- Vives critiques des syndicats contre le taux de Statistics Mauritius
- Ils proposent entre Rs 855 et Rs 1 694
Le coup d’envoi des négociations tripartites sur la compensation salariale pour l’année 2026 a été donné le mercredi 26 novembre. Le ministre du Travail Reza Uteem a présidé cette première rencontre entre représentants syndicaux et patronaux à la salle de conférence de la Victoria House, à Port-Louis. Un comité technique doit se réunir prochainement pour poursuivre les discussions et déterminer le montant définitif.
La réunion a été marquée par une présentation du taux d’inflation prévisionnel pour 2025 par Statistics Mauritius, qui a annoncé un chiffre de 3,7 %. Ce taux a aussitôt été vivement contesté par les représentants syndicaux, qui le jugent déconnecté de la réalité du terrain et insuffisant pour refléter l’érosion du pouvoir d’achat subie par les travailleurs.
Les syndicats ont, par ailleurs, fait part de leurs propositions, qui varient de Rs 855 à Rs 1 694 (voir plus loin). Le patronat, de son côté, n’a pas encore dévoilé de chiffre.
Toutefois, selon une estimation initiale de Business Mauritius, si une compensation « across the board » (versée à tous les salariés) est appliquée sur la base d’une inflation de 3,7 %, le coût total pour les entreprises pourrait atteindre Rs 9,2 milliards, a déclaré Pradeep Dursun, COO de l’organisation, au Défi Media Group.
À l’issue de ce premier round de discussions, un comité technique doit se réunir dans les prochains jours pour approfondir l’analyse et trancher le montant final de la compensation salariale pour 2026. Pour rappel, la compensation salariale versée en 2025 s’élevait à Rs 610 pour les salariés touchant moins de Rs 50 000 par mois.
Reza Uteem, ministre du Travail : «Le dossier sera évoqué au Conseil des ministres ce vendredi»
Le ministre du Travail Reza Uteem a été à l’écoute des représentations faites par le patronat et les syndicats. Du côté des patrons, le risque que certaines entreprises ferment leurs portes a été évoqué, car elles ne pourront pas absorber la compensation salariale. Le patronat demande ainsi une aide ciblée du gouvernement pour pouvoir absorber cette hausse des coûts.
« Il y a une demande pour que le gouvernement aide certaines entreprises, notamment les PME et les compagnies tournées vers l’exportation », a indiqué Reza Uteem à la presse.
Du côté des syndicats, le plaidoyer est tout autre. « Ils réclament une compensation adéquate face à la hausse du coût de la vie. Ils contestent les chiffres d’inflation publiés par Statistics Mauritius, estimant que la hausse réelle des prix, en particulier pour certains produits essentiels, dépasse largement les données officielles », souligne-t-il. Plusieurs fédérations syndicales ont déjà fait part de leurs propositions et demandent que la compensation soit accordée à tous les travailleurs, sans la limiter à ceux touchant moins de Rs 50 000, fait ressortir Reza Uteem.
Le ministre a indiqué que les représentants des employeurs et des employés ont jusqu’à ce lundi 1er décembre pour soumettre leurs recommandations. « Une fois toutes les propositions reçues, le ministère du Travail, en collaboration avec celui des Finances, analysera les données. Une autre réunion tripartite sera ensuite convoquée, à une date qui sera fixée par le Cabinet, pour décider du montant final de la compensation salariale », explique Reza Uteem, qui compte aborder le sujet ce vendredi 28 novembre au Conseil des ministres.
Le ministre a conclu en rappelant que la compensation salariale est une mesure qui concerne tous les secteurs — privé comme public — et qu’elle doit être étudiée sérieusement, avec tous les paramètres techniques et économiques pris en compte.
Ce que Reza Uteem a dit sur…
- …le 13e mois : « Le gouvernement veillera à ce que toutes les entreprises respectent la loi et effectuent les paiements pour le boni dans les délais prévus par la loi. Nous veillerons au grain. »
- …l’aide accordée aux entreprises : « Des mesures avaient déjà été annoncées dans le Budget pour une réduction des aides accordées aux PME et aux sociétés exportatrices. Les PME souhaitent que ces mesures soient revues et que le gouvernement les aide davantage, surtout que, selon elles, ce sont les travailleurs eux-mêmes, via les impôts, qui vont financer leur propre compensation. »
- …l’exercice de compensation salariale : « Le gouvernement reste dans un esprit de concertation. D’ailleurs, nous avons écouté à la fois les représentants syndicaux et les employeurs. La compensation salariale concerne également les fonctionnaires. Donc, toute augmentation est un coût additionnel pour l’État et, par ricochet, pour les contribuables. C’est aussi à prendre en considération quand on décide du taux de la compensation salariale. »
Ajay Beedassee, président de la SME Chambers : «Notre niveau d’endettement ne nous permet pas de payer la compensation»
Pour la première fois, la SME Chambers a participé aux négociations tripartites sur la compensation salariale. Une occasion importante pour faire entendre la voix des petites et moyennes entreprises (PME), estime Ajay Beedassee, son président.
Les PME subissent une forte pression liée à l’endettement, affirme-t-il. « Nous ne sommes pas contre une augmentation salariale, car nous comprenons que le coût de la vie a augmenté. Sans employés, il n’y a pas d’entreprises. Mais beaucoup de petites entreprises sont lourdement endettées, avec un marché restreint. Nos chiffres d’affaires ainsi que notre rentabilité ont baissé, et certaines entreprises opèrent même à perte actuellement », indique-t-il.
Il insiste sur la nécessité de reconnaître la souffrance des PME : « Ce n’est pas qu’on ne veut pas payer la compensation, c’est qu’on ne peut pas. Notre endettement ne nous le permet pas. Si une entreprise ferme, que va-t-il se passer pour les employés ? Une partie des dettes date de l’ancien gouvernement et les entreprises les paient encore aujourd’hui. Enlever ce poids permettrait de garder les usines ouvertes. Et ce serait aussi une situation « win-win » pour les employés. »
Ajay Beedassee appelle ainsi à une approche équilibrée : « Nous demandons au gouvernement de soutenir les entreprises si une compensation est accordée. Sans soutien, ce sera difficile de continuer. Il faut préserver à la fois l’emploi et l’entreprise. »
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