Cinq mois après leur relogement : la majorité des marchands ambulants en difficulté financière

Depuis leur relogement, les marchands ambulants ont vu leurs ventes dégringoler. Certains sont même pris dans la spirale de l’endettement.

« La situation est critique. La majorité des marchands ambulants n’arrivent pas à joindre les deux bouts, car leurs recettes ont drastiquement chuté ces derniers mois », indique Hyder Ryman, porte-parole du Front commun des marchands ambulants.

Ce n’est pas Imran Nabeebaccus, marchand ambulant depuis 28 ans et spécialisé dans la vente des vêtements, qui dira le contraire. « Si auparavant, je pouvais couvrir mes frais et réaliser des profits, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Parfois, je ne vends rien pendant quatre jours », explique Imran Nabeebaccus, qui a été relogé à la rue Decaen à proximité de la Gare Victoria.

Situation que vit également Malligabally Veerapen, qui vend des articles divers dans la rue depuis dix ans. « Auparavant, je travaillais à la gare. J’avais une vingtaine, voire une trentaine de clients chaque jour. Depuis le relogement à la Place Immigration à la Gare du Nord, je compte à peine cinq clients, parfois aucun », explique Malligabally Veerapen.

Alain Coutet, marchand ambulant depuis 29 ans, fait également la même désagréable expérience. «  Quand je travaillais à proximité de Winner’s, je vendais  huit à dix vêtements par jour. J’obtenais ainsi Rs 3 000 à Rs 3 500 par jour. Depuis que j’ai été relogé à la rue Decaen, j’écoule à peine une ou deux pièces chaque deux jours, parfois rien », déplore-t-il. Pour Alain Coutet, c’est le manque de clients, mais également le changement de clientèle qui en sont en cause. «  Auparavant, ma clientèle était composée essentiellement de gens travaillant dans les bureaux. Aujourd’hui, elle est constituée de gens de passage dans la Capitale », fait-il ressortir.

Une baisse d’activités qui n’est pas sans conséquence. «  Je dois puiser dans mon capital pour les dépenses quotidiennes », explique Alain Coutet. « Je n’arrive pas à trouver Rs 5 000 chaque mois pour rembourser mon prêt immobilier et payer l’importateur avec qui j’achète mes articles à crédit. Je n’ai même pas les moyens de payer la facture d’eau et d’électricité », s’inquiète, pour sa part, Imran Nabeebaccus.

Azim Sokauloo, marchand ambulant basé à la Place Immigration, qui vend des accessoires pour portable, voit, lui aussi, ses factures s’accumuler avec inquiétude. « Je faisais des recettes de Rs 2 000 à Rs 3 000 par jour. Aujourd’hui, je réalise à peine Rs 200 de vente par jour. Cette situation est stressante. On nous a relogés sans se soucier si nous nous en sortons ou pas », martèle-t-il.

« J’ai les cours de ma fille à payer et je gagne à peine de quoi couvrir les dépenses quotidiennes », fait ressortir Malligabally Veerapen, qui a peur de sombrer dans l’endettement. D’autres marchands n’arrivent pas à payer leurs loyers ou les leçons particulières de leurs enfants. Certains ont dû même frapper aux portes des ONG pour bénéficier d’une aide sociale. Pour Hyder Ryman, cette situation n’est que le prélude d’un secteur d’activité qui se dirige vers une mort certaine.