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Dr Soobaraj Sok Appadu : «La situation sanitaire mondiale ne permet pas un allègement des restrictions»

Dr Soobaraj Sok Appadu.

Vu la situation sur le plan international, il est encore prématuré d’alléger les restrictions sanitaires, selon le Dr Soobaraj Sok Appadu. La vigilance doit rester de mise dans l’éventualité de l’émergence de nouveaux variants.

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Quelle est la situation de la Covid-19 de janvier à ce jour ?
En comparaison avec la période de janvier et février, il y a une énorme baisse du nombre de cas de Covid-19 à Maurice. Mais si nous comparons la situation sur le plan mondial, c’est l’inverse. L’Afrique du Sud, par exemple, fait face actuellement à une nouvelle vague. Et selon les premières analyses, il s’agit de sous-variants de l’Omicron : BA.4 et BA.5, plus infectieux et plus contagieux.

Si on considère que la moitié de la population de Maurice a été infectée par le virus, il reste l’autre moitié qui risque d’être contaminée. Ce qui est énorme.

Pensez-vous qu’il faudrait fermer nos frontières avec l’Afrique du Sud pour prévenir l’apparition de ce sous-variant à Maurice ?
Non, à aucun moment, car nous avons déjà le variant Omicron en circulation à Maurice. Les sous-variants ne sont pas différents du virus originel. Cela ne va rien changer, si on ferme les frontières. Il faut continuer à maintenir les mesures barrières. C’est cela qui va nous aider à prévenir la propagation. 

Quelle est la pertinence de maintenir les restrictions en vigueur (pas plus de 50 personnes aux rassemblements, par exemple), alors qu’il y a une baisse du nombre de cas ?
Les pays qui ont allégé ou enlevé les restrictions sanitaires font face à une résurgence de nouveaux cas, comme l’Afrique du Sud, qui subit une cinquième vague de Covid-19. Cela n’a pas été fait progressivement, mais enlevé complètement, avec pour résultats qu’ils ont enregistré une hausse du nombre de cas. 

Avec les restrictions sanitaires en vigueur et la vaccination, nous avons un contrôle sur le nombre de nouveaux cas, qui a diminué en comparaison avec les mois de janvier et février.

Il appartient à la population et aux parties prenantes de faire respecter et d’appliquer les règlements»

Qu’on le veuille ou pas, des rencontres sont organisées avec bien plus de 50 personnes. Les centres commerciaux sont remplis et le transport en commun (autobus ou métro), comptent plus de 50 passagers. Pourquoi maintenir ces mesures ?
Officiellement, les personnes ne peuvent se rassembler à plus de 50 selon les provisions de la Quarantine Act. Ceux qui ne les respectent pas vont à l’encontre de la loi. Tout le monde doit porter son masque dans les lieux publics. C’est obligatoire à Maurice. 

Nous insistons quand même. Pourquoi maintenir la limitation à 50 personnes aux rassemblements, alors que dans la pratique, il y a plus bien plus 50 personnes dans les lieux, mentionnés comme le métro, par exemple ?
Je vous fait remarquer que ce sont les pays qui ont enlevé toutes les restrictions sanitaires qui font face à une troisième, quatrième ou cinquième vague. Si nous enlevons nos mesures barrières, nous risquons de nous retrouver dans la même situation qu’eux. 

À Maurice, nous avons un fort taux de personnes âgées et avec des comorbidités. Il faut faire attention. Ce sont les restrictions sanitaires qui nous permettent de maintenir le contrôle sur l’évolution de la Covid-19, nous devons continuer dans la même lignée, jusqu’à ce que nous soyons sûrs qu’il n’y a pas de nouveaux variants et de sous-variants pouvant être une menace pour la population.

Est-ce la menace d’un nouveau varian ?
L’émergence d’un nouveau variant serait une grande menace, car il risque de nous influencer davantage. Par contre, les sous-variants ne sont pas aussi virulents ou importants, car ils sont déjà en circulation à Maurice.

