Cybercrime à Maurice : 111 cas sur les 3 337 rapportés résolus entre 2014 et 2024

Malgré les discours et les initiatives, la lutte contre la cybercriminalité à Maurice reste semée d’embûches. En dix ans, de 2014 à 2024, la Cybercrime Unit de la police a recensé 3 337 affaires… mais seulement 111 ont été élucidées. Ce chiffre, dévoilé mardi à l’Assemblée nationale par le Premier ministre Navin Ramgoolam, en réponse à une question parlementaire de la députée Babita Thannoo, jette une lumière crue sur l’efficacité du système.

Dans le détail : 147 dossiers attendent toujours l’avis du Directeur des poursuites publiques, 14 sont en instance de procès, 889 font encore l’objet d’enquêtes et 2 176 ont été classés sans suite. Une statistique qui interroge, dans un contexte où les cyberdélits – de l’arnaque à l’usurpation d’identité, en passant par la diffusion de contenus illicites – ne cessent de croître.

Face à cette réalité, le gouvernement affirme muscler ses moyens. Le Premier ministre a annoncé un renforcement de la Cybercrime Unit, passée de 13 officiers en 2014 à 21 aujourd’hui, et une intensification des formations spécialisées, notamment sur les nouvelles menaces et la gestion des preuves numériques.

Les autorités misent également sur la coopération locale et internationale. L’unité collabore avec le CERT-MU, l’ICTA et plusieurs plateformes numériques via des canaux d’urgence 24/7 – notamment avec Facebook et TikTok – pour faciliter les enquêtes et les retraits de contenu.

Autre dispositif : les patrouilles numériques 24/7 menées par la Police IT Unit, épaulée par son Digital Forensic Laboratory, désormais opérationnel en continu pour analyser les preuves électroniques.

Conscient des limites actuelles, l’État planche sur une nouvelle unité spécialisée en cybersécurité, avec l’appui d’experts internationaux. Par ailleurs, dans le cadre du Programme gouvernemental 2025-2029, des amendements législatifs sont attendus pour mieux encadrer les audits de sécurité dans les secteurs sensibles et protéger les mineurs en ligne.
Maurice veut ainsi se doter des armes pour répondre à un défi global qui évolue à la vitesse du numérique.