Ces jeunes que François a touchés au cœur

Figure universelle de paix et d’humilité, le pape François laisse une empreinte durable à Maurice. Six voix de jeunes rendent hommage à son message d’unité, de justice sociale et de fraternité.

Rakesh Ghurburrun, enseignant : « Il nous a montré le vrai leadership »

« Aujourd’hui, nous nous réunissons le cœur lourd, une communauté mondiale unie dans le deuil. Nous pleurons la disparition du pape François, une figure dont la voix a résonné bien au-delà des murs du Vatican, un pasteur qui a touché la vie de millions de personnes », confie Rakesh Ghurburrun, enseignant au Mayflower College.

Ce qu’il retient du pontificat de François ? Son engagement sans faille pour la justice sociale, une défense infatigable des plus démunis et un appel constant à la paix dans un monde déchiré par les conflits. « Sa voix, claire et sincère, perçait le vacarme de la vie moderne pour nous rappeler notre humanité commune, notre devoir de protéger les plus vulnérables et l’urgence de prendre soin de notre planète. » Et de citer le pape : « Le monde vous dit de rechercher le succès, le pouvoir et l’argent ; Dieu vous dit de rechercher l’humilité, le service et l’amour. »

Rakesh Ghurburrun se sent particulièrement touché par l’appel du pape à « bâtir des ponts plutôt que des murs ». « Ayant grandi dans un foyer où cohabitaient la foi catholique de ma mère et l’hindouisme de mon père, ses messages de dialogue interreligieux prenaient tout leur sens. Il nous rappelait que le respect et la compréhension peuvent s’épanouir dans la diversité spirituelle. » François l’a d’ailleurs martelé : « Le vrai pouvoir, c’est le service. Même le pape, dans l’exercice de sa mission, doit entrer dans le service de l’évêque de Rome. »

Le souverain pontife a fait du dialogue entre les religions une priorité, mais aussi de la simplicité et de l’humilité un mode de vie. « Il a toujours refusé le faste associé à sa fonction. Il nous a montré que le vrai leadership, ce n’est pas le pouvoir ou les privilèges, mais l’empathie et le lien sincère avec autrui. »

La visite historique de septembre 2019 reste un moment gravé dans le cœur de beaucoup. « Pour ma famille, au carrefour du catholicisme et de l’hindouisme, sa présence a été une source unique d’élévation spirituelle commune. Il a loué la beauté de Maurice, sa richesse culturelle, et souligné l’urgence de protéger notre environnement. Son message d’espoir et de réconciliation a profondément résonné sur notre île, bien au-delà des frontières religieuses. »

Rakesh conclut, visiblement ému : « Ses paroles, prononcées avec une chaleur et une sincérité rares, ont marqué nos cœurs à jamais. Lors de sa visite, il nous a dit : “Que Maurice continue d’être une étoile pour tous ceux qui vivent dans l’océan Indien.” Un vœu que nous devrions continuer à honorer. »

Sonia Larose, enseignante : « Le pape François nous inspirait »

« Le pape François était un modèle d’humilité. Il privilégiait un style de vie simple, et son attachement aux plus démunis inspirait les jeunes. Il montrait toujours un vif intérêt pour la jeunesse, surtout lors des Journées mondiales de la jeunesse, où il nous rappelait l’importance de la foi et de l’espérance, qui permettent de surmonter les difficultés de la vie. J’ai eu l’occasion d’assister à la messe célébrée par le pape à Maurice et cela restera un très beau souvenir. »

Mariella Tonta, Library Officer : « Ses paroles étaient source de réconfort »

La visite du pape François à Maurice, en 2019, reste gravée dans la mémoire de Mariella Tonta, Library Officer. « C’était un moment unique, souvent au-delà des clivages religieux. Pour beaucoup, il incarnait un repère de paix, d’unité et de compassion. Sa venue dans un pays multiculturel reconnaît la capacité de chacun à vivre ensemble dans l’harmonie, un message qu’il porte sans relâche », confie-t-elle.