Les vaccins ne nous protègent pas suffisamment ?
Non, il suffit de voir ce qui se passe dans les pays qui ont enlevé les restrictions sanitaires. En deux semaines, ils ont enregistré de nouveaux cas positifs. C’est ce qui s’est passé en Inde, en Europe et en Afrique du Sud. 

La Covid-19 suit une tendance bien précise. Dans tous les cas, Maurice a commencé à enregistrer une résurgence quatre à cinq mois après. 

L’émergence d’un nouveau variant serait une grande menace»

Est-ce que le pronostic d’une résurgence de cas au mois de mai se confirme ?
Selon les prévisions, nous avons des sous-variants. En Afrique du Sud, ils avaient aussi prédit que le pays allait être sous la menace d’un nouveau variant en mai, en raison de la mutation du virus. Si c’est le cas à Maurice, nous devons prévenir la propagation. Avec tout ce qui se passe en Chine, où des restrictions sévères ont été imposées, il y a de quoi s’inquiéter.

Sans langue de bois et sur le plan strictement scientifique, pensez-vous que nous devons maintenir les restrictions sanitaires ou les alléger, vu la baisse du nombre de cas ?
Il faut maintenir les restrictions, car cela porte ses fruits avec la diminution du nombre de nouveaux cas. 

Est-ce que le pays vise le « zéro Covid-19 » ou est-ce une utopie ? 
Le « zéro Covid-19 » n’est pas réalisable. La Chine a essayé, mais a dû y renoncer. Le virus est déjà dans la communauté.

S’il a été dit que nous devons vivre avec le virus, pourquoi ne pas alléger ces mesures sanitaires ?
Toutes les restrictions sanitaires sont importantes. Le port du masque sanitaire est une mesure principale, tout comme l’hygiène des mains. 

Comme nous l’avons dit au départ, plus de 50 personnes sont en contact dans le transport en commun, par exemple. pourquoi ne pas l’autoriser ailleurs ?
Nous n’aurons aucun contrôle sur la situation si le nombre de personnes autorisées à se rassembler devait être augmenté. Nous devons le faire de manière progressive, tout en éduquant la population. Nous ne pouvons passer d’un extrême à l’autre en enlevant toutes les mesures sanitaires.

Cela fait quand même de longs mois que les rassemblements sont limités …
Sans cette menace de l’émergence de nouveaux variants, nous aurions pu le faire. L’Afrique du Sud est un pays voisin avec des vols réguliers et nous importons divers produits de ce pays. Si la situation sanitaire n’était pas ce qu’elle est actuellement dans ce pays, nous aurions pu l’envisager. Mais si déjà un pays voisin fait face à une cinquième vague, nous devons prendre nos précautions. Nous ne pouvons nous permettre d’avoir une nouvelle vague avant de prendre des mesures plus sévères. 

Les mesures que nous avons maintenues sont en fonction de ce qui se passe sur le plan mondial. C’est inquiétant... 
L’assentiment pour augmenter le nombre de personnes aux rassemblements viendra en temps voulu. Nous devons prendre en considération notre situation sanitaire. Si les conditions sont réunies, le High Level Committee prendra les décisions appropriées et donnera les directives à suivre. 

Nous remarquons que la campagne de vaccination anti-Covid-19 progresse assez lentement…
En effet, il y a un manque d’engouement. Nous notons aussi que certains des patients positifs à la Covid-19 et qui sont admis au New ENT Hospital ne sont pas vaccinés, alors qu’ils souffrent de plusieurs comorbidités. Nous lançons un nouvel appel à la population, en particulier à ceux qui ont des comorbidités, de se protéger en se faisant vacciner. 

Si le pays fait face à une nouvelle vague, ils seront les plus vulnérables et à risque de développer de graves complications.

Faut-il toujours avoir le booster dose pour avoir accès à certains lieux ?
Bien évidemment. J’espère que ceux concernés appliquent les règlements. Les autorités ont mis en place des mesures, il appartient à la population et aux parties prenantes de les respecter et de les appliquer. C’est un travail contributif, chacun doit faire sa part. 

 

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