Une série de restrictions sanitaires sont en vigueur depuis le vendredi 12 novembre. L’objectif étant de freiner la transmission de la Covid-19 au sein de la communauté. Trois semaines après, quelles sont les retombées de ces mesures ? Y a-t-il eu un effet positif sur la courbe de contamination ? Éléments de réponse.
Une «meilleure prise de conscience» observée
Le bilan est positif. C’est du moins l’avis au ministère de la Santé. Les restrictions sanitaires en vigueur depuis le 12 novembre dernier « fonctionnent ». Du 1er au 12 novembre, le ministère a enregistré 1 309 nouveaux cas de contamination au nouveau coronavirus. Contre 1 178 du 13 novembre au 22 novembre et 1 186 du 23 novembre au 1er décembre.
« Les mesures en vigueur ralentissent la transmission de l’épidémie », assure-t-on. Comme arrive-t-on à une telle conclusion ? « Les files d’attente devant les ‘flu clinics’ sont moindres. Les hôpitaux et le centre de traitement ENT ne sont pas débordés », explique une source au ministère.
Ces mesures, fait-elle comprendre, ont surtout permis de susciter une meilleure prise de conscience des dangers de la Covid-19. « Depuis l’instauration de ces nouvelles mesures sanitaires, de plus en plus de personnes portent le masque correctement et observent les gestes barrières. Il y a aussi moins de personnes dans les magasins et dans la rue. Le public fait plus attention. » soutient cette source.
D’ajouter que le « work from home » (télétravail) est privilégié par de plus en plus d’entreprises. « Les forces de l’ordre font un excellent travail pour que les consignes sanitaires soient respectées à la lettre », fait-on remarquer.
Toujours est-il que malgré ces mesures, le nombre de cas positifs reste élevé. À cela, au ministère de la Santé, on avance que ces restrictions sanitaires ont été imposées car certaines personnes ne sont pas à l’écoute des consignes. De donner en exemple l’organisation de mariages avec 250 invités, contre les 100 précédemment autorisés par les autorités.
« Des restaurants faisaient des soirées dansantes alors que c’est interdit. Ensuite, il y a eu un relâchement dans les gestes barrières lors du long week-end en raison des deux jours fériés du 1er et 2 novembre. Il y avait un grand nombre de personnes à la plage et dans les centres commerciaux », ajoute notre interlocuteur. Ainsi, pour lui, « avec le variant Delta qui est deux fois plus contagieux que la souche historique B.1.1.318 qui, elle, n’est pas agressive, il y a eu une grosse infection au pays ».
Du reste, fait-on ressortir, pourquoi ne mettre l’accent que sur le nombre de morts et non le gros pourcentage de vies sauvées ? « La vaccination est aussi importante, surtout la booster dose pour développer encore plus d’anticorps. » De partager, dans la foulée, que très bientôt, Maurice réceptionnera le Molnupiravir. « Ce médicament antiviral sera utilisé dès le premier jour qu’un patient est testé positif à la Covid-19. Dans un premier temps, la priorité sera donnée aux personnes à risque et d’un certain âge. » indique une source proche de ce dossier.
N’empêche, un confinement n’aurait-il pas permis de mieux endiguer la propagation du virus au sein de la communauté ? « Le confinement a été une mesure extrême. En 2020, le pays était désarmé face à la maladie. Il n’y avait pas encore de traitement ni de vaccin contre le virus. Maintenant, nous les avons et le confinement n’est pas très utile », affirme la source au ministère de la Santé.
Et si la situation empirait, d’autres mesures sanitaires sont-elles à prévoir ? « Une pandémie évolue et ne se calme pas en deux jours. Si besoin est, cela se fera certainement. »
Sur une période de 10 jours | Nombre de nouveaux cas positifs d’après le ministère de la Santé |
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1er novembre au 11 novembre | 1 309 |
12 nombre au 22 novembre | 1 778 |
23 novembre au 1er décembre | 1 186 |
Dr Vasantrao Gujadhur : «La situation empire dans le pays»
L’ex-directeur des services de santé du ministère est catégorique. Le Dr Vasantrao Gujadhur parle d’un manque de « logique », voire de cohérence dans les restrictions sanitaires annoncées le 11 novembre par le Premier ministre, qu’il qualifie même de « comiques ». « Ces nouvelles mesures ne suffisent pas pour endiguer la pandémie », affirme-t-il avec force.
Il observe qu’il y a toujours bon nombre de personnes dans les autobus, supermarchés, centres commerciaux, food courts, salles de gym... Commentant l’événement phare du week-end dernier, soit le Black Friday, le Dr Gujadhur fait remarquer que « c’était la fin du mois et les salaires sont versés. Évidemment, bon nombre de gens vont se ruer pour faire des achats dans les magasins s’il y a des promotions ». Il note également qu’un grand nombre de personnes ne portent pas le masque correctement ni ne respectent les gestes barrières à la lettre.
