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Fête des Mères : l’amour au-delà de l’absence

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À l’occasion de la fête des Mères, l’émotion est vive pour ceux qui ont perdu la leur. Derrière les sourires et les célébrations, certains affrontent un silence, un manque, une douleur que le temps n’efface pas. Entre souvenirs, blessures et résilience, ils racontent ce que signifie grandir, vivre ou devenir adulte sans une maman.

Ruqayah Khayrattee : « Son bonheur me remplissait de fierté »

Désormais, elle compte sur l’amour de ses proches. Ici entourée de son père et de ses deux enfants.
Désormais, elle compte sur l’amour de ses proches. Ici entourée de son père et de ses deux enfants. 

Pour Ruqayah Khayrattee, la fête des Mères est un rappel poignant de l’absence de celle qui fut son pilier, son amie, sa confidente. Journaliste depuis plus de 18 ans et présidente de l’organisation Fam An Mars (FAM), elle porte aussi la casquette d’auteure engagée. Mais derrière cette femme accomplie se cache une blessure intime : la perte brutale de sa mère en mars 2019.

« C’est le plus grand choc de ma vie », confie-t-elle. Sans signe avant-coureur, sans maladie apparente, sa maman est partie subitement, la laissant dans un état de sidération totale. « Contrairement à un décès causé par une longue maladie ou un accident, rien ne nous avait préparés à lui dire adieu », dit-elle.

Fille unique, Ruqayah a construit une relation fusionnelle avec sa mère. C’est elle qui, dès l’enfance, l’a encouragée à écrire, à tenir un journal intime, développant ainsi ses talents de plume. En 2019, au moment du drame, Ruqayah venait de devenir maman elle-même. Son fils avait à peine six mois et vivait avec sa grand-mère. Elle ajoute : « D’un coup, tout s’est écroulé. Ma mère avait toujours été là pour moi. J’apprenais encore à être mère, et voilà que je perdais la mienne ».

Le vide laissé est immense. Elle évoque avec émotion leur complicité, leurs chamailleries affectueuses qui faisaient sourire ou parfois s’inquiéter les voisins. « On se chamaillait, puis on se réconciliait en faisant des câlins. Même ses réprimandes me manquent aujourd’hui », se remémore-t-elle.

Les souvenirs ne manquent pas avec sa mère, Rahilla Jomeer-Khayrattee, affectueusement appelée Laila.
Les souvenirs ne manquent pas avec sa mère, Rahilla Jomeer-Khayrattee, affectueusement appelée Laila.

Les années passent, mais la douleur demeure. Elle ajoute : « On dit que le temps guérit tout… Ce n’est pas vrai. On apprend juste à vivre avec l’absence. Je pleure encore tous les jours ». Toutefois, malgré le chagrin, elle continue d’avancer, portée par la force qu’elle puise désormais dans son rôle de mère. « Aujourd’hui, j’ai deux enfants. Je dois être forte pour eux et leur apprendre à vivre pleinement », indique-t-elle.

Elle se souvient aussi du chemin semé d’embûches qui l’a menée jusqu’au journalisme. Gravement malade pendant ses années d’école primaire, Ruqayah a dû interrompre sa scolarité pendant près de deux ans.

Ses parents, et notamment sa mère, ont été la cible de moqueries au sein de la famille. « Certains disaient que j’étais finie, que je ne réussirais jamais. Ma mère pleurait souvent, mais elle n’a jamais cessé de croire en moi », dit-elle. Grâce au soutien indéfectible de son père, Ilmuddin Khayrattee, et de ses médecins, ainsi qu’à l’encouragement du regretté Reza Issack, elle a pu reprendre ses études et accomplir son rêve.

« Pour ma mère, me voir devenir journaliste était une victoire inespérée. Elle me croyait perdue. Toutefois, je suis devenue quelqu’un, et j’ai pu l’emmener dans des lieux qu’elle n’aurait jamais pensé visiter. Son bonheur me remplissait de fierté », souligne-t-elle.

Aujourd’hui, Ruqayah se souvient de sa maman avec une tendresse infinie. En cette fête des Mères, elle veut honorer la femme exceptionnelle qui l’a formée, soutenue, et aimée sans condition. « Je ne pourrai jamais être exactement comme elle, mais je fais de mon mieux pour mes enfants. Elle m’a appris qu’une mère, c’est un roc et je veux être ce roc pour eux », conclut-elle.