Mariella se dit particulièrement touchée par les paroles du pape à l’intention des jeunes. « Le message qu’il leur a adressé était essentiel. Il reconnaissait le rôle déterminant de la jeunesse dans la construction de l’avenir et les appelait à devenir des acteurs de changement et d’espérance. »

Dans un monde où les jeunes font face à de nombreux défis, elle souligne la justesse du propos. « Conscient de la réalité du chômage, de l’exclusion, il invitait la société à investir dans le développement, à donner des perspectives pour s’épanouir. »

Elle insiste également sur l’importance que le pape François accordait à l’éducation, aux valeurs et à l’engagement citoyen. « Il incitait les jeunes à s’impliquer dans leur communauté. Ses mots leur donnaient foi en leur potentiel et les poussaient à croire qu’ils pouvaient changer les choses. »

Autre point marquant pour Mariella : l’engagement du souverain pontife en faveur de la justice sociale. « Son action auprès des plus démunis, des oubliés, reflétait un engagement sincère. Cela nous rappelle l’importance de construire une société qui ne laisse personne de côté. »

La position ferme du pape contre la violence et le terrorisme l’a également marquée. « Dans un monde souvent fracturé par la peur, il s’est élevé sans ambiguïté contre toutes formes d’extrémisme. Pour lui, aucune cause, qu’elle soit religieuse, ethnique ou politique, ne peut justifier de tels actes. » Elle poursuit : « Il offrait une boussole morale, exhortant les dirigeants et les citoyens à choisir le chemin du dialogue et de la paix. Le dialogue interreligieux, la compréhension mutuelle… il en parlait comme des clés essentielles pour vaincre les racines du terrorisme, pour construire la paix au lieu de nourrir la haine. »

En évoquant les rassemblements populaires, Mariella Tonta conclut avec émotion : « Les rassemblements du pape généraient souvent des expériences bouleversantes. Voir des gens si différents rassemblés par la foi et l’espérance montre à quel point il savait toucher les cœurs. Ses paroles étaient une source de réconfort et d’élan dans un monde en quête de repères. »

Angkush Poonye, expert-comptable : « Le pape a donné à de nombreux jeunes la force de croire en eux »

Bien plus qu’un événement religieux, la visite du pape François à Maurice en 2019 a été, pour Angkush Poonye, expert-comptable et éducateur, une expérience forte et unificatrice. « Cette visite a profondément résonné en moi, comme elle l’a fait dans tout le pays. En tant que Mauricien, j’ai ressenti un profond honneur et une grande joie en accueillant ce leader spirituel mondial sur notre île », témoigne-t-il.

Pour le jeune homme, le pape François représentait un phare d’espérance et de paix. « Dans un monde souvent marqué par la division et les conflits, sa présence nous rappelait l’importance de l’unité, de la compassion et de la compréhension. Son message dépassait les frontières religieuses, touchant des personnes de toutes confessions et origines. »

Il dit avoir été profondément marqué par les valeurs d’humilité, d’empathie et d’amour que le pape incarnait. « Ses paroles, comme ses actions, nous inspiraient à devenir de meilleures personnes et à construire une société plus juste et plus harmonieuse. »

Angkush Poonye estime également que cette visite a mis en lumière le caractère unique de Maurice en tant que nation multiculturelle et multireligieuse. « Notre capacité à coexister dans la paix, avec respect et tolérance mutuels, est une véritable fierté. La présence du pape l’a pleinement soulignée. Il a reconnu et célébré notre diversité, nous rappelant combien il est important de préserver cet héritage précieux. »

Il garde un souvenir indélébile de la messe célébrée par le pape à Marie Reine de la Paix, qu’il qualifie d’« expérience inoubliable ». « Voir des milliers de personnes réunies dans la prière, unies dans la foi et l’espérance, fut profondément émouvant. Son homélie, prononcée sur fond de notre belle île, fut un appel vibrant à vivre les Béatitudes, à faire preuve de miséricorde, à être artisans de paix, à être le sel de la terre », avance-t-il.

