Évacuations sanitaires : le juteux business de l’affrètement des jets privés

Avec la pandémie de la Covid-19, s’il y a un business qui a pris son envol, c’est bien celui de l’affrètement des jets privés. La tendance est mondiale et touche également l’île Maurice. « Nous avons en moyenne trois vols sanitaires par semaine depuis le début de l’année. Le nombre a explosé », explique une source à l’aéroport.

Avec l’évacuation du leader du Parti travailliste et ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, vers New Delhi par la compagnie aérienne indienne SpiceJet, mercredi dernier, par avion ambulance, nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit d’une exception. Or, tel n’est pas le cas.

Beaucoup de gens ont encore à l’esprit la tentative d’évacuer l’homme d’affaires Carl Ah Teck vers l’Australie. Alors qu’un jet privé l’attendait déjà sur le tarmac de l’aéroport de Plaisance, le 10 avril 2020, il n’avait pu embarquer, étant trop affaibli pour pouvoir tenir ce voyage par avion. Il était décédé le même jour. En revanche, d’autres membres de cette famille, également positifs à la Covid-19, ont pu embarquer pour l’Australie.

« Les évacuations sanitaires par jet privé à partir de Maurice concernent principalement des expatriés qui ont contracté la Covid-19 à Maurice et qui préfèrent se faire soigner dans leur propre pays pour diverses raisons. Certains ne font pas confiance au système santé mauricien, d’autres préfèrent être pris en charge dans leur pays d’origine où ils se sentent plus chez eux qu’ici », explique le responsable d’une compagnie qui facilite l’expatriation d’étrangers par jets privés.

Certains hommes d’affaires étrangers, voire même des retraités aisés, qui se trouvent à Maurice, sont couverts par International SOS. Cette dernière est une compagnie qui vient au secours de ceux qui sont malades et qui ont besoin d’une assistance d’urgence pour être aérotransportés vers un autre pays pour des soins.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, International SOS a assuré l’évacuation de plus de 11 000 personnes à travers plus de 80 pays. 

D’après le rapport du 3e trimestre 2020 de PrivateFly, portail de réservation d’avions privés, le nombre de voyageurs par ce mode de transport a augmenté de 44 %. La moitié de ceux-ci ont pris un jet privé pour la première fois. Deux raisons expliquent le phénomène. La pandémie de la Covid-19 bien entendu, mais aussi une forte baisse des prix des trajets. « Comme la demande a explosé, les prix ont baissé. Puis, beaucoup de compagnies aériennes qui faisaient du commercial ont également commencé à proposer ce service », explique un ancien CEO d’Air Mauritius.

Côté prix, certains ont pu s’étonner du montant déboursé pour l’évacuation de Navin Ramgoolam. La location du premier jet médicalisé qui avait été retenu, un Challenger 605 construit par la compagnie Bombardier, devait coûter environ USD 154 000, soit quelque Rs 6,5 millions. Par contre, l’avion qui a finalement été retenu, un Boeing 737-8GJ médicalisé, a coûté 120 000 dollars, soit environ Rs 5 millions.