Chaque année, à l’occasion de la Journée mondiale du cœur, observée le 29 septembre, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur les facteurs de risque et les moyens de prévention des maladies cardiovasculaires. Cette année, le Dr Yanish Purmah, cardiologue, revient sur les symptômes qui doivent alerter.
Les maladies cardiovasculaires représentent l'une des principales causes de mortalité et de morbidité à Maurice, un constat alarmant qui ne cesse de s’aggraver. Selon les statistiques, le nombre de décès liés à ces pathologies continue d’augmenter chaque année. En 2022, plus de 4 300 décès ont été recensés à cause de maladies cardiovasculaires, parmi lesquels près de 2 700 étaient spécifiquement dus à des maladies cardiaques. « Ce phénomène inquiétant a de nombreuses causes, que ce soit de facteurs intrinsèques aux individus ou d'éléments externes liés à leur mode de vie », explique le Dr Yanish Purmah, cardiologue.
Selon le Dr Purmah, les maladies cardiovasculaires sont causées par une combinaison de facteurs « modifiables » et « non modifiables ». Parmi les facteurs non modifiables, c’est-à-dire ceux sur lesquels un individu n'a pas de prise directe, on retrouve l'âge, le sexe, l'ethnicité et les antécédents familiaux. « Ces éléments constituent des prédispositions qui, bien qu'incontrôlables, doivent être surveillées de près, notamment à partir d'un certain âge », précise-t-il. En revanche, il existe plusieurs facteurs modifiables que les individus peuvent contrôler pour réduire leur risque de développer des maladies cardiaques. Ceux-ci incluent l'hypertension, le diabète, l'obésité, le tabagisme et l'hypercholestérolémie.
Pour le cardiologue, il est particulièrement important de souligner que Maurice connaît une augmentation alarmante de l'hypertension et du diabète, deux pathologies qui ont un impact direct sur la santé cardiaque. « Il n’est pas surprenant de constater que l’augmentation parallèle de ces maladies dans notre pays contribue largement à la hausse des maladies cardiovasculaires », fait-il ressortir. En effet, ces facteurs de risque agissent en synergie pour aggraver la condition cardiaque des individus.
Approche progressive
Le Dr Purmah recommande de s’attaquer en priorité à ces facteurs modifiables, en commençant par la mise en place d’un programme d'exercices régulier. « L’un des moyens les plus simples de réduire son risque de maladies cardiaques est d’intégrer un programme d'exercice physique dans son mode de vie », précise-t-il, tout en soulignant que l'exercice ne doit pas nécessairement être complexe ou coûteux. Une activité aussi simple qu’une marche quotidienne peut avoir des effets bénéfiques considérables sur la santé. « Une simple marche quotidienne permet de réduire le poids, de contrôler la pression artérielle et de diminuer le risque de diabète, tout en aidant les patients diabétiques à mieux gérer leur condition », ajoute-t-il.
Ainsi, le Dr Purmah conseille de commencer lentement, surtout pour les personnes qui n’ont pas pratiqué d’activité physique depuis longtemps. « Une approche progressive est idéale. On peut débuter par de courtes séances de marche et progressivement augmenter la durée jusqu’à atteindre 30 minutes par jour, cinq à six fois par semaine », recommande le cardiologue. L’important est d’adopter une régularité dans l’effort et d’y aller étape par étape, tout en restant constant.
Tout comme le sport, il y a l’alimentation qui joue un rôle primordial dans la prévention des maladies cardiaques. « Maurice, comme de nombreux autres pays, fait face à une alimentation souvent riche en glucides et en graisses, qui favorise la prise de poids et augmente le risque de diabète. Un autre problème majeur est la consommation excessive de sel, qui contribue directement à l'hypertension », constate-t-il. Ce dernier insiste sur la nécessité d’adopter des habitudes alimentaires plus équilibrées pour maintenir une bonne santé cardiaque.
La douleur thoracique est l’un des symptômes les plus courants d’une maladie cardiaque"
Les signes précoces
L’un des points cruciaux pour prévenir les maladies cardiaques, en particulier chez les personnes âgées, est de savoir reconnaître les signes avant-coureurs. Le Dr Purmah souligne que la douleur thoracique est l’un des symptômes les plus courants d’une maladie cardiaque. Cette douleur, souvent décrite comme une sensation de serrement au centre de la poitrine, peut parfois s’étendre à la mâchoire ou aux bras. « Ce symptôme apparaît généralement lors d’efforts physiques et s’atténue avec le repos », explique-t-il.
L’essoufflement, surtout si celui-ci s’aggrave lors d’efforts modérés, peut aussi être un signe d'alerte. Il recommande vivement de consulter un cardiologue dans ces cas : « Si un individu constate que son essoufflement s’aggrave de manière significative lors de ses efforts physiques, il est important de consulter un médecin pour vérifier s’il ne s’agit pas d’un début de maladie cardiaque. » Les palpitations, c'est-à-dire une sensation de battements cardiaques rapides ou irréguliers, sont également des signes à surveiller, surtout si elles sont accompagnées de vertiges ou de pertes de conscience.
Le Dr Purmah insiste tout particulièrement sur la vigilance à avoir chez les patients âgés, car ces derniers peuvent ne pas présenter les symptômes classiques d’une crise cardiaque. « Bien qu’une crise cardiaque se manifeste habituellement par une douleur thoracique, les patients âgés peuvent présenter des signes différents, tels que des essoufflements, des vomissements, de la confusion ou même des syncopes. Dans certains cas, la crise cardiaque peut même être silencieuse, ce qui rend la détection d’autant plus difficile », explique-t-il.
Du coup, il est crucial d'être attentif à ces symptômes atypiques chez les personnes âgées, car leur présentation est souvent moins classique que chez les plus jeunes.
Et à l’occasion de la Journée mondiale du cœur, le Dr Purmah fait un appel à la responsabilité individuelle : « Je souhaite aux Mauriciens la meilleure santé possible et je les encourage à prendre en main leur santé cardiaque en s'efforçant chaque jour de réduire les facteurs de risque. De petits changements maintenant peuvent avoir de grands bénéfices à l'avenir. »
Le tabagisme
Un fléau pour la santé cardiaque
Le tabagisme demeure l’un des plus grands contributeurs aux maladies cardiaques à Maurice. Le Dr Purmah tire la sonnette d’alarme à ce sujet : « Fumer augmente de manière significative le risque de maladies cardiaques, et c’est une des raisons pour lesquelles nous constatons des crises cardiaques chez des patients de plus en plus jeunes. » Le tabac est donc un facteur de risque majeur, non seulement pour les maladies cardiovasculaires, mais également pour d'autres pathologies sévères.
Face à ce constat, il existe toutefois des solutions selon lui et, le gouvernement a mis en place le National Action Plan for Tobacco Control 2022-2026, un programme qui offre des services d’aide au sevrage tabagique. « Je recommande vivement à tous les fumeurs de faire l'effort de réduire leur consommation, avec pour objectif final d'arrêter complètement de fumer », exhorte le Dr Purmah.
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