Josh Joachim : « Je n’ai jamais connu ma mère, mais son absence se fait sentir »

À 18 ans, Josh Joachim porte un poids invisible, mais bien réel : celui de l’absence d’une mère qu’il n’a jamais connue. Le lendemain de sa naissance, sa maman s’est éteinte, emportée par une hémorragie post-partum. Un départ brutal, qui a laissé derrière elle un nourrisson, un mari, et deux jeunes enfants à peine âgés d’une dizaine d’années.

18 ans plus tard, c’est avec pudeur, mais lucidité que Josh parle de cette absence qui l’a accompagné toute sa vie. « Ma mère est morte le lendemain de ma naissance. Elle a perdu beaucoup de sang après l’accouchement, et les complications ont été fatales. Je ne l’ai jamais connue », raconte-t-il. C’est avec ces mots simples, mais lourds de sens qu’il évoque cette réalité qui le distingue des autres. Il a grandi comme beaucoup d’enfants, entouré, éduqué, aimé, mais avec un vide particulier, celui d’une tendresse qu’il n’a jamais pu goûter : celle d’une mère.

Une absence qui laisse une empreinte dans sa vie. « L’absence d’une maman a un impact sur la vie. Même si je ne l’ai jamais connue, je ressens ce manque », indique-t-il. Ce vide, Josh l’exprime avec calme, sans amertume, mais avec une lucidité touchante. Ce n’est pas le souvenir qu’il pleure, puisqu’il n’en a aucun. C’est l’idée de cette relation qui n’a jamais pu naître, cette affection qu’il n’a jamais expérimentée.

Au-delà de sa propre peine, il pense aussi à ses aînés. « Je pense que c’est encore plus dur pour mon frère et ma sœur. Ils avaient une dizaine d’années à l’époque. Eux, ils ont connu ma maman. Ils ont des souvenirs et des habitudes », souligne le jeune homme qui compte sur sa grande sœur qui est devenue sa lumière maternelle.

En effet, malgré ce départ tragique, la vie a continué et c’est sa grande sœur, de 12 ans son aînée, qui a endossé, sans vraiment le dire, le rôle de seconde maman. « Elle a toujours été là pour moi, dans tous les aspects de ma vie. Elle a été une figure maternelle, une présence rassurante », dit-il. Elle a fait bien plus que le rôle d’une sœur : elle a guidé, conseillé, protégé. Et pour Josh, c’est une bénédiction. 

Aujourd’hui, Joshua poursuit ses études dans le domaine du spectacle et de la création artistique. Un univers d’expression où il peut, peut-être, transformer ses émotions en quelque chose de vivant et de vibrant.


Luxhmee Jaypaul : « Les mots ne peuvent décrire l’absence d’une mère »

Après cinq ans, la douleur se fait toujours sentir selon Luxhmee.
Après cinq ans, la douleur se fait toujours sentir selon Luxhmee.

Chaque année, le mois de mai ramène une émotion particulière dans le cœur de Luxhmee Jaypaul. Écrivaine polyglotte et dactylographe au Mahatma Gandhi Institute (MGI), elle vit désormais la fête des Mères dans le silence et la nostalgie. Depuis la disparition de sa maman en 2020, cette célébration a perdu toute sa saveur.

À 39 ans, elle revient avec émotion sur cette perte survenue cinq ans plus tôt. « Je suis écrivaine depuis 18 ans », confie-t-elle. Sa plume danse entre plusieurs langues : le français, l’anglais, le hindi, le bhojpuri et le kreol morisien. Une richesse linguistique qui reflète son ancrage culturel et la sensibilité avec laquelle elle capte les nuances de la vie et du deuil.

Derrière ses mots se dessine une femme habitée par une douleur immense. « J’ai perdu ma maman en 2020. L’année 2025 marquera déjà la cinquième année sans elle », dit-elle, la voix nouée. Le choc fut brutal, le vide insondable. « C’était le moment le plus dur de ma vie. Accepter cette vérité m’a pris beaucoup de temps », ajoute notre interlocutrice.

Au départ, tout semblait irréel. Comment continuer quand celle qui vous a donné la vie n’est plus là ? « Ma vie a basculé tout d’un coup. Elle n’a plus jamais été la même », confie Luxhmee. Elle évoque un monde qui s’effondre, un profond déséquilibre intérieur, car une maman est irremplaçable dans la vie. Heureusement, dans la tempête du deuil, sa famille et ses amis lui ont tendu la main. « Ce sont eux qui m’ont aidée à traverser cette période. Leur soutien m’a permis de tenir, de respirer, d’avancer », dit-elle.

