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Dans une note d’information : Moody’s anticipe une baisse du pouvoir d’achat après le Budget

  • Le Budget fixe une trajectoire d’assainissement budgétaire ambitieuse, mais des risques d’exécution subsistent
  • Des économies substantielles pour le pays avec le relèvement de l’âge de l’éligibilité à la pension de vieillesse 
  • Un ralentissement de la croissance n’est pas à écarter 

Le gouvernement mise sur un relèvement progressif de l’âge de l’éligibilité à la pension de vieillesse et un plan d’assainissement budgétaire ambitieux pour maîtriser la dette, relève Moody’s dans une note d’information datée du 10 juin. Toutefois, Moody’s évoque plusieurs risques : un ralentissement de la croissance ou encore une baisse de la demande intérieure liée à la TVA et aux coupes sociales.

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Le contexte 

Le 5 juin, le gouvernement de Maurice (Baa3 négatif) a présenté un plan d’assainissement budgétaire dans son Budget 2025-2026 pour remédier à la détérioration des finances publiques. Le gouvernement vise à réduire le déficit budgétaire à 4,9 % du PIB pour l’exercice 2026 (se terminant le 30 juin 2026) par rapport à l’estimation révisée du gouvernement de 9,8 % du PIB pour l’exercice 2025. « La stratégie budgétaire pluriannuelle du gouvernement vise à réduire le poids élevé de la dette par un ajustement budgétaire agressif. Le plan combine des mesures d’augmentation des recettes avec une croissance limitée des dépenses et des réformes institutionnelles. La mise en œuvre du plan d’assainissement budgétaire présenté serait “ credit positive ” », explique Moody’s dans sa note d’information.

Ce que Moody’s pense… 

… de l’ajustement budgétaire : « L’ajustement budgétaire s’appuie sur des mesures ciblées qui, ensemble, augmenteraient les recettes de 4,3 % du PIB sur une période de trois ans et réduiraient les dépenses de 4,4 % du PIB. Les réformes combinées de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les bénéfices devraient être le principal facteur de recettes, soutenues par l’élargissement de la TVA et de la taxe sur les ventes. Les autorités visent à stimuler les recouvrements en modernisant l’administration fiscale, notamment par des efforts visant à élargir l’assiette de la TVA et par une augmentation de divers droits et taxes d’accise. Le gouvernement a également simplifié et introduit une plus grande progressivité dans le système de l’impôt sur le revenu des personnes, contribuant ainsi à compenser l’impact sur les ménages à faible revenu. Il a annoncé une “ fair share contribution ” temporaire pour les hauts revenus et les entreprises. Les hypothèses de recettes incluent également environ 1 % du PIB par an provenant de l’accord de location de l’archipel des Chagos avec le Royaume-Uni, ce qui contribue à réduire la dette publique. » 

… des dépenses sociales : « Les dépenses sociales, qui comprennent les dépenses de pensions et les transferts aux ménages, ont considérablement augmenté depuis 2020, atteignant 33 % des dépenses totales au cours de l’exercice 2025. Le gouvernement a l’intention de supprimer progressivement plusieurs allocations CSG jusqu’en 2027. » 

… du relèvement de l’âge de l’éligibilité à la pension de vieillesse : « Ce changement permettra de réaliser des économies substantielles au fil du temps. De même, le gouvernement mettra en place une commission chargée de déterminer comment réformer le système de retraite en tenant compte du vieillissement de la population. »

Les risques à ne pas écarter

Un éventuel ralentissement de la croissance 

L’un des principaux risques est que le resserrement de la politique budgétaire ralentisse la croissance plus que prévu. À savoir que le gouvernement prévoit une croissance du PIB réel de 3,7 % pour l’exercice 2026 avant d’accélérer à 4 % au cours des deux années suivantes. « Les investissements dans les énergies renouvelables et le développement des infrastructures sont à la base des prévisions de croissance du gouvernement. À titre de comparaison, la croissance moyenne du PIB réel a été de 3,6 % au cours de la période 2010-19. Ces estimations pourraient s’avérer optimistes compte tenu du resserrement de la politique budgétaire », fait, toutefois, ressortir Moody’s. 

Probable baisse du pouvoir d’achat 

Une série de décisions antérieures en matière de politique fiscale, y compris une augmentation des transferts sociaux, ont contribué à une croissance tirée par la consommation au cours des dernières années. Pour Moody’s, le Budget actuel marque un revirement, en introduisant des mesures de restriction des dépenses et de mise en conformité fiscale qui pourraient freiner le pouvoir d’achat des ménages. En particulier, souligne l’agence, la diminution des transferts sociaux, l’élargissement de la TVA et l’augmentation des droits d’accise pourraient affecter la demande (autrement dit, la consommation) à court terme.  

Une demande extérieure plus faible  

Les perspectives sont assombries par un environnement extérieur incertain. « Une demande extérieure plus faible que prévu de la part des principaux partenaires commerciaux pourrait aggraver les vents contraires intérieurs. Le ralentissement de la croissance remettrait en cause les objectifs de recettes et retarderait les efforts de réduction de la dette, ce qui aggraverait les risques pour l’assainissement budgétaire », souligne Moody’s. 

Des craintes liées à la mise en œuvre du plan d’assainissement budgétaire 

« Le Budget du gouvernement mauricien pour 2025-26 fixe une trajectoire d’assainissement budgétaire ambitieuse, mais des risques d’exécution subsistent ». C’est par le biais de cette phrase que l’agence de notation résume le Budget. Moody’s exprime, en effet, des appréhensions : 

  • « L’ampleur de l’ajustement requis - qui vise à améliorer le solde primaire de 8,5 % du PIB sur trois ans - crée un risque d’exécution substantiel. Le gouvernement prévoit d’atteindre un excédent primaire de 1,8 % du PIB pour l’exercice 2028, en réduisant la dette publique à 73 % du PIB pour l’exercice 2028, contre 79 % à la fin de l’exercice 2025. »  
  • « Le Budget introduit des mesures budgétaires globales pour relever les principaux défis, notamment des dépenses publiques de plus en plus rigides. L’ajustement budgétaire repose en grande partie sur des réformes politiquement sensibles, notamment la rationalisation des dépenses et des transferts sociaux et l’augmentation des impôts. Ces mesures se heurtent à des obstacles de mise en œuvre et les gains de recettes pourraient s’avérer insuffisants si la croissance économique s’affaiblit. » 
  • « L’adoption de ces mesures et l’obtention des résultats budgétaires visés seront essentielles pour restaurer la crédibilité budgétaire et stabiliser la dynamique de la dette. » 

L’importance de réussir les objectifs de croissance

Ce que dit Moody’s : « Si la croissance n’est pas à la hauteur des prévisions, les objectifs de recettes s’en trouveraient compromis et le rythme de l’assainissement budgétaire ralentirait. » 

Vers une diminution du fardeau de la dette si les objectifs sont atteints 

« Si la plupart des prévisions de croissance et des attentes budgétaires du gouvernement se réalisent au cours de cet exercice et au-delà, nous nous attendons à ce que les déficits budgétaires se réduisent, ce qui se traduira par une diminution du fardeau de la dette », souligne Moody’s. De même, une diminution du ratio dette/PIB de Maurice au fil du temps rendrait le fardeau de la dette de l’État plus conforme à celui des pays de la catégorie Baa. « D’autre part, l’accessibilité de la dette, exprimée par le rapport entre les paiements d’intérêts et les recettes, resterait largement conforme à celle des pays pairs, à savoir 9 % -  12 % », ajoute Moody’s.

 

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