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Efficacité énergétique : pas de contrainte pour réduire la consommation

khalil Elahee. khalil Elahee.

En 2015, l’Energy Efficiency Management Office (EEMO) lance un nouveau projet : former des auditeurs énergétiques pour réduire la consommation d’électricité. Sauf que quatre ans après, la consommation continue d’augmenter dans tous les secteurs. La faute à une absence d’exécution des règles en place, selon Khalil Elahee, l’ancien président de l’EEMO.

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L’Energy Efficiency Management Office (EEMO) veut former son personnel pour en faire des auditeurs énergétiques. Ils sont huit techniciens à être concernés au total. Il s’agit d’une nouvelle étape dans le projet phare de l’EEMO : réduire la consommation nationale d’électricité en menant des    audits de bâtiments. De grosses sommes ont été investies depuis 2015 pour former une cinquantaine d’auditeurs énergétiques. Toutefois, les résultats sont peu probants.

Khalil Elahee explique au Défi Quotidien : ‘L’Energy Efficiency Act’= prévoit que les gros consommateurs fassent un audit énergétique. En retour, ils    bénéficient de tarifs réduits. Ainsi, le secteur industriel paie son électricité à environ Rs 2,5 par Kwh, alors que le coût de production est à Rs 5. Idem pour le secteur BPO. Sauf que les règlements prévus n’ont jamais été mis à exécution. Khalil Elahee affirme : « Personne ne fait ces audits et la conséquence, c’est que le gaspillage continue. »

La courbe de la consommation continue en effet de grimper à en croire les chiffres de Statistics Mauritius. De 2016 à 2017, la consommation d’énergie a augmenté de 3,3% au niveau national. Dans le secteur du transport, la hausse était de 4,7% et dans celui du commerce et de la distribution, elle a été de 2,5%. Seul le manufacturier affiche une légère amélioration, avec une baisse de 0,5%. La principale consommation énergétique pour le transport est le carburant, alors que pour le manufacturier et le commerce et la distribution, c’est l’électricité.

Pourquoi cette absence d’audits ?

Il y a trop de complications, selon Khalil Elahee : « Normalement, les gros consommateurs doivent soumettre leur rapport d’audit aux autorités qui doivent les soutenir financièrement et techniquement concernant les recommandations du rapport. » Ce qui entraîne de grosses complications pour tout le monde.

Kendall Tang, l’actuel président de l’EEMO, et également opérateur dans le textile, nie que les audits énergétiques n’ont pas porté leurs fruits. « La consommation absolue, est-ce réellement significatif ? » se demande-t-il. Interrogé par Le Défi Quotidien, il déclare : « Ou alors, doit-on comparer à la production? ». Selon lui, si la production a augmenté de 10% et la consommation de 5%, il s’agit d’un progrès.

Toutefois, même en comparant la production à la consommation, les chiffres ne sont pas positifs. Si la consommation nationale a accusé une hausse de 3,3%, celle de la production a augmenté au contraire de 3,8%, passant de 3 042 à 3 157 Gwh.

Kendall Tang fait ressortir : « Il ne faut pas voir l’augmentation de la consommation électrique comme quelque chose de mauvais pour le pays. L’humain est toujours à la recherche d’un meilleur niveau de vie et de confort. Est-ce qu’on empêchera le Mauricien d’améliorer son niveau de  confort ? » Il argue que dans l’industrie, l’automatisation et la robotisation rendent obligatoire l’augmentation de la consommation d’électricité. « Le  critère absolu, c’est l’énergie consommée par rapport à la valeur ajoutée rapportée au pays. C’est compliqué à mesurer, » explique-t-il.

Khalil Elahee insiste, toutefois, sur une autre déficience dans le système : les talents d’une cinquantaine de Mauriciens formés à grands frais à l’audit énergétique ne sont pratiquement pas utilisés. « Quand il y a des audits énergétiques qui sont menés, notamment grâce au Programme national d’efficacité énergétique (PNEE) qui regroupe le privé et le public, on préfère avoir recours aux étrangers, » assure-t-il. Sous le PNEE, une dizaine de compagnies ont pu obtenir leur rapport d’audit et procéder aux changements nécessaires. Ce qui ne suffit pourtant pas à produire un impact conséquent, selon le spécialiste de l’énergie.

 

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