Le Foreign Secretary britannique a défendu l’accord sur les Chagos, affirmant qu’il était dans l’intérêt du Royaume-Uni. Selon lui, cet accord garantit l’avenir de la base à Diego Garcia et renforce les relations avec les États-Unis.
Beaucoup de « vérités » sont sorties du débat qui a eu lieu lundi soir au Parlement britannique sur les Chagos. David Lammy, le Foreign Secretary britannique, équivalent du ministre des affaires étrangères, y a fait une déclaration orale suivi d’un débat intense. Il a, entre autres, déclaré que l’accord est en faveur du Royaume-Uni.
Ainsi, a fait clairement comprendre David Lammy, il n’y a qu’un accord politique. « Le traité n’est ni signé ni ratifié. Mais je tenais à informer la Chambre de la conclusion des négociations formelles le plus tôt possible », devait-il affirmer.
Selon lui, le statu quo sur le dossier Chagos « n’était clairement pas viable. Un jugement contraignant contre le Royaume-Uni semblait inévitable. Nous aurions été bientôt confrontés à deux choix : abandonner complètement la base ou violer le droit international ».
Il précise aussi que « cet accord a été signé selon nos conditions. C’était le seul moyen de garantir le fonctionnement complet et efficace de la base à l’avenir ». Et d’ajouter que « sans garantie de bail, aucune base ne peut fonctionner efficacement – ni véritablement dissuader nos ennemis. Des décisions d’investissement cruciales étaient déjà retardées ».
« C’est une solution qui sert les intérêts nationaux du Royaume-Uni »
David Lammy souligne aussi que « cela affectait notre relation avec les États-Unis, qui ne souhaitaient ni n’accueillaient favorablement l’incertitude juridique et nous ont fortement encouragés à conclure un accord. Je suis un transatlantiste. Nous devions protéger cette relation importante ». Il en ressort donc que les États-Unis ont fait pression sur le Royaume-Uni pour trouver une solution au plus vite.
Le Foreign Secretary affirme que « ce gouvernement a donc fait de la conclusion du meilleur accord possible une priorité » pour bénéficier au Royaume-Uni, aux États-Unis et à Maurice. Jonathan Powell, envoyé spécial du Premier ministre britannique, Keir Starmer, pour ces négociations, avait comme mission de « trouver une solution qui serve les intérêts nationaux du Royaume-Uni, respecte les intérêts de nos partenaires et défende l’État de droit international ». Il précise que « cet accord remplit ces objectifs ». D’ailleurs, David Lammy fait remarquer que les États-Unis, les Nations unies, le secrétaire général de l’ONU et l’Inde ont tous applaudi cet accord.
Il se réjouit qu’en échange de « l’acceptation de la souveraineté mauricienne sur toutes les îles, y compris Diego Garcia, la base Royaume-Uni-États-Unis bénéficie d’un avenir incontesté à long terme. Les opérations de la base resteront sous le contrôle total du Royaume-Uni bien dans le siècle prochain » Maurice a autorisé le Royaume-Uni à exercer ses droits et pouvoirs souverains concernant Diego Garcia. Cela est initialement pour 99 ans, mais le Royaume-Uni a le droit de prolonger cet accord.
Quant aux craintes que Maurice puisse louer une autre île à une autre puissance étrangère, David Lammy explique : « Nous avons également le soutien total de Maurice pour des arrangements de sécurité robustes, empêchant notamment les forces armées étrangères d’accéder aux îles extérieures ou de s’y établir. L’avenir de la base est donc plus sécurisé avec cet accord que sans lui. »
La nature de l’accord financier pas encore définie mais restera secrète
David Lammy a abordé l’aspect financier du « deal ». « Cet accord sera soutenu par un règlement financier acceptable pour les deux parties. Les membres savent que le gouvernement ne révèle normalement pas les paiements pour nos bases militaires à l’étranger. Il serait donc inapproprié de rendre publics les détails de ces arrangements à ce stade », dit-il.
Pas de droit de visite des Chagossiens sur Diego Garcia
Diego Garcia, qui est l’île principale des Chagos et d’où beaucoup de Chagossiens ont été expulsés dans les années 1960 et 1970, leur restera inaccessible. « Maurice est maintenant libre de mettre en place un programme de réinstallation sur les îles autres que Diego Garcia », affirme David Lammy, qui précise que le droit de visite de Chagossiens sur Diego Garcia sera aussi interdit.
En réponse à une question du député indépendant Jeremy Corbyn, anciennement leader des travaillistes et défendeur des droits des Chagossiens, David Lammy devait déclarer : « Quant à savoir s’ils auront désormais le droit de visiter Diego Garcia, je dois lui dire qu’ils ne l’auront pas en vertu de ce traité. Tout rétablissement ou visite se fera vers les îles extérieures.
C’est une base de sécurité importante pour les États-Unis et le Royaume-Uni, donc je ne peux pas lui donner cette assurance : ils n’ont pas ce droit en vertu de ce traité.
La rétrocession passera par l’adoption d’un texte de loi britannique
Après les élections générales du 10 novembre à Maurice, le Royaume-Uni et Maurice « se dirigeront vers la signature du traité », indique David Lammy. « Nous avons alors l’intention de poursuivre la ratification en 2025 en soumettant le traité et un projet de loi à cette Chambre pour examen », précise-t-il. Le texte de loi devra donc être ratifié par la majorité du House of Commons. Les travaillistes au pouvoir y détiennent 403 des 650 sièges. A savoir qu’il faut 326 sièges pour former une majorité.
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