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Fraude à la Mauritius Investment Corporation : premier week-end en cellule pour Renganaden Padayachy

Renganaden Padayachy, l’ex-ministre des Finances reste en détention jusqu’à sa comparution devant le tribunal de Port-Louis, le 14 avril 2025.

Arrêtés mercredi, Renganaden Padayachy et Harvesh Seegolam ont été traduits, jeudi, devant la justice sous une accusation d’abus de fonction. L’ex-ministre des Finances a été reconduit en cellule policière où il passera son premier week-end, alors que l’ancien Gouverneur de la Banque de Maurice a, lui, été libéré sous caution.

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Deux anciens hauts responsables du secteur financier ont comparu devant la cour de Port-Louis le jeudi 10 avril 2025. À l’issue de l’audience, Renganaden Padayachy, ancien ministre des Finances, a été reconduit en cellule policière. Harvesh Seegolam, ex-Gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), a été libéré sous caution. Ils sont tous deux provisoirement inculpés dans le cadre d’une enquête sur une fraude présumée de Rs 300 millions au préjudice de la Mauritius Investment Corporation (MIC). Les deux hommes avaient été placés en état d’arrestation après leur audition au siège de la Financial Crimes Commission (FCC), mercredi soir.

Inculpé pour abus de fonction, Renganaden Padayachy est soupçonné d’avoir facilité un paiement excessif de Rs 300 millions par la MIC lors de l’achat d’actions de la société East Coast Hotel Investment Ltd, gestionnaire de l’hôtel Ambre du groupe Apavou. L’affaire remonte à mai 2024.

Jeudi, l’ancien ministre s’est présenté au tribunal vêtu de jeans, portant un sac et une veste assortis. Arborant une barbe poivre et sel, il a été escorté par des officiers de la FCC. L’affaire a été entendue par la magistrate Naazish Sakauloo.

Le sergent Mungrah, représentant de la poursuite, a informé la cour que la police s’oppose à sa remise en liberté sous caution. Les motifs évoqués : risque d’interférence avec les témoins et de manipulation de preuves. De son côté, Me Raouf Gulbul, avocat de l’ancien ministre des Finances, a indiqué qu’il ne présentera pas de motion de remise en liberté pour le moment. Il a toutefois sollicité une audience pour le lundi 14 avril 2025 afin de faire le point sur l’enquête avant de prendre une décision. À l’issue de cette comparution, Renganaden Padayachy a été reconduit au siège de la FCC pour un interrogatoire, puis placé en cellule policière jusqu’au 17 avril.

Plus tard dans la matinée, aux alentours de 11 h 45, Harvesh Seegolam a comparu en cour. Vêtu d’un costume bleu, il a été escorté par des éléments de la FCC. Il a patienté sur le banc du public en compagnie de son père, avant d’être rejoint par ses avocats, Mes Roshi et Rishon Bhadain.

L’ancien Gouverneur de la BoM a été provisoirement inculpé pour fraude par abus de position. Le sergent Mungrah n’a formulé aucune objection à sa remise en liberté. La magistrate a ainsi ordonné sa libération sous plusieurs conditions : deux cautions de Rs 300 000 chacune, un engagement de dettes de Rs 5 millions, une résidence fixe, une interdiction d’entrer en contact avec les témoins, une présence quotidienne au poste de police de sa localité et l’obligation de rester joignable sur son téléphone portable. Sa prochaine comparution a été fixée au 27 août 2025. Il a quitté le tribunal après avoir assisté à une brève déclaration de son avocat Roshi Bhadain devant la presse.

Ce qui est reproché aux deux protagonistes

Renganaden Padayachy (54 ans) et Harvesh Kumar Seegolam (42 ans), répondent chacun d’une accusation provisoire de « fraud by abuse of position » devant le tribunal de Port-Louis. Ils sont poursuivis en vertu des articles 43 (a) et (b) de la Financial Crimes Commission Act 2023.

Concernant l’ancien ministre des Finances, les faits reprochés se seraient produits en mai 2024 à son bureau à Port-Louis, alors qu’il était encore en fonction. Pour ce qui est de l’ancien Gouverneur de la Banque de Maurice, l’infraction présumée aurait eu lieu à la même période, dans les locaux de l’institution à Port-Louis.

Selon l’acte d’accusation, les deux anciens responsables, qui occupaient des postes clés, étaient tenus de protéger les intérêts financiers d’autrui. Ils sont toutefois soupçonnés d’avoir abusé de leur position, de manière délibérée, illégale et malhonnête, pour obtenir un gain au profit d’un tiers.

Il leur est également reproché d’avoir pris des dispositions visant à faire acquérir par la MIC 1 596 actions d’East Coast Hotel Investment Ltd pour un montant de 48 millions d’euros, soit environ Rs 2,4 milliards, au lieu des Rs 2,1 milliards initialement recommandés comme prix de contrepartie. Cette opération aurait ainsi généré un gain d’environ Rs 300 millions en faveur d’East Coast Hotel Investment Ltd, société qui gère l’hôtel Ambre du groupe Apavou.

Me Raouf Gulbul: « Important que ce procès soit entendu dans les plus brefs délais » 

Pour Me Raouf Gulbul, avocat de Renganaden Padayachy, « ceux qui marquent le premier but ne gagnent pas forcément ». Selon lui, le dossier repose uniquement sur des allégations : « Je n’ai pas peur des allégations », a-t-il déclaré à sa sortie du tribunal de Port-Louis. Il estime qu’il est dans l’intérêt du pays que « cette affaire soit entendue dans les plus brefs délais ». « Vous verrez le résultat, et la réputation financière de Maurice pourrait en prendre un sacré coup », prévient-il.

Me Gulbul souligne par ailleurs que cette affaire concerne plusieurs figures de premier plan : un ancien Gouverneur de la Banque de Maurice, un ancien ministre des Finances et un ancien Chief Executive de la MIC. « Sa ki pe pase, se dan lintere Maurice ki sa ‘case’-la pran vit possible. Pran sa ‘case’-la le pli vit posib dan enn la Cour, teste sa bann alegasion-la. Ou pou trouv rezilta. Lerla pou kone kisana pe koz vre ek kisana pe koz meati. Pran ‘case’-la pli vit ki kapav. »  

 

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