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Éducation secondaire : zoom sur les modifications de Cambridge aux «Core subjects» 

Le pédagogue, Dr. Hassam Sakibe Coowar.

En 2024-2025, plusieurs matières du School Certificate (SC) connaîtront des ajustements. Ces changements suscitent des interrogations quant à leur impact sur les élèves. On se demande si ces modifications leur seront bénéfiques ou s'ils pourraient potentiellement avoir des effets néfastes sur leur expérience d'apprentissage.

L’anglais, le français, les mathématiques au niveau du School Certificate (SC) 2024-2025 connaissent des changements. Selon le pédagogue, Dr. Hassam Sakibe Coowar, « il est normal et légitime de la part de Cambridge Assessment International Education (CAIE), qui contrôle les examens externes de Maurice depuis l’ère coloniale, de procéder de temps à autre à introduire des mini ajustements dans le contenu de certains cursus aussi bien que dans le format des questionnaires ». 

En principe, le public éducatif de Maurice prend connaissance des changements et autres via les circulaires du MES ou de la PSEA. Malheureusement, il semblerait que ces deux instances n’ont pas été averties, ce que déplore notre interlocuteur. « Il est tout à fait normal de consulter régulièrement le site de Cambridge pour s’informer, mais quand il s’agit de transformer radicalement un questionnaire d’examen, il serait impérieux d’organiser des consultations préalables avec toutes les parties concernées. Au cas contraire, ce serait nous mettre devant un fait accompli. Une vraie démocratie s’impose à travers des réunions ouvertes avec les protagonistes de l’éducation. On peut même parier que ni le ministère de l’Éducation, ni le MES, ni la PSEA n’ont été informés des décisions quasi unilatérales de Cambridge », indique le pédagogue. Ce dernier élabore ci-dessous les changements importants des trois « core subjects » notamment l’anglais, le français et les mathématiques au niveau du SC.

Anglais 

Depuis 1981, année marquante où le questionnaire d'anglais était vendu à un prix très bas dans les journaux, Cambridge avait apporté des changements significatifs à son examen, en particulier en abandonnant les « close tests » (questions à choix multiple avec des phrases à compléter) au profit de la compréhension par le biais de questions à choix multiples (MCQ). 

Cette transformation concernait le Papier I de l'examen, qui se divisait en deux parties principales :

  1. « Writing » : Dans ce Papier I, les candidats avaient le choix entre cinq sujets différents pour rédiger un texte d'environ 400 à 450 mots. Ces sujets couvraient une variété de styles de rédaction, tels que des écrits factuels, descriptifs, narratifs, réflexifs et argumentatifs.
  2. (« Directed Writing ») (Développement de Canevas) : Ce Papier II était axé sur la création d'un article, d'un rapport, d'un discours ou d'une autre forme de rédaction. 

La rédaction comptait pour 30 points, tandis que la section consacrée à la rédaction d'un article ou d'un rapport était notée sur 20 points. Cambridge proposait que les candidats allouent 90 minutes au total pour cette épreuve, dont 60 minutes pour la rédaction et 30 minutes pour la rédaction d'un rapport/article. Ensuite, ils passaient au Papier II, qui portait sur la compréhension traditionnelle. 

Plusieurs années plus tard, après avoir observé que les candidats consacraient trop de temps à la rédaction au détriment de l'article/rapport, une modification a été introduite vers 2002. Cette modification a consisté à placer l'article/rapport en tant que première partie de l'épreuve, tandis que la rédaction a été déplacée vers la deuxième partie, en espérant que les candidats consacreraient davantage de temps à la rédaction, toujours pendant 60 minutes. Cependant, cette approche n'a pas donné de résultats positifs, car de nombreux candidats ont continué à accorder plus de temps à la rédaction de l’article/rapport plutôt qu'à la rédaction, même si Cambridge avait équilibré la notation en attribuant 25 points à chaque partie.

Cette année, Cambridge a effectué une modification significative dans l'épreuve de rédaction en éliminant les styles factuel, augmentatif et réflectif, pour ne conserver que les formats narratifs et descriptifs. Or, selon le Dr. Hassam Sakibe Coowar, les professeurs d'anglais expérimentés constatent que les candidats mauriciens ont des difficultés à maîtriser les temps verbaux du passé, notamment le Simple Past Tense, le Past Continuous et le Past Perfect Tense, lorsqu'ils abordent la rédaction narrative ou descriptive.

En ce qui concerne les notes d’évaluation, Cambridge attribue un poids de 42,5 % à cette partie de l'examen. De plus, le Writing Paper conserve sa position en tant que Papier II et sa durée reste de 90 minutes. Ainsi, la section du Directed Writing demeure prépondérante avec une notation pratiquement inchangée.

