Après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), le 25 février dernier, sur l’illégitimité de la présence des Britanniques sur les Chagos, Maurice est passée à la deuxième étape. Le Sénégal, au nom de l’Union africaine, a déposé une résolution au secrétariat général des Nations unies le vendredi 10 mai pour demander aux Britanniques d’abandonner l’administration des Chagos dans un délai de six mois. La résolution sera débattue et mise au vote le 22 mai prochain. Vu l’obstination des Britanniques à ignorer la CIJ, à quoi pourrait servir cette résolution, si elle devait être votée ?
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Du côté de l’Hôtel du gouvernement on s’attarde sur l’importance d’avoir un vote conséquent en faveur de la résolution pour accentuer la pression sur les Britanniques. La délégation officielle quitte Maurice le 18 mai et comprendra le Solicitor General. « Les consultations se poursuivent à New York, aux Nations unies, explique une source autorisée à l’Hôtel du gouvernement. Notre représentant permanent a déjà rencontré le groupe africain et nous multiplions les contacts avec les pays amis », soutient-on à l’Hôtel du gouvernement
Les pays qui s’étaient abstenus de voter le 22 juin 2018 pour la résolution portant le dossier devant la CIJ intéressent particulièrement les autorités mauriciennes. « Nous y réfléchissons depuis longtemps. Nous avons pris notre temps avant d’imposer ce délai de six mois. Il y a des options si ce scénario se confirme. Nous y travaillons », précise un interlocuteur proche de ce dossier.
L’ancien ambassadeur de Maurice aux Nations unies, Milan Meetarbhan, estime toutefois qu’il est prématuré d’anticiper sur ce que diront les Britanniques : « Nous verrons bien quelle position ils adopteront lors des débats. Mais c’est vrai que la résolution en elle-même pourrait ne rien apporter. Il faut espérer que ce soit le contraire, surtout avec une majorité importante au moment du vote. » Il insiste que cette résolution ajouterait à la pression politique. Ce qui embarrasserait tout de même la Grande-Bretagne.
D’autres observateurs estiment que tout cela n’est que du vent. C’est l’opinion, depuis le début de l’affaire déjà, de Jean Claude de l’Estrac, ancien ministre des Affaires étrangères. « Je ne sais pas quand les Mauriciens vont comprendre qu’on les mène en bateau, s’indigne-t-il. Ce n’est pas en faisant ces gesticulations qu’ils vont faire partir les Américains de Diego Garcia. » La résolution ne servira strictement à rien, selon lui.
Quand on lui fait remarquer que Maurice a déjà expliqué qu’elle n’avait pas de problèmes avec la présence américaine sur Diego Garcia, il explique : « Cette question a été étudiée depuis longtemps par les Américains. Ils ne veulent pas que la souveraineté passe à un autre pays que la Grande-Bretagne, son allié de longue date. » Selon l’ancien ministre, même si les Britanniques changeaient d’avis, les Américains y feraient obstacle.
Il maintient que la solution est de proposer aux Britanniques de conserver Diego Garcia, mais de négocier la rétrocession des autres îles, d’autant qu’il y a un précédent avec les Seychelles en 1976. Trois îles du British Indian Ocean Territory avaient été rétrocédées aux Seychellois. « Cette stratégie n’a pas une grande chance, mais tout au moins une petite chance de réussir », estime Jean Claude de l’Estrac.
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