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Gratuité des cours « undergraduate » : comment les universités feront face à la demande accrue 

Gratuité des cours « undergraduate » : comment les universités feront face à la demande accrue 

Les responsables des institutions publiques d’enseignement supérieur estiment que le fait de rendre leurs « undergraduate courses » gratuits entraînera une hausse du nombre de demandes d’inscription. Si certains évaluent cette augmentation à 50 %, d’autres estiment qu’il faudra recruter du personnel.

Quelles conséquences la gratuité des « undergraduate courses » des universités publiques aura-t-elle sur ces institutions ? C’est la question qui se pose depuis que le Premier ministre a annoncé, dans son discours du 1er janvier 2019, que tous les cours jusqu’au premier cycle deviendront gratuits, tant à temps partiel qu’à plein-temps. On anticipe, selon toute logique, une hausse considérable des demandes d’inscription. Malgré le flou qui entoure encore le projet, certaines institutions ont déjà commencé à évaluer l’impact que cette décision aura sur elles et les éventuelles difficultés qui pourraient en découler. 

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Kaviraj Sukon, directeur de l’Open University of Mauritius (OUM), estime que les demandes d’inscription augmenteront d’au moins 50 % pour la rentrée du mois d’août. « Ce n’est pas un problème. Les Open Universities à travers le monde ont des centaines de milliers d’étudiants. Le matériel est là. On peut accueillir les étudiants. De toute façon, nous basculons vers le Cloud. » Le seul changement qu’il faudra sans doute apporter à l’OUM concerne les cours dispensés sur place devant un tuteur. L’institution devra sans doute compter davantage sur les cours donnés en ligne. 

le personnel requis

Il faut cependant respecter les critères de qualité en termes de ratio Tuteurs : Étudiants inscrits. Selon Kaviraj Sukon, dans les grandes universités, on peut atteindre jusqu’à six étudiants pour un tuteur, alors que dans certains pays comme l’Ouganda, il peut y avoir un tuteur pour 400 ou 500 étudiants. « Pour nous, l’idéal c’est 30 étudiants par tuteur », explique-t-il. 

Du côté de l’université de Maurice (UoM), le pro-Vice Chancellor responsable de la planification et des ressources, Issack Santally, avoue qu’il faudra une réévaluation des ressources de l’UoM une fois les détails de la politique gouvernementale connus. 

« Une fois qu’on en saura plus sur les modalités, il faudra voir si nous aurons besoin de quelque chose de plus ou de soutien additionnel. L’UoM est déjà bien équipée », explique-t-il. 

Une autre source des instances décisionnelles de l’UoM émet cependant des doutes quant aux ressources disponibles, notamment en ce qui concerne les cours à temps partiel qui deviendront gratuits. « L’année dernière, nous avons évoqué la possibilité de réduire les frais pour les cours à temps partiel en raison d’un manque d’étudiants/ Mais même dans ces conditions nous devons prendre des chargés de cours à temps partiel pour certains modules. S’il y a une hausse considérable de la demande, je doute que nous ayons le personnel requis. » 

L’accent mis sur les cours de premier cycle semble également contrecarrer l’ambition de l’UoM de se concentrer davantage sur la recherche en mettant davantage de ressources dans l’enseignement. « Se concentrer sur les cours postgraduate nous aurait permis de faire entrer plus d’argent. De toute façon, ceux qui suivent des cours postgraduate chez nous ne le font pas pour la recherche mais pour obtenir une promotion au travail », explique notre source. 

À l’université des Mascareignes, on affirme que du personnel additionnel sera recruté. « Il y aura définitivement un recrutement de personnel académique et non académique. C’était déjà in the pipeline, mais il faudra en recruter un peu plus maintenant », confirme Dinesh Somanah, le directeur de l’établissement. En termes d’espace, il estime que les deux campus de l’institution peuvent accueillir jusqu’à 1 500 étudiants, alors qu’ils en comptent un millier actuellement. 

Les filières professionnelles dépendent de l’industrie

Les responsables du Mauritius Institute of Training and Development (MITD) et de Polytechnics Mauritius ont également reçu le courriel du ministère de l’Éducation le jeudi 3 janvier 2019, leur demandant les détails sur leurs cours, leurs frais et le nombre d’étudiants. Pour ce qui est des stages en entreprise dans le cadre de la formation, la question est surtout de savoir s’il y aura assez de sociétés disponibles s’il y a une hausse considérable des demandes d’inscription. 

Pradeep Joosery, directeur du MITD, explique que pour la dernière rentrée, son établissement a inscrit environ 2 000 étudiants, en sus des 2 320 inscrits au programme d’apprentissage où ils passent quatre jours en entreprise et un seul au centre. « Nous avons la capacité d’accueillir un peu plus de 10 000 étudiants. L’avantage est que nous sommes flexibles avec le nombre de jours passés en entreprise. Tout dépend du nombre de places disponibles au sein des entreprises », explique le directeur. À ce jour, le MITD a signé des accords avec 250 entreprises dans différents secteurs. 

Yamal Matabudul, directeur de Polytechnics Mauritius, estime que son institution jouit d’un atout de taille : elle vient tout juste d’être lancée. « C’est une annonce monumentale. Nous devrons retoucher nos plans, mais notre institution est en pleine expansion. Cette mesure est donc la bienvenue. » Il explique comment Polytechnics Mauritius a développé des attaches avec l’industrie pour s’attaquer au problème de skills mismatch. Du coup, les trois campus ne comptent pas vraiment sur les salles de classes pour sa formation : « Il y a tout un écosystème avec beaucoup de stages. Les élèves passent la moitié du temps dans l’industrie. Nous avons plein d’espace pour grandir de la bonne façon. » Le fait que Polytechnics Mauritius ne compte que 400 étudiants pour l’instant est aussi un avantage.

 

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