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Compagnies de nettoyage : où est passée la main-d’œuvre ?

Grâce aux agents d’entretien, les espaces publics sont bien entretenus.

Alors que le secteur est en plein essor, les compagnies de nettoyage ont du mal à recruter de la main-d’œuvre. Un manque d’intérêt que les employeurs peinent à s’expliquer.

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Grâce à eux les routes des villes et villages, les toilettes publiques, les centres commerciaux et les bureaux sont nettoyés et propres. Mais leur métier ne semble pas être mesuré à sa juste valeur. Tant et si bien que les compagnies de nettoyage ont du mal à recruter afin d’étendre leurs services. 

Employant déjà 500 personnes, la compagnie Atics a besoin d’une centaine de nouveaux employés afin de pouvoir offrir de nouveaux services et accepter de nouveaux contrats. Mais la compagnie a du mal à recruter eu égard au manque d’intérêt des Mauriciens pour travailler dans le secteur du nettoyage. C’est ce qu’explique le Managing Director Raj Essoo. 

Sheila (prénom d’emprunt), responsable d’une autre compagnie, dit faire face aux mêmes contraintes. « C’est devenu assez difficile depuis la pandémie de Covid-19 de recruter du personnel. Nous avons soumis des demandes au ministère du Travail pour le recrutement de la main-d’œuvre. Depuis, nous attendons toujours », souligne-t-elle. 

Manque d’intérêt

Leurs entreprises ne seraient pas les seules à connaître cette situation. Face au manque d’engouement des Mauriciens, nombreuses sont les compagnies de nettoyage à subir les contre-coups du manque de main-d’œuvre. Et face à la réticence du ministère du Travail à leur octroyer un permis pour faire venir des travailleurs étrangers, ces compagnies ne savent plus à quel saint se vouer. 

Nos deux interlocuteurs affirment mener régulièrement des campagnes de recrutement mais les postes vacants ne trouvent pas facilement preneurs. « Certains nous disent qu’ils vont venir mais nous font faux bond par la suite. D’autres ne reviennent pas après avoir fait une journée d’essai. Ils déplorent qu’ils n’arrivent pas à s’adapter, que le travail ne leur convient pas, qu’il n’est pas fait pour eux ou que c’est trop fatigant », explique Raj Essoo. Et ceux qui acceptent le travail ne demeurent pas en poste pendant longtemps, ajoute-t-il. 

Peu valorisant

Sheila impute ce manque d’intérêt au rehaussement du niveau d’éducation, qui fait que certains préfèrent trouver un emploi comme « messenger » dans un bureau plutôt que d’être « cleaner », qui semble moins « valorisant ». Elle plaide pour un changement d’appellation car le « cleaner » est considéré comme péjoratif par certains, selon elle. Parmi les mots qui sont souvent utilisés mais qui ne sont pas encore entrés dans les mœurs mauriciennes figurent technicien de surface, agent d’entretien, agent d’entretien et maintenance ou agent de propreté et d’hygiène.

Elle en appelle ainsi à un changement de regard et de mentalité afin que davantage de demandeurs d’emploi accordent plus de mansuétude à l’égard de ce type de travail. Reprenant le dicton « il n’y a pas de sot métier », Sheila souligne que c’est grâce à eux que nous vivons dans un environnement propre, que ce soit dans les bureaux, dans la rue ou / et les centres commerciaux, entre autres. Pour elle, les agents de nettoyage, qu’elle appelle « opérateurs », méritent le respect de tout un chacun car c’est un métier comme un autre qui permet à ceux qui l’exercent de gagner dignement leur vie.

Pénalités

Raj Essoo et Sheila déplorent qu’en raison du manque de main-d’œuvre, leurs sociétés respectives ont parfois du mal à honorer certains contrat ou ont du mal à en accepter d’autres. « On se retrouve quelques fois à payer des pénalités, ce qui est très contraignant », selon le Managing Director d’Atics. D’où leur souhait de pouvoir recruter des étrangers devant le manque d’intérêt des Mauriciens pour s’engager dans ce secteur. 

Ils insistent cependant que leur priorité est d’avoir des employés localement car les Mauriciens sont bilingues et peuvent plus facilement converser avec les différents types de clients qui sollicitent les services de leurs sociétés. Ils affirment aussi que les employés sont rémunérés selon les dispositions de la loi et bénéficient même d’une allocation supplémentaire.

Barème salarial

Le barème de salaire recommandé depuis juillet 2022 pour un « cleaner » est de Rs 10 725. Pour un éboueur, il est de Rs 10 875. Le temps de travail est de 45 heures par semaine.

Travailleurs étrangers à la rescousse ?

Le ministère du Travail a reçu de nombreuses demandes en provenance de divers secteurs d’activité quant à la volonté de recruter des employés étrangers. Cependant, le secteur du nettoyage n’est pas considéré comme faisant face à des « scarcity issues », souligne le ministère. De ce fait, ces compagnies doivent avant tout chercher à recruter localement, nous fait-on comprendre.

Le ministère du Travail est d’avis que le taux d’alphabétisation et le niveau d’éducation du pays fait qu’il y a de moins en moins de personnes qui sont intéressées par les emplois manuels. Cela, en dépit des efforts consentis par le gouvernement pour améliorer les conditions de travail dans ces secteurs et la revalorisation des salaires, avec notamment l’introduction du salaire minimum. 

 

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