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À Genève - Chagossiens qualifiés d’indigènes : Maurice met les points sur les «i» 

Des Chagossiens quittant définitivement l’archipel à bord du Nordvaer au début des années’ 70.

La 16e session du Human Rights Council, Expert Mechanism on the Rights of Indigenous Peoples a eu lieu la semaine dernière à Genève. Des personnes se sont exprimées au nom de ce qu’elles qualifient de « population indigène de l’archipel des Chagos ». Tejaswinee Burumdoyal, la représentante de Maurice, a remis les pendules à l’heure. 

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Les Chagossiens ne sont pas et ne peuvent pas être considérés comme des indigènes. Maurice a clairement mis les points sur les « i » à ce sujet lors de la 16e session du Human Rights Council, Expert Mechanism on the Rights of Indigenous Peoples, qui a eu lieu la semaine dernière à Genève sous l’égide des Nations unies. 

Intervenant après que des personnes se sont exprimées au nom de ce qu’elles qualifient de « population indigène de l’archipel des Chagos », Tejaswinee Burumdoyal, Second Secretary à la Mission permanente de la République de Maurice auprès de l’Office des Nations unies et des autres organisations internationales à Genève, en Suisse, a affirmé qu’il « n’y a jamais eu de population indigène sur le territoire de Maurice incluant l’archipel des Chagos ». 

La représentante de Maurice a précisé que la République est « un pays multiracial et multiculturel peuplé de gens dont les ancêtres venaient d’Afrique, d’Asie et d’Europe et où tout le monde jouit des mêmes droits ». Elle a précisé que le pays adopte une politique de tolérance zéro « quand il s’agit de discrimination raciale ». 

En réponse à ceux qui soutiennent que les Chagossiens ne sont pas suffisamment impliqués dans les discussions autour de la souveraineté de Maurice sur les Chagos, Tejaswinee Burumdoyal indique que Maurice s’est assuré de leur implication active pour faciliter leur retour vers l’archipel, y compris lors des procédures administratives devant la Cour internationale de justice. « Même si les discussions sur la souveraineté de l’archipel sont entre Maurice et le Royaume-Uni, le gouvernement mauricien a des consultations régulières avec les Chagossiens basés à Maurice afin d’assurer que leurs droits sont préservés », a-t-elle expliqué. 

La Second Secretary a ajouté que la Cour internationale de justice a déterminé que « l’archipel fait partie de Maurice depuis toujours et que le droit à l’autodétermination appartient à, et doit être exercé par, tout le peuple de Maurice en tant qu’un seul territoire ». Elle a également précisé explicitement que le relogement des citoyens mauriciens, incluant ceux d’origine chagossienne, doit être considéré comme faisant partie de la décolonisation complète de Maurice. 

Aucune base militaire à Agalega

« Les Mauriciens d’origine chagossienne ou tout ancien habitant de l’archipel ne peuvent donc pas être considérés comme une population indigène. La présence de certains individus qui prétendent représenter ‘la population indigène’ de l’archipel des Chagos dans ce forum n’est pas soutenue par Maurice et leur déclaration n’est pas pertinente », a-t-elle martelé. 

Un autre point à retenir de l’intervention mauricienne concerne Agalega. Tejaswinee Burumdoyal a souligné la position de Maurice à ce sujet : « Aucune base militaire n’est construite à Agalega. Les projets d’infrastructures sur cette île ont pour objectif d’améliorer le niveau de vie des habitants. » Ce qui prend le contrepied des arguments de ceux qui affirment que la piste d’atterrissage longue de 3 km, pouvant accueillir des Bœing 737-900 et des Airbus 321, ainsi que le nouveau port qui pourra accueillir des bateaux de 149 mètres de long construits et financés par l’Inde à Agalega, auront un usage militaire indien. Il s’agit donc d’un démenti formel, notamment à la presse indienne qui répète régulièrement que la Grande péninsule aménage des facilités militaires. 

La Second Secretary rejoint ici la ligne tenue par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui avait affirmé, le 27 juillet 2022, c’est-à-dire presque un an jour pour jour, qu’« Agalega n’est pas en train d’être transformée en base militaire » et que l’archipel ne stockera pas d’armes nucléaires. Toutefois, il n’avait pas nié qu’Agalega n’accueillerait pas d’avions et de bateaux militaires une fois la nouvelle piste d’atterrissage prête. 

« Comme c’est le cas pour Maurice et Rodrigues, toute demande pour l’utilisation de nos facilités portuaires et aéroportuaires par un bateau ou un avion civil ou militaire étranger sera examinée et décidée par le gouvernement. Le même principe s’appliquera à toute requête pour Agalega dès que les facilités seront opérationnelles », avait alors affirmé le chef du gouvernement. 

Dans son discours budgétaire le 2 juin dernier, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait annoncé que la nouvelle piste d’atterrissage et la nouvelle jetée seraient opérationnelles d’ici décembre 2023. 

Jean-François Nellan : « On réclame le droit à l’autodétermination » 

Jean-François Nellan, membre fondateur de Chagossian Voices, réagit aux propos de la représentante mauricienne. Il soutient que l’intervention n’a pas été appréciée dans ce forum. « Des représentants d’autres pays ont affirmé que Maurice ne pouvait faire de tels commentaires. Nous nous voyons comme un peuple indigène », dit-il. D’ailleurs, poursuit-il, la Cour internationale de justice a reconnu les Chagossiens comme un peuple indigène. « Lorsque la France a cédé les Chagos aux Anglais, il y avait déjà des descendants d’esclaves sur l’archipel. Nous voulons retourner sur nos terres, mais pas sous une loi discriminatoire, où nos droits humains sont bafoués et où il y a de la corruption ainsi que des abus. On réclame le droit à l’autodétermination. C’est nous qui avons le droit de définir notre avenir, pas Port-Louis, ni Londres. » Dans sa soumission le 20 juillet, lors de la 45e session de l’United Nations Universal Periodic Review, l’ONG internationale Human Rights Watch indique que « les Chagossiens sont un peuple autochtone distinct selon les normes onusiennes et africaines, y compris celles établies par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples ». 
 

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