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Si le Métro Express a transformé la mobilité urbaine, il n’a pas résolu le problème des embouteillages. Experts et observateurs préconisent des solutions comme le covoiturage, la délocalisation des bureaux et des horaires flexibles pour désengorger les routes mauriciennes.
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En maintes occasions, l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth avait affirmé que le projet du métro léger visait à permettre au pays d’économiser Rs 4 milliards. L’argument était fort, d’autant qu’il était accompagné d’une promesse séduisante : la restructuration du cadre économique et social. L’idée était que chaque station devienne un véritable centre d’activité économique. Pour le leader du MSM, il était évident que le projet était solide et durable. Tous ces argumentaires visaient sans doute à faire accepter plus facilement le projet, mais cinq ans après, le pays se retrouve dans un gouffre économique.
Avec un parc automobile qui comptait plus de 710 605 véhicules enregistrés à fin décembre 2024, les routes sont de plus en plus engorgées sur les divers axes menant vers Port-Louis ou dans les grands villages. Cela, en dépit de divers projets d’autoponts, de routes de contournement ou encore du pont reliant la route A1 à l’autoroute M1 pour permettre d’accéder à Port-Louis sans passer par le pont de Grande-Rivière-Nord-Ouest. Au final, les bouchons ont été tout simplement délocalisés d’un point à un autre, malgré les bonnes intentions de ces diverses initiatives. Eu égard à la situation, d’anciens projets sont dépoussiérés afin d’évaluer à nouveau leur faisabilité dont le « Harbour Bridge » ou le « Ring Road ». Reste à savoir s’ils seront mis en pratique.
Diverses autres solutions sont proposées par des observateurs, parmi lesquelles le covoiturage, un concept qui semble prendre du temps à être « accepté » ou qui n’est pas suffisamment pratiqué pour faire une réelle différence sur nos routes. « Les embouteillages sont dus au nombre de voitures qui convergent vers une même direction à un certain moment de la journée », dit, en toute logique, Manoj Rajkoomar, président de la Driving School Instructors Association.
Avec le flot de véhicules qui se dirigent vers Port-Louis pour le travail ou autre, il est indéniable que la route sera bloquée, ajoute-t-il. Une des mesures qui pourraient atténuer cette situation est la délocalisation de certains bureaux de l’État. Pour lui, c’est une des solutions qui peut être mise en œuvre rapidement. Alain Jeannot, de Prévention Routière Avant Tout (PRAT), partage le même avis et déplore cette centralisation des bureaux à Port-Louis.
Manoj Rajkoomar rejoint également Alain Jeannot sur la nécessité de valoriser le covoiturage. Pour les deux hommes, il est presque aberrant que des collègues ou connaissances, se rendant dans la même direction, ne puissent faire la route ensemble afin de réduire le nombre de véhicules en circulation. Voilà environ une année qu’Alain Jeannot a lancé l’idée du covoiturage et, récemment encore, il a posté une vidéo sur sa page Facebook pour illustrer une fois de plus ses propos.
Pour lui, il n’y a pas d’optimisation de l’espace dans les véhicules arrivant à Port-Louis avec uniquement le conducteur, sans aucun passager. Il affirme qu’en sus de passer le message au grand public, il a déjà soumis cette proposition aux instances concernées.
Si certains pratiquent déjà le co-voiturage, il est d’avis qu’une adoption à plus grande échelle contribuera à soulager le trafic à Port-Louis. « Certes, ce n’est pas la solution miracle, mais c’est une des solutions qui peut être mise en place rapidement de par sa simplicité », indique Alain Jeannot. Ceux qui détiennent un permis de conduire et qui travaillent dans le même bureau pourraient instaurer un système de rotation pour partager la conduite.
Bien qu’il soit conscient des inconvénients, il nuance en déclarant : « Toutes roses ont leurs épines », faisant ainsi une analogie. « Quand on tient compte du temps perdu dans les embouteillages, c’est considérable », dit-il. Se référant à une étude effectuée en 2006, il rappelle qu’on y perdait 600 heures par an, alors que le parc automobile comptait environ 300 000 véhicules. Ce chiffre a plus que doublé l’année dernière avec 710 605 véhicules enregistrés à la fin de l’année dernière.
Pour Alain Jeannot, ce ne sont pas seulement des heures perdues pour les individus. La productivité en pâtit aussi, notamment à cause des retards des employés à leur arrivée au travail et des délais dans les livraisons. « L’impact économique et sanitaire est immense. Le secteur médical, affecté par les embouteillages, émet 1,5 gigatonne de gaz carbonique par an, selon des chiffres datant de deux ans », affirme-t-il.
D’où l’intérêt d’adopter le covoiturage pour lutter contre les bouchons, même si ce n’est pas la solution idéale. Il est d’avis qu’il faut cesser de considérer la possession d’une voiture comme un symbole d’indépendance, de classe sociale ou de mobilité ascendante.
Manoj Rajkoomar reconnaît, cependant, qu’il est impossible d’empêcher une personne d’utiliser son propre véhicule au profit des transports en commun, qu’il s’agisse des autobus ou du métro léger. « Un transport personnel offre de multiples avantages aux utilisateurs. Il leur confère une certaine liberté », explique-t-il. C’est pourquoi la délocalisation de certains bureaux gouvernementaux vers d’autres régions semble être une solution plus « facile » à implémenter pour réduire le nombre de personnes qui doivent se rendre dans la capitale.
Le président de la Driving School Instructors Association plaide également pour les horaires flexibles. Selon lui, ce concept pourrait aussi être appliqué aux écoles. « Grâce à ce système, le flot de véhicules ne serait pas le même aux heures de pointe », affirme-t-il.
Commentant l’implémentation du Métro Express, il estime que la capacité d’accueil des voyageurs devrait être augmentée afin de transporter davantage de passagers simultanément. Manoj Rajkoomar constate également que ce nouveau mode de transport n’a pas résolu le problème des embouteillages tel qu’il avait été présenté. Selon lui, l’introduction du Métro Express s’est faite au détriment des autobus, car ce sont principalement les passagers des bus qui se sont tournés vers ce mode de transport. « Je n’ai pas l’impression qu’ils sont nombreux à délaisser leur voiture pour prendre le métro », soutient-il.
Alain Jeannot plaide, de son côté, pour une évaluation de l’impact du métro léger sur l’évolution de la circulation routière à Maurice. Comme Manoj Rajkoomar, il se demande si les utilisateurs sont d’anciens automobilistes ou des voyageurs en autobus ayant opté pour une autre alternative.
Concernant le « Harbour Bridge » ou encore la « Ring Road », il estime que ces infrastructures pourraient être des solutions aux embouteillages, même si elles peuvent coûter énormément. « Quand la circulation est bloquée, cela engendre de nombreuses conséquences à long terme », affirme-t-il. Il estime que des routes alternatives pourraient aider à décongestionner le trafic. L’axe Terre-Rouge-Verdun et la route de La Vigie ont apporté un certain soulagement en rééquilibrant le flux de véhicules, même si les embouteillages semblent juste déplacés.
Comme le souligne le professeur Khalil Elahee (voir plus loin), toutes les parties prenantes devraient participer à une table ronde afin d’examiner les solutions possibles pour résoudre le problème des embouteillages à Maurice.
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