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Chagos : des actions plus audacieuses prévues en 2017

Chagos Crédit photo : Groupe Refugiés Chagos

Encore marqué par la disparition subite de sa mère Rita Bancoult, le président du Groupe réfugiés Chagos semble être plus déterminé que jamais pour continuer sa lutte pour un retour des Chagossiens dans leur archipel. Des actions « musclées » sont en gestation, annonce-t-il.

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Las sans doute des tactiques dilatoires du gouvernement britannique, Olivier Bancoult n’écarte pas des actions plus audacieuses en 2017. Cela afin de faire capituler les Anglais concernant leur droit de retour sur leurs terres natales. D’un ton ferme il annonce qu’il va remettre les pieds dans l’archipel au péril de sa vie. D’ores et déjà, il annonce sa décision de diriger un groupe d’une cinquantaine de natifs pour débarquer dans l’archipel. « Nous allons partir avec notre acte de naissance et nous allons voir s’ils vont nous tuer pour nous empêcher de débarquer », prévient-il.

Maurice plus déterminé

« Maurice est encore plus déterminé à porter l’affaire devant la Cour internationale de justice », avait annoncé l’Hôtel du gouvernement le jeudi 17 novembre 2016 suite à l’annonce de compensation du gouvernement britannique. Les meilleures options devaient être passées en revue afin de trouver une solution pour que Maurice puisse retrouver sa souveraineté sur les Chagos.

Des instances internationales vont aussi être alertées afin d’être témoin de l’attitude des Britanniques et des militaires installés sur la base de Diego Garcia.

« Ce n’est pas un péché de vouloir retourner sur nos terres pour y habiter et nous recueillir sur les tombes de nos ancêtres », plaide Olivier Bancoult. Pour des raisons évidentes, il n’a pas voulu nous révéler la date de cette éventuelle action. Mais, il ajoute que les Anglais auront des cadavres sur leur conscience que ce soit dans l’archipel ou devant le haut-commissariat britannique. « Ce sera le plus grand choc qu’ils auront », lance-t-il d’un ton ferme.

Parmi les autres actions possibles à partir du 15 janvier 2017 s’il n’y a pas un changement d’attitude positif de la part des Britanniques, il y a aussi des manifestations pacifiques à délai indéterminé ainsi qu’une grève de la faim. « Nous avons toujours mené notre lutte de manière pacifique. Nous avons toujours collaboré en agissant sans aucune violence. Ce que nous demandons c’est de vivre et nous laisser vivre ».

Le cœur gros suite à la disparation de sa mère Rita Bancoult il y a une dizaine de jours, Olivier Bancoult a du mal à cacher sa peine et sa révolte quant à l’attitude des Britanniques. Encore plus depuis la proposition indécente faite le 16 novembre dernier pour la remise d’une compensation de 40 millions de livres sterling (Rs 1,9 milliard environ) sur une période de 10 ans. « Notre dignité n’est pas à vendre, notre conscience n’est pas à acheter », martèle-t-il. Il ajoute aussi que ce n’est pas aux Anglais de décider pour leur avenir. Cette époque est révolue. Nous ne sommes plus en 1965 mais en 2016. « Nous sommes capables de faire nos choix ».

L’adieu des natifs

Sur une population d’environ 10 000 personnes, ils sont autour de 483 natifs de l’archipel des Chagos encore en vie. 126 vivent en Grande-Bretagne, 75 aux Seychelles et d’autres sont éparpillés à La Réunion, l’Australie et en Europe. Parmi les grandes figures de la lutte chagossienne qui sont décédés il y a Lisette Talatte, Charlezia Alexis, Véronique Elphezie, Fernand Mandarin et Rita Bancoult.


Le déchirement

Écrasé par le poids de l’âge, Rosemond Samynaden réalise peu à peu qu’il ne retrouvera sans doute pas sa terre natale. à 80 ans, il n’a plus la même force, le même courage… Installé dans la varangue de sa maison à Baie-du-Tombeau, son esprit vagabonde et c’est toujours vers la même destination : l’archipel des Chagos.

« Quand on dort on rêve, mais quand on reste là assis je revois le lieu où j’habitais, où je travaillais », dit-il avec nostalgie.

Comme Lisette Talatte, Fernand Mandarin, Rita Bancoult et tous ceux originaires de l’archipel qui ont voulu retourner dans leurs îles, il n’a que cela comme désir. « J’ai envie de retourner également. Dieu seul sait si j’aurais l’opportunité de le faire. Là-bas je vivais mieux de ce que j’ai connu ici, je n’avais aucun souci », dit-il avec regret tout en se rappelant des jours heureux qu’il a connus là-bas.

Mais il sent déjà que l’espoir s’amenuise avec l’attitude des Britanniques qui usent de tactiques dilatoires afin qu’ils ne puissent regagner leurs terres. « Mon esprit me dit que je vais pouvoir retrouver ma terre natale mais avec la position prise par les Britanniques ce sera sans doute difficile », explique Rosemond Samynaden. Mais il précise qu’aussi longtemps que son cœur battra il va continuer à revendiquer le droit de retour des Chagossiens dans l’archipel. Il en est de même pour Jacqueline Alfred, fille de Rose Uranie la sœur de Charlezia Alexis. Comme Olivier Bancoult a tenté de le faire pour sa mère et toute la communauté chagossienne, elle souhaite continuer la lutte des aînés. Pour elle, cela lui restera en travers de la gorge si sa mère n’arrive pas à retourner sur sa terre natale.

En évoquant tous les souvenirs que lui ont racontés sa mère et son défunt père de l’archipel des Chagos, son visage s’illum ine subitement avant de s’assombrir à nouveau quand elle réalise que le combat est âpre à mener. Jacqueline Alfred constate aussi que pour de nombreux natifs de l’archipel, ce n’est que leur corps qui est à Maurice. « Leur cœur est resté là-bas ». Ce qui serait une des raisons pourquoi ils n’ont jamais pu s’adapter à Maurice, car ils n’ont pas fait le choix de venir à Maurice mais ont été contraints de le faire. Ajouté à cela les préjugés et mépris qu’ils ont subis de la part de certains ont contribué à leur déchéance, soutient-t-elle.  

C’est ce qui explique aussi la lutte des femmes chagossiennes dans un premier temps qui ont menée des grèves de la faim et ont accepté d’être frappées par la police pour revendiquer leur droit de retour dans l’archipel afin que leurs enfants ne connaissent pas la misère et ne meurent de faim. Ce qu’ils n’ont jamais connu sur les îles de l’archipel.

 

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