Le Reading Paper reste toujours le Papier I et représente 42,5 % du total des points de l'examen. Cette partie comporte deux textes : le texte A, d'environ 900 mots, suivi de questions qui valent au total 16 points. Une deuxième section du questionnaire évalue la maîtrise de la langue et le bon usage avec 19 points. Ensuite, la Section B est dédiée au résumé et à de brèves réponses, pour lesquelles 25 points sont attribués. Le résumé devra faire approximativement 150 mots. De plus, l'épreuve orale est maintenue et vaut 25 points, ce qui équivaut à 15 % du total des points attribués dans l'examen.

Le Dr. Hassam Sakibe Coowar précise que c’est simplement un transfert du format des Papiers d’anglais avec quand même l’élimination pure est simple de certains types d’écriture. Soulignons que dans la notation de l’écriture, 10 points seront alloués pour les idées, mais 15 points pour la qualité de langage, dont le style et vocabulaire, etc.

Français

En ce qui concerne la maîtrise du français, le Dr. Hassam Sakibe Coowar affirme que par le passé, les candidats mauriciens obtenaient généralement des résultats sans faute, avec des taux de réussite allant de 90 % à 100 %.

Cependant, récemment, on a observé un déclin des performances globales. En effet, les enseignants de français notent une nette faiblesse dans la compétence linguistique des candidats, qui considèrent souvent le français comme une langue plus difficile que l'anglais. Ainsi, il n'est pas rare de relever quatre à six fautes de français sur une seule ligne dans leurs rédactions.

Notre interlocuteur se pose la question de savoir s'il faudrait changer la situation actuelle et considérer le français comme une langue étrangère, comme c'est le cas pour les Mauriciens qui passent l'examen May/June. « La plupart d'entre eux obtiennent des résultats très bons, tels que A+ ou A. Cependant, la situation est différente pour l'examen French for Mauritius en octobre/novembre. Cambridge a introduit deux examens plus accessibles, mais ils ne sont pas nécessairement de la même exigence que le O level. Cette décision a été prise sans consulter le Panel Spécial du Français à Maurice, qui supervise à la fois la langue et la littérature françaises pour l'île », fait-il ressortir.

Le Papier I est composé du « Reading and Usage » qui dure 90 minutes et qui vaut 50 points. Les cinq exercices différents, proposés aux candidats, incluent des textes de lecture qui sont assez exigeants pour des jeunes de 15 à 16 ans qui passent cet examen. Dans le dernier exercice, on retrouve le « close-test » qui avait été abandonné pour l'anglais dans les années 70.

En ce qui concerne le Papier II, le principal problème réside dans l'élimination de l'exercice de traduction. « Le fait de ne plus avoir à travailler la traduction de l'anglais vers le français, une pratique établie depuis plus d'un siècle pour perfectionner notre bilinguisme, signifie que Cambridge tente maintenant de nous transformer en écrivains. Il faut désormais composer deux rédactions, supposément pour s'adapter à l'ère numérique, dans ce Papier II qui vaut 50 points et dure 90 minutes. Supprimer la traduction d'un examen revient à négliger notre capacité bilingue, car c'est principalement par la traduction que nous enrichissons notre vocabulaire dans les langues », indique le pédagogue.

Les mathématiques

Les mathématiques restent une source de difficulté majeure pour la plupart des élèves, qu'ils soient garçons ou filles. Selon notre interlocuteur, face à cette baisse de performance, il aurait fallu rendre cette matière cruciale plus accessible, intéressante et attrayante pour les élèves. Cependant, selon lui, le nouveau programme de Cambridge va malheureusement à l'encontre de cet objectif.

Tout d'abord, il y a eu la suppression des Syllabus A et C, conformément aux recommandations Armoogum Parsuramen lorsqu'il était ministre de l’Éducation, dans le but de retirer des chapitres difficiles du Syllabus D. Maintenant, il n'y a qu'un seul programme, appelé le Cambridge Upper Secondary Maths, qui intègre des chapitres difficiles de Additional Maths, à savoir les « Surds, Exponential Growth, Recurring Decimal Notation, Graphs for Exponential, Sketching Graphs », etc. « Est-ce que cela ne revient pas à décourager les élèves envers les mathématiques ou à les effrayer encore plus face à cette matière ? », se demande le Dr. Hassam Sakibe Coowar.

Il estime qu'il est légitime de se questionner sur la raison qui sous-tend ces modifications, lesquelles, à son avis, perturbent considérablement l'ensemble du système. Il soulève plusieurs points d'interrogation concernant ces changements :

• Est-ce que ce changement va réellement simplifier l'apprentissage des élèves âgés de 15 à 16 ans pendant leur scolarité ?
• Représente-t-il une amélioration par rapport au système précédent ?
• Les enseignants sont-ils prêts à adapter leurs méthodes de travail ?
• Existe-t-il des manuels scolaires, tant sur le marché local qu'à l’étranger, spécifiquement conçus pour répondre aux nouveaux programmes de manière adéquate ?

 

 

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