Être bénévole c’est s’engager pour apporter sa pierre à l’édifice. Mais l’engouement des jeunes pour le volontariat est-il toujours présent ou s’éteint-il peu à peu ? Le pays peut-il toujours compter sur des bénévoles sérieux dont la flamme sacrée brûle encore ? Tour d’horizon.
«Construire une nation unie et disciplinée. » Voilà un des principaux objectifs du bénévolat, selon Kobita Jugnauth. C’est ce qu’elle a indiqué dans son discours le vendredi 3 août lors de la remise de certificats à de jeunes volontaires. L’épouse du Premier ministre, qui est aussi la marraine de Volunteer Mauritius, a souligné l’importance d’avoir des jeunes qui veulent contribuer au développement de leur pays.
Kobita Jugnauth estime que si les jeunes s’impliquaient davantage dans le combat contre la drogue, comme le font les membres de Volounteer Mauritius, ce serait déjà un pas en avant. Elle s’est dit satisfaite du programme de trois jours qu’ont suivi une centaine de jeunes au Belle-Rose SSS. « Ils sont formidables. Ils en sont sortis transformés. Ils sont enthousiastes. Ils sont de parfaits exemples de discipline et de travail. Le but du programme est de promouvoir la culture du volontariat parmi les jeunes. »
Les bénévoles ont bénéficié de formations dispensées par plusieurs instances, dont la Police Training School et les Fire Rescue Services. Ils ont aussi suivi des cours en Waterwise Education donnés par la Surf Life Saving Association et d’autres en leadership dispensés par des cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports. Durant la cérémonie de remises de certificats, les jeunes ont donné une démonstration des activités apprises en concluant par une parade.
Marie Napaul, travailleuse sociale, reste convaincue qu’il est essentiel d’inculquer aux plus jeunes l’envie de venir en aide à leur prochain et à la communauté. « C’est une culture que nous devons inculquer à nos enfants. Nous devons leur montrer que nous avons besoin des uns et des autres pour réussir ; que nous avons des droits ainsi que des responsabilités envers les autres et envers notre pays ! »
Eddy Sadien : « Il n’y a plus le même intérêt »
Triste constat d’Eddy Sadien, un travailleur social qu’on ne présente plus. Il est, selon lui, difficile d’avoir des jeunes qui sont prêts à s’engager sur le long terme. La plupart, dit-il, sont plus intéressés à faire de grandes études ou à courir derrière l’argent plutôt que d’aider leur prochain. « Après avoir décroché un certificat, les jeunes veulent faire des études plus poussées pour obtenir un diplôme, une maîtrise, etc. Ils n’ont plus le temps de faire du social. Mais on ne peut pas les blâmer. C’est la société elle-même qui a mal évolué. Quand les jeunes voient des hauts cadres avec un gros salaire, ils veulent la même chose. C’est devenu normal. Or, on aurait pu éviter cela en poussant les jeunes vers le social. »
Eddy Sadien parle d’un manque d’enthousiasme des jeunes. « Il est clair que le volontariat n’attire plus les jeunes comme avant. Cela ne changera pas car la société fonctionne ainsi. »
Le travailleur social estime que pour promouvoir le bénévolat auprès des jeunes, il faudrait tout reprendre à zéro. « Le système d’éducation des plus jeunes doit être revu dès le pré-primaire. Le système éducatif doit apprendre aux jeunes à développer leur esprit d’analyse afin qu’ils puissent faire leur propre jugement. La société ne prépare plus les jeunes à intégrer une société d’entraide. Ils sont seulement préparés à travailler et à faire plus d’argent. »
Isabelle David, du Collectif Drwa Zanfan Morisien :
« La société d’aujourd’hui se préoccupe de l’argent »
- Que signifie le volontariat pour vous, qui êtes travailleuse sociale, et quel constat faites-vous pour Maurice ?
Le volontariat signifie être présent et donner de son temps, faire preuve de patience, donner son énergie et tenir à une cause sans rien attendre en retour. J’ai débuté dans le social en tant que volontaire. Je suis aujourd’hui travailleuse sociale. Être volontaire est un acte complètement indépendant sans aucune contrainte. Il faut vraiment vouloir le faire.
Dans le passé, beaucoup de personnes faisaient du social à titre bénévole. Cela permettait aux associations et organisations non gouvernementales (ONG) d’avoir un soutien gratuit. Les jeunes s’engageaient aussi plus facilement. De nos jours, ils sont moins intéréssés à siéger à un comité éxécutif car ils ne sont pas rémunérés. Mais, ce n’est pas de leur faute. Cela fait partie de notre société d’aujourd’hui. Une société qui évolue en se préoccupant de l’argent…
- Est-ce que la manière de faire du volontariat a changé ? Est-ce facile d’avoir aujourd’hui des personnes qui s’engagent volontairement à long terme ?
De nos jours, il est difficile d’avoir des jeunes car ils ont de moins en moins de temps à consacrer. Il faut souligner que le temps, c’est nous qui le trouvons. Il faut savoir comment s’organiser.
Les jeunes sont souvent indisponibles même pour quelques heures seulement. Idem pour participer à une quête pour la bonne cause. Ils sont rarement présents.
