Après les six décès dus aux virus A(H1N1) et A(H3N2) qui sont survenus, les gens ne cessent d’affluer dans les hôpitaux et les centres de santé pour se faire vacciner contre la grippe. C’est le constat que dressent des sources dans le milieu hospitalier.
Jamais une campagne de vaccination antigrippe n’a connu un tel succès. C’est ce que laissent entendre des voix au ministère de la Santé et dans le milieu hospitalier. « Lors des précédentes campagnes, nous avons détruit un gros stock de vaccins restés inutilisés.
Cette année, nous avons commandé de nouveaux stocks pour répondre à la grande demande », explique une source sous le couvert de l’anonymat.
Le ministère, poursuit-elle, a su agir promptement pour veiller à approvisionner rapidement en vaccins les cinq hôpitaux régionaux. « Nous avons interrompu la campagne le jeudi 8 juin en raison d’une rupture de stock. La situation est retournée à la normale dès vendredi », précise notre source. Une cargaison de 10 000 doses est arrivée au pays jeudi après-midi. Une autre, de 30 000 doses, est attendue ce samedi et 40 000 autres doses devraient arriver dans les jours à venir.
« Psychose »
Une autre source ajoute qu’une « psychose » a gagné la population après les six décès liés aux virus H1N1 et H3N2. « Depuis, il y a eu une plus grande sensibilisation du public à l’importance de se faire vacciner contre la grippe, pour s’immuniser et protéger son entourage. » Et d’ajouter : « le vaccin est l’un des moyens les plus efficaces pour prévenir la grippe et ses complications. La population ne devrait pas s’inquiéter, mais prendre les mesures de précaution prônées par la Santé afin d’éviter la propagation du virus. »
Les membres du public doivent apprendre à faire la différence entre une grippe saisonnière et une infection aux virus A(H1N1) et A(H3N2). « Quand l’infection est due au H1N1, il y a une toux sèche et non productive alors que pour une grippe ordinaire, la toux produit des flegmes », souligne notre source. Elle estime qu’il y a des chances que le virus disparaisse aussi vite qu’il est apparu. Un virus, indique notre source, peut « attaquer » rapidement ou lentement une personne, dépendant de sa résistance aux infections.
Selon les données récentes de la Santé, entre 5 000 et 6 000 cas de grippe ont été enregistrés ces dernières semaines dans les cinq hôpitaux régionaux, à l’hôpital ENT, à Mahébourg et à Souillac. Depuis janvier et ce jusqu’au 9 juin, 115 cas positifs au virus H1N1 et 94 cas de H3N2 ont été recensés. Sur la seule période du 29 mai au 9 juin, 75 cas ont été répertoriés.
Au vendredi 9 juin, 29 personnes avaient été admises après avoir été testées positives au H1N1. Parmi les patients hospitalisés ces derniers jours, 46 ont regagné leur domicile. Le virus H1N1 a provoqué le décès de cinq personnes et le virus H3N2 a fait un mort. Les victimes étaient âgées entre 33 et 81 ans.
Dans le secteur touristique, la situation est suivie de près, tant à Maurice que dans la région ou à l’international. Une source indique que la situation n’influence en rien les arrivées touristiques de ces dernières semaines. Cela, même si un journal malgache estimait, il y a quelques jours, que la Grande île s’apprêtait à déclencher une alerte d’épidémie de grippe. L’article mentionne les décès à Maurice, précisant que Madagascar n’était pas à l’abri avec les vols en provenance de Maurice.
Précaution dans les églises
Le diocèse de Port-Louis joue la carte de la prudence, avec la crainte du public par rapport à la grippe. Le jeudi 8 juin, le diocèse a émis un communiqué pour inviter les fidèles à ne pas se donner la main lors du geste fraternel de l’échange de la paix du Christ durant la messe. Le but étant de minimiser les risques de contagion. C’est la seconde fois que le diocèse de Port-Louis prend une telle initiative. « Il s’agit d’une démarche temporaire », peut-on lire dans le communiqué.
Dr Vinesh Sewsurn : « Il faut mieux protéger le personnel hospitalier »
Chaque année, le ministère de la Santé et celui de la Sécurité sociale mettent des vaccins contre la grippe à la disposition des plus vulnérables, en l’occurrence les enfants en bas âge, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques. Cette année, la campagne a été étendue à l’ensemble de la population. Le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical & Health Officers Association (MHOA), aimerait que ce soit le cas tous les ans. « Il faut protéger tout le monde et mener des campagnes d’explication sur les virus de la grippe », explique-t-il.
Dans une lettre adressée au ministère de la Santé il y a une semaine, la MHOA propose des mesures visant à mieux protéger le personnel des centres de santé. La MHOA suggère aussi que des équipements adéquats – tabliers à manches longues, masques adaptés (du type N95) qui offrent une meilleure protection respiratoire, gants et lunettes de protection – soient fournis aux employés. La MHOA réclame aussi l’installation de hand sanitizers dans les points stratégiques des services de santé. L’association attend une réaction du ministère.
Le Dr Vinesh Sewsurn précise que de telles mesures protègeraient mieux le personnel hospitalier d’une infection. « Il y a une grande affluence dans les hôpitaux à cause de la grippe. Bien que nous accueillions favorablement l’aménagement de flu clinics dans les cinq hôpitaux de l’île, nous estimons que le ministère aurait également dû en aménager dans les Area Health Centres. Le but étant d’éviter une grosse concentration de patients dans un espace confiné à l’hôpital, propice à la propagation du virus. »
Pour le Dr Vinesh Sewsurn, les flu clinics auraient dû disposer de leur propre pharmacie afin que les patients atteints de la grippe ne soient pas en contact avec les autres malades. « Ces cliniques devraient aussi disposer de moyens de dépistage efficaces pour faire des prélèvements rapidement et les envoyer au laboratoire. Les zones d’isolement devraient également être plus étanches. »
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