
Dans le cadre de l’enquête judiciaire sur la mort de Stève Jacquelin Juliette après son interpellation en janvier 2023, l’expert français Dr Pierre Perich a conclu que le stress vécu ce jour-là a précipité un arrêt cardiaque fatal. Il n’y avait aucune lésion superficielle, mais les coups que Stève Jacquelin Juliette aurait reçus lors de son interpellation, le 5 janvier 2023, auraient contribué à précipiter sa mort. C’est ce qu’a soutenu, le vendredi 2 mai 2025, le Dr Pierre Perich, expert français mandaté pour effectuer une contre-autopsie sur le corps de cet habitant de Goodlands. Il témoignait dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours devant le tribunal de Pamplemousses.
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Les services du Dr Perich avaient été sollicités par le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), dans le but d’éclaircir les circonstances entourant le décès de Stève Jacquelin Juliette. Lors de son témoignage, l’expert a expliqué la méthodologie utilisée pour rédiger son rapport de 34 pages.
L’expert a précisé que le corps se trouvait dans un état de décomposition avancé au moment de son examen. Il a noté la présence de traces laissées par la première autopsie. « Il n’y avait pas d’infiltrations sanguines sous la peau. Aucune lésion superficielle, ni trace de blessure pouvant être associée à un acte de violence », a déclaré le Dr Pierre Perich à la barre.
Par la suite, il a analysé le rapport du Dr Beegun, le médecin qui avait pris en charge Stève Jacquelin Juliette lors de son admission à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam dans la soirée du 5 janvier 2023. Selon lui, ce témoignage est déterminant, car le Dr Beegun avait administré un antidote aux opiacés, geste habituellement réservé aux cas suspectés d’overdose. « C’est ce qu’on fait quand on pense qu’une personne fait une overdose », a expliqué l’expert français. L’expert a également passé en revue le rapport de la première autopsie, réalisée par le chef du département médico-légal, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, assisté des médecins légistes Dr Maxwell Monvoisin et Dr Prem Chamane. Pour appuyer son analyse, le Dr Perich a intégré dans son propre rapport plusieurs clichés issus de cet examen initial.
À l’appui de ces photographies, il a relevé la présence de deux types d’ecchymoses sur certaines parties du corps de la victime — notamment au bas du dos, sur les lèvres et au niveau du mollet. Il s’agirait d’ecchymoses récentes et d’autres en cours de résorption. Par ailleurs, il a indiqué n’avoir constaté aucune lésion visible au niveau des testicules. Toutefois, il a noté un gonflement dans la région génitale. « Il semble y avoir un œdème périphérique. Peut-être a-t-il reçu un coup, mais on ne peut rien affirmer uniquement à partir d’une photo », a-t-il précisé.
POUMONS GORGÉS D’EAU
Le Dr Pierre Perich a ensuite exposé ce qu’il considère comme la cause terminale de la mort de Stève Jacquelin Juliette. Selon lui, les poumons du défunt pesaient entre 750 et 800 grammes et étaient saturés d’eau. Il a également mis en lumière plusieurs pathologies préexistantes : un taux de cholestérol élevé, des dépôts graisseux au niveau cérébral, ainsi qu’un taux d’obstruction des artères coronaires atteignant 95 %. « Il a subi plusieurs infarctus silencieux et présentait une hypertrophie cardiaque. Ce n’est pas le cœur d’un homme de 36 ans », a déclaré l’expert. Par ailleurs, des analyses capillaires ont révélé des traces de codéine, de morphine et d’héroïne, des substances connues pour provoquer des troubles du rythme cardiaque. Revenant sur le déroulement des faits le 5 janvier 2023, le médecin légiste a estimé que Stève Jacquelin Juliette avait vécu une journée particulièrement éprouvante. En se fondant sur les images de son interpellation, il a évoqué un homme au « visage terrorisé ». Selon lui, la victime a ressenti une peur intense, un sentiment de danger imminent. « Et s’il a effectivement reçu un coup à la région génitale, cela a pu amplifier son stress. L’ensemble de ces facteurs — peur, palpitations, sueurs abondantes — l’ont replongé dans les épisodes traumatiques de la journée. Il a peut-être reçu des coups lors de son arrestation, mais rien de nature à causer directement sa mort », a-t-il conclu.
Répondant aux questions de Me Nataraj Muneesamy, assistant du Directeur des poursuites publiques, l’expert a confirmé que la victime était vulnérable en raison de ses pathologies antérieures.Q : Ce qui s’est passé ce jour-là aurait-il pu précipiter un arrêt cardiaque ?
R : J’en suis sûr.À l’issue du témoignage du Dr Pierre Perich, Me Sailesh Seebaruth, agissant en tant que « watching brief » pour le Dr Sudesh Kumar Gungadin dans le cadre de cette enquête judiciaire, a présenté une motion afin d’obtenir une copie du rapport de l’expert français. L’objectif : permettre au Professeur Gert Saayman, médecin légiste sud-africain mandaté par la police, de formuler ses observations. L’enquête judiciaire a été ajournée au 11 juin 2025.
Dr Pierre Perich a effectué une contre-autopsie sur le cadavre de Stève Jacquelin Juliette.

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