En marge du prochain budget, la classe syndicale, les associations de consommateurs et autres organisations de la société civile s’activent à préparer leurs cahiers de revendications à soumettre au ministre des Finances. Le point.
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Le premier Budget de Pravind Jugnauth, en tant que Premier ministre et ministre des Finances, suscite beaucoup d’espoirs. Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC) précise : «C’est le moment ou jamais pour Pravind Jugnauth de présenter un budget de relance économique, tout en consolidant les droits des travailleurs, des consommateurs et des personnes âgées. »
Rétablir le pouvoir d’achat
La priorité des priorités, estime Haniff Peerun, est de rétablir le pouvoir d’achat. « Le chiffre officiel de l’inflation ne reflète pas la réalité, si l’on compare les hausses successives de prix dans le commerce ». Il est favorable à l’introduction d’un contrôle sur les prix des produits de base afin de protéger les plus démunis de la population.
Une idée que partage Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim). « 40% du budget des plus démunis vont dans l’alimentation. Les autorités doivent veiller à ce que les fluctuations de prix ne se répercutent pas sévèrement sur les produits et services essentiels.» L’Acim préconise à cet effet la création d’une section de Recherche et développement au ministère du Commerce et de la Protection des consommateurs. L’une de ses responsabilités sera d’analyser si les hausses des prix sont justifiées ou pas. Pour justifier cette demande, il cite des hausses de prix jugées irrationnelles, comme pour les ‘dholl puris’.
Clency Bibi, président de la General Workers Federation, plaide aussi pour des mesures « protégeant le pouvoir d’achat de la classe ouvrière.»
Sécurité alimentaire
« Maurice n’est pas à l’abri d’une grave crise alimentaire. Les autorités doivent prendre des mesures pour encourager la production locale », estime Eric Mangar, directeur du Mouvement pour l’autosuffisance Alimentaire (MAA). Il souhaite que le prochain budget fasse provision pour la distribution des bacs et semences à 4 000 familles pauvres, afin de les encourager à produire leurs propres légumes. « Les plus pauvres seront les plus affectés en cas de crise alimentaire mondiale, avance-t-il. Le MAA dispose de toute la logistique nécessaire pour piloter un tel projet. Nous avons déjà lancé un projet similaire au niveau des écoles primaires... »
Le MAA souhaite que le gouvernement réactive le Food Security Fund, qui disposait d’un budget de Rs 1 million. « Dommage qu’aucun projet n’ait été réalisé. Nous souhaiterons une refonte des organismes tombant sous le ministère de l’Agro-industrie afin d’améliorer leurs services. Nous suggérons l’institution d’un comité regroupant des organisations non gouvernementales pour la concrétisation des projets initiés par le gouvernement. Le ministre des Finances doit aussi relancer l’élevage à Maurice. »
Radhakrishna Sadien, président de la GSEA, souhaite des mesures gouvernementales pour contrôler plus efficacement l’utilisation des pesticides, herbicides et fertilisants dans la production des légumes. « Il faut une refonte complète de notre politique agricole et une revalorisation des centres agricoles. » Le principal négociateur de la Sugar Industry Labourers Union (SILU) met aussi en garde contre la conversion des terres agricoles pour des projets immobiliers : « Le gouvernement doit prévoir une Land Bank pour assurer notre production agricole. »
Mesures fiscales
Les dirigeants syndicaux jugent indécent qu’il n’y ait qu’un seul barème d’impôt (15%) pour les compagnies et les individus. Outre le paiement de l’impôt, les salariés sont assujettis à une taxe sur la valeur ajoutée de 15% sur leurs achats. Ce qui fait dire à Haniff Peerun que les Mauriciens de la classe moyenne sont frappés d’une taxe de 30% ! D’où son appel pour une exemption de la TVA sur tous les produits alimentaires et d’un barème d’impôt gradué pour les salariés : « On peut frapper de 5% de taxe la première tranche de Rs 20 000 et 10% par la suite. »
Clency Bibi de la GWF réclame une exemption d’impôt sur le revenu pour les salariés touchant jusqu’à Rs 25 000 de revenus mensuels. Pourquoi ? « De nombreux salariés ont été contraints de payer l’impôt après qu’ils ont bénéficié de la compensation salariale prévue sous le rapport PRB. Or, ils étaient exemptés d’impôts dans le passé.»
Relations industrielles
Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions, insiste pour l’instauration d’une Parastatal Bodies Service Commission pour assurer la transparence des recrutements et des promotions dans les corps paraétatiques. « Ces derniers devraient bénéficier d’un budget plus conséquent pour amener à bien leur mission de service à la population.»
Radhakrishna Sadien insiste aussi pour que les autorités prennent des mesures pour faire respecter la loi sur la santé et la sécurité au sein des ministères. « Certains départements sont dépourvus des aménités de base, et ne se conforment pas à l’Occupational Safety and Health Act. »
Devanand Ramjuttun lance un appel pour que les services essentiels (dont la Central Water Authority) ne soient pas privatisés. « Le ministre des Finances doit prendre des mesures pour que les employés contractuels de l’industrie sucrière bénéficient des mêmes droits que les permanents. »
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