Du jour au lendemain, le quotidien de 14 familles a basculé à la suite du glissement de terrain survenu à Crève-Cœur vendredi vers 13 heures. Depuis, elles vivent dans la peur.
Réveil difficile pour ces familles de Crève-Cœur en ce samedi 8 octobre. Au lendemain du glissement de terrain qui a forcé quatre d’entre elles à quitter le cocon familial, la tension est palpable.
« Je suis enceinte de cinq mois et je n’ai pas dormi de la nuit. Nous vivons la peur au ventre. On entend la terre et les roches céder », confie Jemima Darshana Munoruth, une habitante. Elle a été parmi les premiers à témoigner de l’incident. Impuissante, elle a vu s’écrouler le trottoir devant sa maison et la moitié de sa salle de bains.
Contrainte de quitter son domicile, la jeune femme craint que la situation n’empire. « La Special Mobile Force, la police, la PPS Subashnee Luchmun Roy prennent de nos nouvelles et mettent du cœur à l’ouvrage pour colmater les dégâts en accélérant les travaux. Mais est-ce que cela suffira alors que la maison dans laquelle nous vivons menace de s’écrouler ? »
Sentiment partagé par Anita, dont l’entrée a été complètement endommagée. Elle peine à cacher son inquiétude. « Hier (NdlR, vendredi), nous n’avons pas fermé l’œil de toute la nuit. » Désormais, regagner sa maison est un vrai parcours du combattant. « Il est impossible d’entrer dans la maison par la porte principale. Nous devons parcourir les carreaux, grimper sur le toit de nos voisins et même descendre des pentes recouvertes de terre afin d’accéder à notre cour », dit-elle. Certes, c’est dangereux, mais elle n’a pas le choix. « Nous gardons espoir que les autorités prendront les mesures nécessaires pour rétablir la situation. »
Sunil, lui, a passé toute sa vie dans la maison qu’il habite à Crève-cœur. Ce père de deux enfants confie vivre dans la peur. « Nou latet fatige depwi kinn ariv sa », lâche-t-il.
Il fait part des inconvénients rencontrés au lendemain du glissement de terrain, notamment les difficultés d’approvisionnement dues à l’inaccessibilité de la boutique de proximité. « Tous les habitants dépendent grandement de cette boutique pour leurs courses. Hélas, ce matin (NdlR, samedi matin), nous n’avons même pas eu droit à notre pain matinal. Cette boutique reçoit régulièrement des livraisons afin de subvenir aux besoins des 14 familles vivant ici. »
Et d’ajouter que vendredi, les habitants ont dû marcher dans le noir dans un chemin en piteux état en rentrant du travail. « Ils auraient pu se blesser. »
L’impuissance est un sentiment commun à ces familles. Bheemsen Seeburuth, 57 ans, père de deux enfants, affirme n’avoir nulle part où aller. « En sus, je suis attaché à cette maison qui nous a été transmise de génération en génération. J’y ai des souvenirs d’enfance. Cela me fendrait le cœur de devoir quitter ma maison. Ma maison, c’est ici ! » lance-t-il, la gorge nouée.
La députée de la circonscription n°4, Port-Louis Nord–Montagne-Longue, Subhasnee Luchmun Roy, rassure. Les autorités s’assurent que la situation est sous contrôle, affirme-t-elle. Les « contracteurs » sont au four et au moulin pour stabiliser le site affecté, indique-t-elle. « Les travaux vont bon train grâce à l’initiative du National Emergency Operations Command sous l’égide du vice-Premier ministre. Toutes les parties prenantes travaillent main dans la main pour assurer la sécurité des habitants de Crève-cœur. » Elle ajoute, d’autre part, que des dispositions ont été prises pour mettre à la disposition des habitants et des élèves des navettes tous les jours.
Commentant l’interrogation de certains habitants quant au soutien du gouvernement dans leurs démarches de relogement, elle fait valoir que le nécessaire sera fait en temps et lieu. « Jusqu’à présent, on parle d’un cas suspect de glissement de terrain à la suite de travaux entrepris par la National Development Unit. on n’a pas eu de confirmation. Nous devons attendre les conclusions du rapport géotechnique. »
La question de relogement est en suspens, précise Subhasnee Luchmun Roy. « Toutefois, une proposition de déménagement temporaire a été faite, mais certains ont refusé. »
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