Le récent African Governance Report 2019, basé sur l’Ibrahim Index of African Governance (IIAG), évalue la trajectoire développementale où le continent est à mi-chemin du First Ten-Year Implementation Plan (FTYIP) de l’Union Africaine (UA). C’est également un tiers du temps parcouru pour atteindre l’Agenda 2030 des Nations Unies. Bien que Maurice excelle dans plusieurs domaines, dans d’autres le pays est en recul notamment concernant le favoritisme, la satisfaction sur les services de santé et le taux d’inscription au secondaire.
La Thaïlande est devenue le premier pays de l’Asie du Sud-Est à légaliser l’usage du cannabis médical. Selon Forbes, le pays compte franchir un autre pas en autorisant ses citoyens à cultiver six plantes de cannabis dans leurs maisons et à vendre leur récolte locale au gouvernement pour en faire de l’herbe à des fins médicales.
Pour Kunal Naik, Advocacy Officer chez PILS, c’est une évolution fondée sur une logique de santé publique et une réforme sociale et économique. « La Thaïlande évolue avec le temps moderne et prend en compte surtout les dernières recherches scientifiques et les changements dans les pays développés », explique notre interlocuteur.
Toutefois, il concède que Maurice a encore beaucoup à apprendre. « Cela aurait été bien si on organisait des missions d’exposition dans des pays comme la Thaïlande pour apprendre et ensuite adapter les lois en fonction de ce qui marche. Comme nous le savons à Maurice, de nombreuses personnes ont besoin du cannabis médical », poursuit Kunal Naik.
Pour lui, sans l’ombre d’un doute, Maurice doit emboîter le pas à la Thaïlande en se basant sur la science et la santé publique, tout en prenant en considération l’aspect économique. « C’est une industrie qui bénéficie à la fois à la société et aux individus qui auront une entrée d’argent », estime l’Advocacy Officer de PILS. Il ajoute que Maurice doit capitaliser dessus pour la création d’une nouvelle industrie, mais avec un programme structuré sur la recherche.
Ashan Purmessur, le président de l’Association of Rheumatology Concerns, se prononce en faveur du cannabis à usage médical. « Nous sommes pour l’utilisation de l’huile CBD (Cannabidiol) qui ne contient pas du THC. Cette huile peut être utilisée pour aider les personnes qui souffrent de douleurs atroces », indique-t-il.
Pour lui, tout traitement thérapeutique est le bienvenu, surtout pour soulager la souffrance des personnes atteintes de rhumatisme et d’autres maladies associées. Il cite l’exemple de l’Angleterre qui a modifié la loi pour autoriser le recours au cannabis médical pour traiter l’épilepsie.
Cependant, Ashan Purmessur se dit contre la culture du cannabis à la maison. « Il faut un cadre légal bien défini, car la culture du cannabis médical est différente », affirme notre interlocuteur. D’où le fait que tout devrait être réglementé et fabriqué par des agences enregistrées qui doivent aussi respecter les spécifications de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour sa part, Kailesh Jagutpal, le nouveau ministre de la Santé, n’est pas en faveur de l’introduction du cannabis médical à Maurice. Il préconise une étude au préalable pour identifier les risques et les conséquences d’une telle initiative. « Ce n’est pas une bonne idée pour le moment d’introduire le cannabis médical à Maurice et ce n’est pas parce que d’autres pays l’ont fait que nous devons en faire de même », estime-t-il.
Reclassification
Le cannabis pourrait être reclassifié suivant les recommandations faites par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vers la fin du mois de janvier 2020. Cela fait suite aux travaux du comité d’experts sur la dépendance des drogues qui s’est penché sur la question depuis 2016. Cependant, la décision d’avaliser ces recommandations interviendra lors du Segment ministériel de la 62e session de la Commission des stupéfiants qui va se tenir en mars prochain à Vienne. Le cannabis pourrait alors se retrouver sous une législation moins sévère et être ainsi considéré comme une substance « moins nocive ». Cela concerne la plante et la résine du cannabis. L’OMS fait aussi mention des molécules présentes dans le cannabis ou ses dérivés afin qu’elles soient reclassifiées pour qu’elles puissent être utilisées à des fins thérapeutiques.
Paramètres bien définis
Maurice n’est pas prêt pour faire comme la Thaïlande, c’est-à-dire autoriser la population à cultiver le cannabis à petite échelle pour le revendre au gouvernement. Tel est l’avis du Dr Vijay Kumar Torul. Par contre, il se dit favorable à l’usage du Cannabidiol (le CBD Oil) à des fins thérapeutiques pour les patients souffrant d’arthrite, de cancer, d’Alzheimer et de certaines maladies gastriques, car cela peut être bénéfique pour eux.
« Il y a une grande demande pour ce produit à Maurice », selon lui. Le médecin se dit convaincu que l’usage de ce produit peut leur apporter un soulagement dans leur maladie. Maurice devrait ainsi emboîter le pas aux pays qui l’ont autorisé à des fins thérapeutiques. Une fois cette étape franchie, la culture à petite échelle comme en Thaïlande pourrait venir dans un deuxième temps et être contrôlée par les autorités. « Il faut avoir des paramètres bien définis afin de prévenir d’éventuelles dérives ou de trafic illicite », dit-il.
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