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Chagos : Bancoult raconte en détail la pression des Britanniques

Lors d’une conférence de presse, le leader du Goupe réfugiés Chagos, Olivier Bancoult, a affirmé que la baronne Joyce Anelay, ministre d’État aux Affaires étrangères, lui a proposé un « bribe » pour abandonner le camp du gouvernement mauricien. Il est revenu sur le fil des événements.

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15 juillet : première rencontre entre Olivier Bancoult, entouré d’autres membres du Groupe réfugiés Chagos (GRC), et le Premier ministre sir Anerood Jugnauth. Ce dernier leur apprend l’intention du gouvernement de porter l’affaire devant les Nations unies. Il indique qu’il souhaite inclure un membre de la communauté chagossienne dans sa délégation. Le même jour, le communiqué du Conseil des ministres indique que le gouvernement et Olivier Bancoult estiment que le droit de retour des Chagossiens et la souveraineté de Maurice sont indissociables.

20 juillet : Olivier Bancoult et quelques autres membres de la communauté chagossienne rencontrent Jonathan Drew, haut-commissaire britannique, à la demande de ce dernier. Il veut savoir si le leader du GRC s’est associé au gouvernement mauricien. « Il m’a demandé si je ne voyais pas qu’on me menait en bateau », explique Olivier Bancoult. Jonathan Drew aurait, entre autres, avancé que le rapport de KPMG affirmant qu’il n’y avait pas de raison valable pour empêcher le retour des Chagossiens sur leur île, n’était pas clair.

19 août : réunion du GRC avec le Secrétaire au Cabinet, Sateeaved Seebaluck. Le GRC veut savoir ce qu’a à gagner la communauté chagossienne avec l’initiative du gouvernement. Ils obtiennent la garantie d’un droit de retour. Le GRC vote et choisit Olivier Bancoult comme membre de la délégation du Premier ministre.

31 août : nouvelle réunion du GRC avec Jonathan Drew. Ce dernier veut confirmer si Olivier Bancoult sera membre de la délégation de sir Anerood Jugnauth aux Nations unies. « Il m’a dit qu’il s’agit d’une grave erreur », affirme Olivier Bancoult. Ce dernier réplique au haut-commissaire qu’il considère son geste comme une tentative « d’intimidation ». Il ajoute qu’il sera en Angleterre du 8 au 18 septembre et est disposé à rencontrer un représentant du gouvernement britannique.

5 septembre : la veille de son départ, Olivier Bancoult reçoit une lettre signée Peter Hague, directeur du British Indian Ocean Territory (BIOT) :
« Dear Mr Bancoult, It was good to meet you in Port Louis in May. Thank you for your time. I am writing  now to update you. [...] Decisions about the future of the BIOT are difficult and need  to be taken once there is full understanding of the issue and options.[...] Ministers are aware of the question about Chagossian resettlement, but deliberations are ongoing  and no decisions have been made on the way forward.

You asked for a meeting with a minister. Baroness Anelay, minister for Overseas territories, would be pleased to meet you. [...] »

6 septembre : Olivier Bancoult répond en exigeant la présence d’un homme de loi lors de la rencontre avec la baronne Joyce Anelay. Le bureau de cette dernière refuse.

15 septembre : la rencontre a lieu au Foreign Office et le GRC y invite Andrew Rosindell, élu du parti conservateur britannique et président du All-Party Parliament Group sur les Chagos. Le ministère lui refuse l’accès, insistant qu’il s’agit d’un « private meeting ». La baronne Joyce Anelay affirme que son gouvernement travaille sur le relogement des Chagossiens qui devrait se concrétiser d’ici la fin de l’année. Olivier Bancoult exprime son scepticisme. C’est là que la ministre d’Etat aurait déclaré : « Mr Bancoult, we have good news for you. We have £ 20 000 for any project for Chagossians in Mauritius. » Pour le leader du GRC, « mo konsider li kouma dir enn bribe. Pe rod fer mwa sanz lide ».

19 septembre : Olivier Bancoult rejoint la délégation de sir Anerood Jugnauth à Londres et lui confie la teneur de la réunion du 15.

L’origine des £ 20 000 proposées

En 2006, face aux pressions exercées par la communauté chagossienne, les Britanniques ont accepté que 100 Chagossiens se rendent sur leur île natale. Cette « heritage visit » s’est répétée tous les ans jusqu’en 2013. Cette année-là, la visite a été annulée à cause de problèmes mécaniques avec le bateau devant transporter les Chagossiens.

Les Britanniques ont alors proposé d’utiliser le budget déjà voté pour le voyage, soit £ 60 000, pour des projets destinés aux Chagossiens installés à Maurice, à Londres et aux Seychelles. D’où les £ 20 000 proposées pour Maurice. Toutefois, les propositions du GRC pour la réparation des maisons ou des check-up médicaux pour tous les Chagossiens sont restées lettre morte jusqu’à la réunion du 15 septembre.

 

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