Live News

Dr Vinesh Sewsurn  : «A la Santé, il y a un manque de personnel à tous les niveaux»

Dr Vinesh Sewsurn

Avec l’admission des patients positifs dans les hôpitaux, le risque d’une hausse de cas en milieu hospitalier est réel. C’est l’avis du Dr Vinesh Sewsurn, president de la Medical and Health Officers Association (MHOA).  

Publicité

Il y a eu une polémique autour du décès d’un bébé de 15 mois à l’hôpital Jeetoo la semaine dernière. Les parents pointent du doigt le personnel qui n’aurait pas fait assez pour la sauver et les médecins qui ont émis deux actes de décès. Quelle est votre réaction en tant que président de la MHOA ? 
Nous tenons avant tout à présenter nos sympathies à la famille, car perdre un enfant à un si jeune âge doit être éprouvant. Nous comprenons leur souffrance. 

Il nous est difficile de faire des commentaires sur ce cas, car il y a une enquête en interne et au niveau du ministère de la Santé qui est fait pour savoir ce qui s’est passé concernant l’émission de deux certificats de décès différents. 

Les médecins et autres membres du personnel soignant ont pour vocation de donner des traitements. Nous avons fait le serment d’Hippocrate. Nous sommes au chevet des malades et nous le faisons indépendamment de la personne en lui prodiguant les soins nécessaires pour alléger ses souffrances. 

Concernant le nombre de décès de patients positifs à la Covid-19, le ministère de la Santé fait la distinction entre ceux qui sont directement liés à la Covid-19 et ceux qui ne sont pas liés au virus. Qu’en pensez-vous ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné un guide pour déterminer quels décès attribuer à la Covid-19. Cela, en suivant divers scénarios, selon les comorbidités et les causes d’admission à l’hôpital. Cela permet de déterminer ce qui a conduit au décès d’un patient et c’est la raison pour laquelle, dans certains cas, le décès est attribué à la Covid-19. 

Toujours est-il que la personne aurait pu vivre plus longtemps malgré sa comorbidité si elle n’avait pas été infectée par la Covid-19. Ce qui revient à dire que son décès peut être dû à son infection au virus... 
C’est difficile à dire. C’est au cas par cas et dépendant de la sévérité de la maladie et comment elle s’est détériorée. Il faut aussi savoir si la personne a réagi aux traitements.

Nombreux sont ceux qui pensent que les autorités ne disent pas toute la vérité concernant le décès des patients positifs à la Covid-19 ou du moins ne communiquent pas assez bien. Votre avis ?  
Le système de communication a changé ces dernières semaines et l’attention est portée sur les cas asymptomatiques et le nombre de cas admis au New ENT Hospital. La population est ainsi au courant des cas qui nécessitent une hospitalisation. 

Nous devons considérer chaque individu comme potentiellement porteur du virus..»

N’est-ce pas induire la population en erreur quand on parle de cas asymptomatiques. Cela, car la personne qui a été testée positive est contaminante. 
La population doit comprendre que même les personnes qui ont des symptômes légers peuvent transmettre le virus. Les patients asymptomatiques ont leurs traitements à la maison, car ils doivent se placer en auto-isolement pendant 10 jours. Ce n’est qu’au 11e jour qu’ils pourront sortir. Ce système est déjà en vigueur à Singapour et en Grande Bretagne. 

Il n’y a pas de test de sortie au 11e jour ?
Non. Selon les études, une personne est contaminante durant les quatre à cinq jours suivant sont infection. Au 11e jour, la probabilité est très faible. 

Il y a eu des directives différentes au niveau des hôpitaux. Le dernier protocole parle d’admission de patients positifs à la Covid-19 dans les hôpitaux régionaux et les cas les plus graves à l’ENT. Est-ce une bonne décision ?  
Nous n’aurons jamais de décision parfaite concernant la gestion de la Covid-19. Nous essayons par tous les moyens de combattre le virus et sa propagation. Lors de la première vague, nous avons pu le faire avec brio, mais avec la deuxième vague, le nombre de cas a bien augmenté.  

