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Cinq ans après le naufrage du MV Wakashio à Pointe-d’Esny - Sébastien Sauvage, d’Eco-Sud : «Les responsables n’ont pris aucune mesure» 

Sébastien Sauvage, directeur exécutif de l’ONG Eco-Sud. Georges Ah Yan, activiste et conseiller du village de Mahébourg. Adi Teelock, membre de Plateforme Maurice Libre. Hatim Lallmohamud, pêcheur.
  • ONG, citoyens et activistes inquiets

Cinq ans après le naufrage du Wakashio, les questions restent entières. ONG, activistes et habitants dénoncent un manque de transparence, l’absence de réparation, et s’inquiètent d’une stratégie nationale de prévention toujours aussi floue face aux risques maritimes.

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Le 25 juillet 2020, le vraquier japonais Wakashio, battant pavillon panaméen, s’échouait sur les récifs de Point-d’Esny, au sud-est de Maurice. Quelques jours plus tard, plus de 1 000 tonnes d’huile lourde se déversaient dans le lagon, causant l’une des pires catastrophes écologiques de l’histoire du pays. Cinq ans plus tard, la colère gronde toujours.

« Les responsables de cette catastrophe n’ont pris aucune mesure pour faciliter le traitement des plaintes légitimes, notamment celle déposée par Eco-Sud », déclare Sébastien Sauvage, directeur exécutif de l’ONG. Il évoque un vide persistant dans le processus de réparation. Selon lui, les conséquences sont toujours visibles, notamment des résidus d’hydrocarbures dans les mangroves, en l’absence d’étude indépendante ou de mécanisme de surveillance environnementale crédible.

Dans ce contexte, la visite, le 8 juillet dernier, du CEO de Mitsui OSK Lines Ltd, Hashimoto Takeshi, au Bureau du Premier ministre, suscite de nouvelles interrogations. « Eco-Sud s’interroge si cette rencontre s’inscrit dans une stratégie de réparation et de justice pour les dommages causés à notre pays », poursuit Sébastien Sauvage.

Pour Adi Teelock, de Plateforme Maurice Libre (PML), « nous n’avons pas appris de nos erreurs ». Elle déplore l’opacité autour du naufrage et l’absence de mesures structurelles de prévention. À ce jour, le rapport de la cour d’investigation sur l’échouage n’a toujours pas été rendu public. Elle regrette aussi que la côte sud-est, écologiquement vulnérable, n’ait pas obtenu le statut de Zone maritime particulièrement vulnérable (ZMPV), dispositif reconnu par l’Organisation maritime internationale (OMI). « Le sud-est de l’île remplit toutes les conditions pour être désignée ZMPV en raison de ses spécificités écologiques, socio-économiques et scientifiques. »

Mobilisation citoyenne

Georges Ah Yan, activiste et conseiller du village de Mahébourg, salue l’élan de solidarité qui avait marqué les premiers jours, lorsque des citoyens s’étaient mobilisés pour contenir la nappe d’huile. Mais il s’inquiète de l’absence de stratégie de réponse en cas de nouvelle catastrophe : « Si un tel événement se reproduisait, saurions-nous comment réagir ? Et si, la prochaine fois, il n’y a pas de canne à sucre pour contenir l’huile ? » Il questionne également les mécanismes d’indemnisation : « Qui a reçu une compensation ? Pourquoi certains ont été indemnisés et d’autres non ? »

Hatim Lallmohamud, pêcheur, se souvient des premières heures de la marée noire : « Ce que nous avons vécu ce jour-là était dramatique. Cela a gravement affecté notre écosystème marin, notamment les poissons et les coraux. [...] Sans coraux, il n’y a pas de poissons. » Il appelle à une mobilisation citoyenne contre la pollution plastique, soulignant que la survie des communautés côtières dépend directement de la santé des lagons.

Alors que le souvenir du naufrage s’éloigne, les préoccupations restent vives. Ces témoignages rappellent l’urgence d’une politique de transparence, d’un processus de réparation crédible, et d’une vision claire pour prévenir les risques environnementaux futurs. 
Sara Lutchman

 

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