L’ex-directeur des services de santé n’y va pas de main morte. Tous les indicateurs sont au rouge, « le virus est partout ». Il parle d’une absence de mesures concrètes. « Les admissions dans les hôpitaux et à l’ENT sont en hausse, les cliniques sont remplies, le personnel de Santé est au bord du ‘burnout’, des médecins et des enseignants sont morts, le nombre de patients de la Covid-19 en isolement à domicile explose et il n’y a pas moins de 20 à 30 décès à ENT. Il y a aussi le manque d’oxygène. Limiter les rassemblements à 50 personnes, est-ce la solution alors que la situation empire dans le pays ? », s’interroge le Dr Gujadhur.
Que préconise-t-il ? D’ores et déjà, répond-il, la fermeture des gyms, centres de sport, spas, restaurants et cinémas, entre autres. « Avec l’approche de la période festive, il y aura encore plus de personnes en mouvement dans les rues et dans les centres commerciaux. Les risques de contamination seront plus grands. » D’où son insistance pour un lockdown d’au moins deux semaines.
« C’est nécessaire pour casser la chaîne de transmission du coronavirus. Le confinement peut être étendu encore une semaine, en fonction de la situation. S’il y a une amélioration, les autorités pourront rouvrir tout doucement le pays », dit le Dr Gujadhur.
L’inspecteur Shiva Coothen : «Le public semble avoir compris»
Du 18 août au 11 novembre, 8 555 personnes ont été prises en contravention pour non-port du masque. Alors que du 12 novembre au 1er décembre, elles sont 7 122 à avoir été verbalisées. Pour cette infraction, l’amende est de Rs 2 000, explique l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office. D’autre part, plus d’une trentaine de commerces y compris casinos, restaurants et gym ont été épinglés pour avoir enfreint les règlements sanitaires.
Est-il d’avis que les restrictions sanitaires sont respectées ? Selon l’inspecteur Shiva Coothen, le public semble avoir pris conscience de la gravité de la situation. « Avant, les gens portaient le masque sur les oreilles et le menton. Maintenant, ils le portent correctement sur la bouche et le nez lorsqu’ils sont dans les lieux publics ou de sortie pour faire des activités et les courses, entre autres », dit-il.
N’empêche, concède-t-il, qu’il y a toujours des irresponsables, tels que des personnes en isolement qui sortent de leur domicile pour faire des courses ou ceux qui persistent à ne pas porter de masque en public. Le public est invité à dénoncer ces cas sur le 148.
Depuis le 1er novembre, ajoute l’inspecteur Coothen, les éléments de la Special Mobile Force et ceux de la Special Supporting Unit épaulent la police régulière pour veiller au respect des consignes sanitaires. Il souligne également que la National Coast Guard veille à ce qu’il n’y a pas de pique-niques sur la plage.
L’hélicoptère de la police est mis à contribution. Il survole fréquemment le pays afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de gros rassemblements. Par ailleurs, conformément aux restrictions sanitaires en vigueur, le public doit aviser la police lorsqu’il y a un mariage ou des funérailles. Tout contrevenant, qui de surcroît agresserait un membre de la police qui le rappelle à l’ordre, risque une amende de pas moins de Rs 25 000 et une peine d’emprisonnement, précise l’inspecteur Coothen.
Une question d’approche
Pourquoi certains respectent-ils les gestes barrières et d’autres non ? Est-ce par simple esprit de contestation ? La réponse n’est pas aussi simple.
« Dans un monde idéal, tout le monde aurait pu mettre correctement son masque pendant toute une journée et respecter les gestes barrières à la lettre. Si en théorie ça marche pour casser la chaîne de transmission du virus, dans la pratique, c’est autre chose », souligne un consultant en psychiatrie exerçant au pays.
La Covid-19 est un ennemi invisible et c’est bien là le problème. « Certains prendront des précautions par peur de contracter le virus et d’autres non. Ces derniers le feront uniquement s’ils font l’expérience de la maladie », dit-il.
Pour faire en sorte que tout le monde adopte les gestes barrières, le psychiatre est d’avis que les autorités doivent miser davantage sur la sensibilisation aux dangers de la Covid-19. « La répression n’est pas une solution. Tout est une question d’approche. » Il cite l’exemple d’un policier qui verbaliserait un contrevenant de façon agressive. « Cela ne servira qu’à irriter la personne. »
En revanche, « en l’encourageant calmement à adopter les bons gestes, cela permettra de changer sa perception du risque ».
Les mesures en vigueur jusqu’au 13 décembre
- Rassemblements et réunions (publics et privés) avec un maximum de 50 personnes.
- 50 personnes maximum autorisées aux funérailles et mariages. L’aval de la police est requis.
- Complexes sportifs et gymnases : accès uniquement aux personnes « fully vaccinated » (pas plus de 50 personnes à la fois ou 1 personne/ 4 mètres carrés).
- 10 personnes autorisées dans les lieux de culte
- Fermeture des écoles publiques et privées (primaire, secondaire et tertiaire).
- Les restaurants, food courts et fast foods seront accessibles seulement aux personnes vaccinées. Le port du masque est obligatoire pour les employés. Il doit y avoir deux mètres de distance entre les tables.
- Le télétravail doit être privilégié dans les secteurs publics et privés.
- Les plages ouvertes mais les pique-niques interdits
- Les sports individuels et collectifs en plein air seront autorisés aux personnes ‘fully vaccinated’ seulement.
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