- Comment peut-on encourager le volontariat ?
Je suis persuadée que tout doit commencer dès l’enfance. C’est le rôle des parents et des éducateurs d’encourager les enfants à travers les valeurs inculquées. Les enfants doivent apprendre à donner sans rien attendre en retour. Il faudrait donner une place importante au volontariat dans les écoles ou mettre en place des clubs.
Cédric Jules, ambassadeur de Project Rescue Ocean à Maurice :
« Ils savent qu’ils doivent protéger l’environnement »
Cédric Jules explique que son ONG existe à Maurice depuis trois ans environ. En 2015, le projet a pris naissance en France grâce à Benoit Schumann. « Son but était principalement de sensibiliser le public, en particulier la jeunesse, à la dégradation constante de l’environnement du littoral et des côtes. Il a ainsi décidé de mener des actions concernant les plages et les rivières car elles sont toutes liées », explique-t-il.
À la suite des plongées qu’il a faites dans bon nombre de lagons, il dit avoir constaté la présence d’une quantité importante de déchets. C’est de là que lui est venue l’idée de développer cette pratique dans le monde.
Selon les dires du bénévole, cette pratique a débuté à Maurice après sa rencontre avec le fondateur. « C’est ainsi que je suis devenu l’ambassadeur de l’antenne de Project Rescue Mauritius à Maurice. À ce jour, nous comptons plus d’une cinquantaine de bénévoles actifs. Nous avons mené plusieurs campagnes de sensibilisation dans les écoles et les universités », ajoute-t-il.
D’après Cédric Jules, le but est de changer la mentalité des Mauriciens concernant les plages. « Nous comptons prochainement faire une activité collaborative et inclure le ministère de l’Environnement. Je dois souligner que nous avons la précieuse aide des conseils de district à travers l’île et celle du ministère en matière de matériels de nettoyage », précise-t-il.
Pour lui, ce n’est pas difficile de trouver de jeunes bénévoles : « Ils viennent vers nous, après avoir écouté nos causeries, pour nous prêter main forte durant nos campagnes de nettoyage sur les plages. Ils sont conscients du fait qu’il faut protéger leur environnement. »
Témoignages
Les volontaires de Volunteer Mauritius
Sarvani Seechurn- Formation Police Service – 24 ans :
« Nous avons beaucoup appris sur la discipline et le respect des lois. Nous avons pu bénéficier des formations avec des officiers de l’Adsu, de ceux de la prévention des crimes et d’une sensibilisation avec les officiers concernant les méfaits de la drogue et de l’alcool. »
Salmaan Bhalan – Formation Waterwise education – 18 ans :
« Nous sommes entourés d’eau mais malheureusement, cela n’empêche pas le nombre de noyade d’augmenter chaque année. Nous avons été formés pour observer le courant d’eau. Ainsi, lorsque nous allons à la plage, nous pouvons identifier les potentiels dangers. Nous avons également appris à situer les bouées placées en mer pour déterminer leurs utilités et leur importance de même que les premiers soins pour une personne qui se retrouve en difficulté en mer. Comme le massage cardiaque, par exemple. »
Foon Kioune Ng - Formation Fire and Rescue Service – La trentaine :
« Nous avons appris comment circonscrire un feu, utiliser une lance à incendie et les précautions à prendre. Ces outils sont souvent à portée de main mais malheureusement, nous n’étions pas formés pour les utiliser en cas d’urgence. Nous avons également pu mettre en pratique des exercices avec des extincteurs. »
Girisutah Subbragan-Formation Leadership-19 ans :
« C’est la première fois que je prends part à une activité du Volounteer Mauritius Academy. Nous avons appris à développer nos qualités. Nous devons maintenant mettre l’accent sur la discipline et connaître nos qualités sur le bout des doigts afin d’en faire des atouts pour être un bon leader. »
Clin d’œil à Koffi Annan
Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), est mort le 18 août 2018, à l’âge de 80 ans. On se souviendra de lui comme un ambassadeur de la paix et un homme au service de l’humanité. Le 31 janvier 1999, lors du Forum économique mondial de Davos, il émet pour la première fois, dans son discours, l’idée d’un Pacte mondial. Ainsi, au lancement du Global Compact des Nations unies en juillet 2000, les entreprises, les agences des Nations unies, le monde du travail et la société civile se rassemblent autour de dix principes, universellement reconnus. Ils fournissent un cadre d’engagement volontaire aux organisations qui souhaitent faire progresser leur démarche de responsabilité sociétale au sein des entreprises et des organisations de tous les pays. Peu importe leur secteur d’activité ou leur taille.
18 ans plus tard, le Global Compact est la plus importante initiative internationale d’engagement volontaire en matière de développement durable. Il regroupe plus de 13 000 participants dans 170 pays. C’est aujourd’hui le point de départ pour toute organisation cherchant à soutenir les 17 Objectifs de développement durable (ODD) adoptés en septembre 2015 par l’ONU. Ces objectifs offrent un agenda universel à atteindre d’ici 2030 pour construire un monde plus durable et inclusif.
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