Des salariés de sociétés de nettoyage touchent Rs 3 000 par mois alors que le Renumeration Order prévoit Rs 8 085 mensuellement. Le ministère du Travail envisage des sanctions.
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Raj, (prénom fictif), père de famille de 45 ans, travaille comme cleaner / scavenger depuis mars dernier. Ce dernier explique qu’il touche un salaire de Rs 3 000 par mois. Il est employé par une compagnie de nettoyage qui assure l’entretien des toilettes publiques dans la région Sud, à Baie-du-Cap et Le Bouchon, entre autres.
Ces toilettes publiques, placées sous la tutelle du ministère de l’Environnement, sont nettoyées tous les jours par Raj et ses collègues. La compagnie en question a répondu à un appel d’offres de l’Environnement. « Bien que je travaille au sein de cette compagnie, je ne reçois aucune fiche de paie », déplore Raj. « De plus, nous sommes payés, la plupart du temps, avec au moins un mois de retard. Mis à part les seaux et quelques produits nettoyants, aucun autre équipement n’est fourni par notre employeur. Je ne pense pas non plus que ce dernier contribue au Fonds national de pension de la Sécurité sociale. »
Sollicité pour une réaction, Leevy Frivet, attaché de presse au ministère du Travail, affirme que le Bureau du Travail est en présence de 18 plaintes contre la compagnie de nettoyage pour non-paiement de salaires. « Nous avons reçu beaucoup de plaintes de la part des employés de cette entreprise. Toutefois, dans bien des cas, certains viennent au Bureau du Travail uniquement pour obtenir leur salaire et ne veulent pas déposer une plainte formelle contre l’employeur. Même si les lois ont été adoptées pour protéger les salariés, il faut que ces derniers viennent de l’avant pour dénoncer les violations s’il y en a. »
Il semblerait que l’employeur n’a pas fait preuve de sérieux dans ce cas précis, lorsqu’il a été contacté par les officiers du ministère du Travail, selon les renseignements obtenus. Nous apprenons également qu’il aurait remis des chèques sans provision à ses employés quand il a été sommé de verser les salaires.
Nous avons tenté d’obtenir la version de l’employeur, mais ce dernier n’a pas répondu à nos appels.
Leevy Frivet rappelle que, selon les dispositions des Cleaning Enterprises Remuneration Regulations (GN 191 of 2013), un employé d’une compagnie de nettoyage qui travaille à plein temps doit obtenir un salaire de Rs 8 085 pendant le premier mois (voir tableau en encadré) alors que celui qui bosse à temps partiel doit percevoir Rs 40.81 de l’heure. Il affirme qu’une enquête est menée sur cette compagnie en ce moment.
Ce n’est pas la première fois que le ministère du Travail enquête sur les sociétés de nettoyage. Le 16 août 2016, le ministre Soodesh Callichurn répondait à une question du député MSM Bashir Jahanheer concernant les conditions salariales des employés du secteur de nettoyage. Ceux-là assuraient l’entretien de 161 écoles primaires. Le ministre avait assuré que des décisions seraient prises après enquête.
Salaire de base (GN 191 of 2013)
1re année : Rs 8 085
2e année : Rs 8 235
3e année : Rs 8 385
4e année : Rs 8 540
5e année : Rs 8 723
6e année : Rs 8 905
7e année et plus : Rs 9 088
Jane Raggoo, syndicaliste : «Exploitation à outrance»
Jane Ragoo n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer cette situation. De nombreux travailleurs font face à ce problème. « L’ancien gouvernement, comme celui en place, continue avec cette pratique. Ils accordent de gros contrats aux entreprises qui emploient des personnes au bas de l’échelle, affirme la syndicaliste. Toutefois, il n’est pas intéressé à savoir combien touchent ces personnes ni connaître les conditions dans lesquelles elles travaillent. Pourtant, l’État mauricien est signataire de la Convention 94 du Bureau international du travail sur le Public Contract. Il a donc la responsabilité de s’assurer que les employés disposent de conditions de travail et un salaire décents. Tel n’est pas le cas, c’est pourquoi nous voyons cette exploitation à outrance de ces personnes. »
Jane Raggoo ajoute que les femmes sont de plus en plus nombreuses à être victimes de cette exploitation. Elles travaillent dur au détriment de leur santé la plupart du temps . « Kan pena travay dimoun pe aksepte travay pou dipin diber. » La syndicaliste soutient que « le gouvernement se doit de recruter ces personnes. Bizin aret explwat dimoun. Il faut cesser de penser que dans les écoles ou les bureaux, seul importe le personnel du Top Management, enseignants ou directeurs. Il faut avoir la même considération pour tous les employés au bas de l’échelle. Les autorités doivent régulariser la situation de ces employés et cesser de penser au seul bonheur des chefs d’entreprise ».
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