Avec le temps, elle a appris à apprivoiser l’absence. « On dit que le temps est un grand remède. Je ne dirais pas qu’il guérit, mais il aide à s’adapter. J’ai accepté cette réalité douloureuse et j’avance avec ma famille. Je fais ce qui me fait du bien, je pense à demain… mais je n’oublierai jamais ma maman », affirme Luxhmee. Cette dernière continue d’écrire, de rêver, d’espérer, avec cette présence invisible qui l’accompagne à chaque instant. Sa mère « restera toujours vivante dans sa vie, dans ses pensées et dans son cœur ».

Cette année encore, ce sera une fête des Mères dans le silence. « Je célébrais cette journée avec elle, avec enthousiasme et tendresse. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de le faire. Chaque fête, chaque réunion de famille… je ressens ce vide », confie-t-elle. L’absence se fait encore plus lourde durant ces moments où la joie se mêle au manque.

Outre la fête des Mères, un autre jour pèse dans son calendrier émotionnel : l’anniversaire de sa maman. « Ce sont les deux jours les plus douloureux de l’année. Je les célébrais toujours avec elle, je lui choisissais un cadeau spécial selon ses goûts. Le mois de mai lui était entièrement dédié », se souvient-elle.

Si l’absence est lourde, les souvenirs, eux, sont précieux. Luxhmee évoque avec émotion les choses simples, mais essentielles : « Sa voix, ses conseils, son sourire, ses blagues… ». Ces moments de complicité, d’amour pur, d’échanges spontanés font désormais partie d’un album intérieur qu’elle feuillette en silence. Les mots, qui sont son outil de travail quotidien, lui paraissent parfois insuffisants pour exprimer cette douleur. « Les mots ne peuvent décrire son absence », souffle-t-elle. 

Si Luxhmee n’est pas encore maman, elle comprend profondément ce que signifie l’amour maternel. Elle sait qu’aucune autre relation ne peut égaler celle-là. « Ma mère était mon roc, mon guide, ma confidente. Elle restera à jamais le plus beau cadeau de ma vie », conclut-elle.


Cédric Marianne : « Quand une mère s’en va, c’est tout l’équilibre qui vacille »

Cédric avec sa maman,  Marie Michelle Marianne.
Cédric avec sa maman, Marie Michelle Marianne.

Pour Cédric Marianne, habitant d’Albion et assistant technique de profession, la fête des Mères est désormais teintée de mélancolie. Depuis le 25 novembre 2023, il vit avec un vide que rien ne peut combler : celui laissé par sa maman. « Perdre ma mère a été l’épreuve la plus difficile de ma vie », confie-t-il avec une émotion intacte.

Tout a basculé un mois après les 70 ans de sa mère. « Elle a fait un AVC. Deux jours plus tard, elle est tombée dans le coma », raconte-t-il. Commence alors une attente douloureuse, empreinte d’espoir et de prières. Pendant 19 jours, Cédric et ses proches oscillent entre peur et foi, mais l’issue sera tragique. « Le destin en a décidé autrement. Elle nous a quittés un samedi », dit-il.

Depuis ce jour, la douleur ne l’a pas quitté. « C’est une blessure qui ne guérira jamais. Je vis avec le chagrin, la tristesse. Ce sont mes compagnons de route désormais », avoue-t-il. À 30 ans, il mesure à quel point l’amour maternel est irremplaçable. Chaque jour est un combat pour avancer. « Je prie Dieu pour qu’il me donne la force et le courage de continuer, mais ce n’est pas facile », fait-il comprendre.

Si Cédric n’a pas encore d’enfants, il comprend aujourd’hui la place essentielle d’une mère dans une vie. « Elle me manque terriblement. Tous les jours », indique-t-il. Et certains souvenirs ravivent encore plus cette absence : ses plats faits maison, sa tendresse infinie, sa capacité à consoler, à dire ce qu’il fallait au bon moment. « Une mère, c’est un pilier. Et quand une mère s’en va, c’est tout l’équilibre qui vacille », dit-il.

Aujourd’hui, il s’accroche à ses valeurs, aider les autres, comme il le fait dans son métier, pour continuer à avancer. En silence, avec courage. Et avec, toujours en lui, l’amour de celle qui l’a élevé. « J’étais le seul enfant à être avec mes parents à Maurice, mes trois grandes sœurs sont à l’étranger. Du coup, il y avait un lien spécial avec ma mère. C’est elle qui me consolait quand il fallait ou alors me grondait aussi.

Aujourd’hui, je dois trouver la force d’avancer, mais ce n’est pas simple », avoue-t-il.

 

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