Il faut trouver une balance entre donner le traitement aux personnes positives, protéger le personnel soignant et permettre au pays de bouger en relançant les activités économiques. Nous avancerons quand il y aura cette balance. 

Le changement de protocole permet aux personnes asymptomatiques et vaccinées de s’auto-isoler à domicile. Nombreux sont ceux sont en faveur de ce système, car ils sont en famille avec leurs proches. 

Avec les nouvelles directives, il y aura des salles d’isolement dans chaque hôpital régional. Le concept n’est pas mauvais, car il faut avoir une façon de soigner les patients positifs à la Covid-19. En même temps, il faut protéger les soignants aussi. Le personnel doit avoir tous les équipements de protection nécessaires et il faut un suivi chaque semaine pour savoir si le personnel n’a pas été infecté. 

Il faut aussi savoir adapter notre protocole en marge de la réouverture des frontières. La MHOA est toujours prête à apporter ses idées et suggestions au ministère pour que ce dernier puisse avoir des informations de ce qui se passe sur le terrain pour lui permettre de prendre des décisions éclairées concernant les différents protocoles dans la gestion de la pandémie.

Nous devons être prêts à faire face à n’importe quel variant.»

C’est quand même ouvrir la porte à un plus grand risque de contamination entre les membres du personnel et les patients en admettant les patients positifs dans les hôpitaux régionaux ? 
Il y a en effet des cas positifs parmi les membres du personnel régulièrement. C’est en partie vrai que quand on va admettre les patients positifs à la Covid-19 dans les salles à l’hôpital, il y aura une plus grande exposition pour le personnel qui devra avoir les équipements nécessaires pour se protéger. 

Il faut se rendre à l’évidence que le risque est omniprésent et cela ira en augmentant à l’hôpital, car il y aura plus de patients avec des symptômes qui vont s’y présenter. Nous nous attendons donc à recenser plus de cas positifs en milieu hospitalier, mais aussi dans la communauté, car le virus s’est propagé partout. 

Nous devons considérer chaque individu comme potentiellement porteur du virus. Il faut être particulièrement vigilant dans les lieux publics.

Y a-t-il un manque de personnel à certains niveaux ? 
Il y a un manque de personnel à tous les niveaux. Il y a beaucoup de travail et cela doit se faire avec une vigilance sanitaire accrue. Le récent recrutement de médecins nous a sortis du rouge et est venu apporter un certain soulagement. En parallèle, après un exercice de promotion, certains ont été placés dans les Public Health Teams et dans les équipes de traçage de cas. Il y a des médecins affectés dans les centres de traitement, entre autres. Ce qui fait que les médecins sont un peu éparpillés. Tôt ou tard, ce manque de personnel nous rattrapera en dépit du recrutement. Pour l’instant, nous pouvons souffler un peu, et ce, après beaucoup de temps. 

Il y a un manque aigu d’infirmiers, en particulier dans les départements spécialisés comme les soins intensifs. Au niveau du New ENT Hospital, il aurait fallu envoyer davantage d’infirmiers spécialisés en soins intensifs, surtout si l’objectif est de faire de cet établissement une Mega ICU. Ils ont un rôle important à jouer.  

Peut-on dire que le service hospitalier est débordé ?  
 Le service est sujet à être débordé. Avant la Covid-19, il y avait un manque de place pour les admissions. Avec la Covid-19 , il a fallu faire de la place pour des salles d’isolement pour les patients positifs. Le problème s’est donc aggravé.

Le pays est-il prêt pour faire face au variant Delta qui amènerait un plus grand nombre de cas ? 
Nous devons être prêts à faire face à n’importe quel variant : Delta, C.1.2 et MU entre autres. Il y a deux façons d’attaquer le problème : la vaccination et les gestes barrières. 

C’est une très bonne chose qu’une grande majorité de la population a été vaccinée et que les Mauriciens ont compris l’importance de la vaccination. En sus de la vaccination, il faut aussi respecter les gestes barrières. Les deux vont de pair. Il sera alors possible de faire face à n’importe quel variant. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !