
Depuis sa disparition en mer, dimanche, lors d’une session de kitesurf au Morne, les proches de Tareq Narod se battent contre l’angoisse et l’incertitude. Entre espoir et désespoir, une famille mobilise toutes ses forces pour retrouver ce fils, ce frère, ce passionné de l’océan.
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«Je crois encore qu’il est là, quelque part. C’est difficile, mais je ne veux pas imaginer le pire… » Ces mots, bouleversants, sont ceux de Rachael Narod, la mère de Tareq. Depuis la disparition en mer de son fils de 28 ans, dimanche 6 juillet, elle vit des jours d’une douleur indicible. Pourtant, elle s’accroche à l’espoir, envers et contre tout.
Amoureux de la mer et des activités nautiques, Tareq Narod a disparu au large du Morne alors qu’il pratiquait le kitesurf, sa passion. Depuis, l’inquiétude est immense. Famille, amis, connaissances… tous se mobilisent jour et nuit pour le retrouver, animés par la même conviction : celle qu’il reviendra.
Samedi 5 juillet, le jeune homme originaire de Beau-Bassin emménage dans son nouvel appartement à Tamarin, sur la côte Ouest. Une étape importante pour ce Project Manager passionné de grands espaces et d’eau salée.
Le lendemain, il avait rendez-vous avec sa passion : le kitesurf. À la recherche de la vague parfaite, il prend la route du Kite Lagoon du Morne, lieu mythique des riders expérimentés. Là-bas, les vents puissants, les vagues majestueuses et le décor naturel spectaculaire attirent les amoureux d’adrénaline et de liberté.
Tareq est un épicurien, un artiste, un sportif. Il ne part jamais sans sa guitare. Ce dimanche ne fait pas exception. « Enn zafer konstan dan so lavi, sete lagitar. Quand il en avait l’occasion, il faisait des concerts avec le conservatoire. Dimans, li ti pret so lagitar bann dimounn avan li rant dan lamer. Malheureusement, ces personnes n’ont pas pu la lui rendre en mains propres », confie son frère Adel, la voix étranglée par l’émotion.
Heureux, Tareq se jette à l’eau, sourire aux lèvres, impatient de retrouver les sensations de glisse qu’il chérit tant. Ce sera la dernière fois qu’on le verra.
Vers 13 heures, son père Nawaz, 64 ans, lui aussi mordu de kitesurf et des activités nautiques, se rend sur la plage du Morne pour le rejoindre. Il y trouve la BMW de Tareq, mais aucune trace de ce dernier. Ne se doutant pas une seule seconde que son fils pourrait être en difficulté, le sexagénaire tente lui-même une sortie en mer. Mais les vents forts le contraignent à revenir à terre. Il attendra le retour de son fils. Les minutes s’étirent. Puis les heures. Toujours aucune trace de Tareq. L’inquiétude commence à le tenailler.
Le cœur serré, il interroge des habitués des lieux : oui, Tareq a été vu à l’eau vers 13 heures avec son kite. Vers 17 heures, la peur s’installe pour de bon. Nawaz Narod prévient alors la National Coast Guard (NCG). À Le Dimanche/L’Hebdo, Nawaz Narod raconte : « Quand nous avons constaté que Tareq n’était toujours pas rentré de sa sortie en mer, nous avons déclenché les recherches. »
La nuit tombée, les recherches ne peuvent se poursuivre par hélicoptère. Elles reprendront dès l’aube. Bouleversé, Nawaz Narod ne cache pas son incompréhension. Tareq, dit-il, pratique le kitesurf depuis qu’il a 10 ans : « Sa se bann spot ki nou’nn kone depi ki pa ti ankor ena lotel. A lepok ki mo pratik sa, pa ti ena laplaz isi. » Selon son père, Tareq a grandi dans l’eau. « C’est un excellent nageur, passionné de plongée et de sports nautiques. Il connaît ce lagon par cœur », poursuit-il. « Me kitfwa inn ena enn ti erer… Et voilà… »
Le choc est immense pour la famille. Car Tareq est un vrai amoureux de la mer. « Mo papa depi tipti ti explik nou bann kouran. Apre osi nou ti navige boukou lor lamer an bato. Lamer, bann lapas, pena boukou sekre pou nou », explique Adel. Selon lui, ce dimanche-là, les conditions étaient idéales : « Lamer ti kalm e ti ena boukou divan. Mo frer ti metriz bien kitesurfing e bann spot ki pe mansione-la. » Pour lui, Tareq n’aurait sans doute pas dû sortir en mer seul : « Kan ou sorti lor ou kite, zame ou sorti tousel. Malerezman li pa ti ena personn avek li. Sel erer ki li’nn fer, se sorti tousel. »
Tareq rêvait de construire un jour son propre bateau, « from start to finish », comme il disait souvent, révèle son frère. Il partageait avec leur père la passion du bois et de la menuiserie. Une passion qu’il espérait transformer en projet de vie.
Depuis le signalement de sa disparition, les éléments de la Garde-côte nationale ont intensifié les recherches dans tout le Sud de l’île. « Nous avons calculé les dérives, les effets de vagues et de courants. Nous avons mobilisé tous nos moyens, y compris l’hélicoptère de la police », explique l’assistant surintendant de police Purmanand de la NCG.
La solidarité, elle, est à la hauteur de l’émotion. Famille, amis, anonymes, scientifiques, bénévoles, tous se sont mobilisés. « Les recherches ont été très intenses. Des gens ont mis leurs bateaux à disposition, des spécialistes nous ont aidés à modéliser les courants pour savoir où chercher. NCG inn met Le Dornier e gro bato pou fer bann resers », souligne Nawaz Narod.
Adel, lui, salue cet élan collectif. « Le soutien du public est extraordinaire. On a reçu de l’aide de partout : France, Canada, Angleterre, Australie, la Réunion... Chacun nous a partagé ce qu’il savait, ce qu’il pouvait. »
Les recherches continuent. Et avec elles, l’espoir vibrant de retrouver ce jeune homme passionné, dont l’amour de la mer n’a jamais faibli. Un frère, un fils, un ami... Un homme au cœur grand comme l’océan.

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