Le discours-programme doit, selon des économistes, être représentatif du manifeste électoral du parti vainqueur des élections. C’est à ce niveau que ces économistes sont restés à leur faim.
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Deux documents : l’un dévoilé en 2024 est composé de 60 pages avec le but de séduire l’électorat, et l’autre présenté par le président de la République, Dharam Gokhool, le 24 janvier 2025 renfermant 43 pages, élaborant le programme du gouvernement pour les quatre prochaines années. Les deux documents comprennent des mesures ayant divers objectifs dont le redressement de l’économie, l’aspect environnemental ou encore la démocratie du pays.
Généralement, un manifeste électoral n’a rien d’officiel fait observer un économiste. Les parties politiques tentent de convaincre l’électorat. Cependant, lorsque l’Opposition prépare son manifeste, il ne connaît pas l’état de l’économie, argue-t-il. Par contre, un programme gouvernemental est signé par le président de la République et le Premier ministre. C’est un engagement formel. En somme, 80 % de ce qui est renfermé dans un manifeste électoral sont représentés dans le programme gouvernemental.
Cependant, il ne faudrait pas être surpris de voir que certaines mesures du manifeste électoral ne figurent pas dans le programme gouvernemental. Sudesh Lallchand qui était impliqué dans les trois derniers discours-programme de l’ancien gouvernement, explique que celui-ci doit normalement englober tout le manifeste électoral. Un manifeste électoral qui est un engagement moral contient généralement jusqu’à 20 mesures.
En revanche, le discours-programme est le vrai engagement pris par un gouvernement. « Lorsqu’un parti politique prépare son manifeste électoral, il y a le risque qu’il ne soit pas élu à l’issue des élections. Par contre, le discours-programme est rédigé lorsque le gouvernement est en poste. Ce n’est pas normal que le discours-programme ne contienne pas les mesures du manifeste, mais cela peut arriver qu’il y ait certaines modifications », fait-il comprendre.
Les prix des carburants ont animé la campagne électorale, notamment en raison de sa taxation. Sudesh Lallchand soutient que la question des prix des carburants était l’un des « outils promotionnels de l’Alliance du Changement lors de la campagne électorale. Or, il ne figure pas dans le discours-programme. Un autre économiste précise que le discours-programme n’est pas un document gravé dans la pierre.
Dans le futur, d’autres mesures pourront être ajoutées à travers un projet de loi. « L’eau qui est un sujet de préoccupation ne figure pas dans le discours-programme. Des mesures relatives peuvent venir par l’entremise d’un projet de loi par la suite », argumente notre interlocuteur. Il se peut qu’après des consultations avec le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale, des changements interviennent.
Par ailleurs, la question de l’implémentation demeure capitale. La mise en œuvre des mesures est un engagement politique. Or, Sudesh Lallchand est loin d’être optimiste. « Ce serait une réalisation si on parvient à implémenter 50 % du discours-programme à la fin de ces quatre ans. La plupart des gouvernements ont failli en ce sens », avance-t-il. L’économiste est d’avis qu’une équipe doit être constituée au Prime Minister’s Office (PMO) et dirigée par le numéro deux du gouvernement. Cette équipe devra être mandatée par le chef du gouvernement pour s’assurer que les mesures du discours-programme soient implémentées.
L’intitulé des documents
Manifeste électoral : Changement pour la justice, les libertés et le bien-être de tous
Discours programme : Un pont vers l’avenir
Les 5 axes prioritaires du manifeste
- Coût de la vie et paix sociale
- Trafic de drogue et insécurité
- Justice aux victimes du régime sortant
- Libertés et droits des Mauriciens
- Environnement et développement durable
Le discours programme importe-t-il ?
Le discours-programme du Royaume-Uni ne serait qu’un résumé et n’est pas aussi détaillé que celui présenté à Maurice. La raison est qu’on ne peut prédire ce qu’il adviendra dans quatre ans. Ce que le gouvernement prévoit de faire dépend de la visibilité du moment et ce que le public attend, soit dans le court et moyen terme, indique Sudesh Lallchand. Une bonne partie du discours-programme devra figurer dans le budget national, ajoute-t-il.
Les principaux chantiers selon les deux documents
Manifeste électoral Discours-programme
- Une nouvelle vision économique - progrès pour tous Un nouveau modèle économique
- Les nouveaux pôles du développement - un pont vers l’avenir -
- Une société plus juste et unie pour mieux protéger la famille Un nouvel ordre social
- Promouvoir un environnement sain, accueillir la transition énergétique, Favoriser la durabilité et l’adaptation au changement climatique et s’adapter au changement climatique
- Jeunesse, sports, loisirs, culture Un nouveau mode de développement pour les arts et la culture
- Assurer plus de démocratie, de sécurité et d’intégrité Démocratie, gouvernance, intégrité et réforme constitutionnelle
- Redéfinir notre diplomatie Une stratégie de relations internationales plus dynamique
Un secteur public plus performant
Une infrastructure physique moderne et appropriée
Quelques mesures économiques qui apparaissent sur les deux documents
Réintroduction du ministère de l’Economic Planning
Le discours-programme fait part du fait que le ministère de la planification économique a été rétabli. Celui-ci élaborera un plan de reconstruction socio-économique assorti de cibles et d’objectifs assortis d’échéances. Dans le manifeste électoral de l’Alliance du Changement, il était souligné que ce ministère se concentrerait « sur les nouveaux enjeux et défis, en collaboration avec tous les stakeholders ».
Gestion des fonds publics
L’adoption d’une Fiscal Responsibility and Debt Management Act vise, selon le manifeste électoral à réduire les gaspillages et instaurer une gestion financière responsable des fonds publics. Or, le discours-programme mentionne l’introduction d’une loi sur la responsabilité budgétaire. Quid de la gestion des finances publiques, le gouvernement s’engage à veiller à ce que tous les actifs et passifs souverains soient gérés de manière à obtenir de meilleurs résultats en matière de développement. La mise en place d’une unité spécialisée au sein du ministère des Finances pour développer et superviser la mise en œuvre d’un cadre national de gestion des actifs et des passifs est évoquée.
Des mesures économiques présentes dans le manifeste mais manquantes dans le discours-programme
- Création d’un Fonds de stabilisation et de soutien d’au moins Rs 10 milliards
But : Protéger le pouvoir d’achat des familles mauriciennes
Idée : Stabiliser les coûts des produits de première nécessité
- Renforcement du cadre légal de la Competition Commission avec un mandat additionnel visant à protéger les consommateurs.
- Révision de la structure des prix de l’essence et du diesel.
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