont ceux pilotés par de grosses boîtes et se trouvent dans des lieux hors du commun », ajoute-t-il.

Mont-Choisy Property Development Ltd, promoteur du Parc de Mont-Choisy, peut se vanter d’avoir vendu les 211 villas se trouvant sur un terrain de 485 hectares. Un projet comprenant également un parcours de golf professionnel. On parle ici de plus de Rs 7,5 milliards d’investissements directs étrangers. Quelques appartements sont encore en vente pour des sommes allant de Rs 29 896 421 à Rs 46 995 000 millions.

Pointe-d’Esny Le Village aurait, lui aussi, vendu 90 % des appartements et penthouses mis sur le marché. Cependant, il ne faut pas généraliser. Beaucoup s’en sortent moins bien. « Voyant le succès des autres, beaucoup sans expérience se sont lancés dans le créneau. Il s’agit souvent de personnes qui ont un grand terrain près de la côte, et pensent qu’il suffit de construire un ou plusieurs complexes d’appartements, plus ou moins luxueux, et les vendre à des prix exorbitants pour que des étrangers viennent se masser devant leur porte. Comme pour toute chose, il faut du métier, proposer un produit qui vaut vraiment la peine, mais également avoir les contacts nécessaires pour trouver des acquéreurs », explique le responsable d’une compagnie immobilière, située à Pointe-aux-Canonniers.

Quand Moka City, Uniciti, Mon-Trésor, Jin Fei Smart City, Yi Hai Smart City (Domaine Les Pailles) entreront pleinement sur le marché de l’immobilier, on parle de plusieurs milliers d’unités qui devront trouver preneur. Pour donner une idée, en 2017, 217 unités résidentielles de luxe ont été vendues. Cinquante d’entre elles tombaient dans la catégorie Integrated Residential Scheme (IRS), 100 Real Estate Scheme (RES) et 67 Property Development Scheme (PDS). Si l’Economic Development Board n’octroie plus de permis IRS et RES, plus de 50 projets PDS, appartenant à une quarantaine de compagnies différentes, ont été déposés. Pour trouver d’aussi mauvais chiffres au niveau des ventes, il faut remonter à 2011. À cette époque, le nombre de produits disponibles était nettement inférieur.

Nombre de IRS/ RES/ PDS vendus

• 2005 : 20 unités vendues (villas, appartements, duplexes)
• 2006 : 82
• 2007 : 113
• 2008 : 159
• 2009 : 92
• 2010 : 81
• 2011 : 165
• 2012 : 286
• 2013 : 246
• 2014 : 308
• 2015 : 427
• 2016 : 319
• 2017 : 217