« Son message de justice sociale et d’égalité a trouvé un écho profond en moi. Il a parlé avec passion de la nécessité de prendre soin des pauvres et des marginalisés, de lutter contre les inégalités et de promouvoir la dignité humaine pour tous. Il nous a mis au défi d’affronter les réalités de la pauvreté, de l’exclusion et de l’injustice qui persistent dans notre société, et de travailler ensemble à bâtir un monde plus inclusif et équitable », souligne-t-il.

Il a été particulièrement inspiré par l’interaction du pape avec la jeunesse mauricienne. « Il a reconnu leur énergie, leur idéalisme et leur potentiel à façonner l’avenir. Il les a encouragés à devenir des agents de changement, des voix porteuses d’espoir, des bâtisseurs de ponts. » Ses paroles, affirme-t-il, ont profondément résonné : « Elles ont donné à de nombreux jeunes la force de croire en eux, de poursuivre leurs rêves et d’avoir un impact positif sur le monde. »

Mais plus encore que ses paroles, c’est la présence du pape à Maurice qui a laissé chez Angkush Poonye l’empreinte la plus durable. « Sa chaleur humaine, sa sincérité et son amour profond pour l’humanité étaient palpables. Il a su établir un lien avec des personnes de tous horizons, offrant des paroles de réconfort, d’encouragement et d’espoir. Il nous a rappelé notre humanité partagée, notre aspiration commune à la paix et au bonheur, ainsi que notre responsabilité de prendre soin les uns des autres et de notre planète. »

Et si les années ont passé depuis cette visite, le souvenir du pape François à Maurice continue de l’inspirer. « Son message de paix, d’unité et de justice sociale demeure une lumière sur notre chemin, nous rappelant les valeurs essentielles et la société à laquelle nous aspirons. Sa visite a renforcé cette conviction profonde : au-delà de nos différences, nous sommes un seul peuple, uni dans notre humanité partagée. »

Marine Martin, bénévole à Caritas : « Le pape m’a inspirée à porter un regard plus solidaire sur le monde »

Marine Martin, employée de centre d’appels et bénévole au sein de Caritas, raconte avoir été profondément marquée par la visite du pape François à Maurice en septembre 2019. « Le fait qu’il a choisi un petit pays comme le nôtre pour transmettre un message d’unité, de paix et d’espérance m’a particulièrement touchée lors de son discours à Marie Reine de la Paix », confie-t-elle.

Elle souligne que François avait insisté sur l’importance de la jeunesse, de la justice sociale et de la solidarité entre les peuples, quelles que soient leurs origines ou leurs religions. « Cette expérience m’a fait comprendre que la foi ne se vit pas seulement à l’Église, mais surtout dans nos gestes quotidiens. Elle m’a inspirée à m’engager davantage dans ma mission chrétienne, à m’ouvrir aux autres et à porter un regard plus bienveillant et solidaire sur le monde qui m’entoure », ajoute-t-elle.

Ryan, du National Youth council : « Faire du bruit, c’est provoquer un changement positif »

« L’appel du pape François à “faire du bruit” m’a profondément interpellé », confie Ryan, qui œuvre au sein du National Youth Council. Pour lui, il s’agit de ne pas rester passif face aux injustices et aux souffrances de notre société. « Cet appel m’a encouragé à sortir de ma zone de confort et à m’engager plus activement dans ma communauté. »

Inspiré par ces paroles, le jeune homme s’est investi dans des actions de solidarité : aider les personnes en difficulté, participer à des projets locaux visant à améliorer le quotidien des plus vulnérables. « Cela m’a aussi poussé à prendre la parole plus souvent, à défendre les valeurs chrétiennes avec courage, même si cela bouscule parfois les habitudes et les mentalités établies. »

Pour lui, « faire du bruit, c’est semer le bien, provoquer un changement positif et, surtout, ne jamais rester indifférent ».