La dette publique amorce une pente descendante, a indiqué le Grand argentier lors de la présentation du budget. Or, les avis divergent sur la question.
« La dette du secteur public devrait diminuer graduellement de 87,4 % du PIB d’ici fin juin 2022 à 78 % d’ici fin juin 2023, en deçà de notre ancrage fiscal. Nous atteindrons donc notre objectif de ramener la dette du secteur public à moins de 80 % du PIB deux ans plus tôt que prévu ». Cette déclaration du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors de son Grand oral a fait mouche. Depuis, les avis divergent sur cette baisse de la dette publique.
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Pour l’économiste Arvind Nilmadhub, ce débat n’a pas lieu d’être. « Cette baisse n’a pas été maquillée. Elle se base sur la définition actuelle de la dette. Si demain, le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale viennent avec une autre définition, on se calquera dessus », fait-il ressortir, tout en ajoutant que dans le contexte difficile actuel et avec les moyens à disposition, le gouvernement ne pouvait pas mieux faire.
Georges Chung, économiste, y va aussi de son commentaire. « Le niveau d’endettement d’un pays – et c’est valable aussi pour un chef de famille ou une entreprise – est un critère essentiel. En temps normal, le taux d’endettement ‘raisonnable’ d’un pays ne doit pas dépasser 60 % du produit intérieur brut. Or, nous vivons dans une situation exceptionnelle et critique par rapport à la pandémie et à la guerre en Ukraine. Le budget a permis de savoir que notre taux d’endettement est de 87,4 % du PIB et va descendre à près de 70 % du PIB d’ici les prochaines années. Sur ce plan-là, le budget est rassurant », souligne l’économiste. Pour Georges Chung, Maurice est bien mieux loti comparativement à d’autres pays qui se trouvent dans une « situation inconfortable ». Il cite l’exemple de la France et du Royaume-Uni où le taux d’endettement dépasse 100 % du PIB. « Le Sri Lanka est un des cas extrêmes. Le pays est tellement endetté que sa banque centrale n’arrive pas à payer les besoins du pays en termes de produits pétroliers et d’aliments », fait-il ressortir.
Le débat actuel sur la dette se porte notamment sur le fait qu’elle diminue en termes de pourcentage du PIB, mais qu’elle grimpe en valeur nominale (voir tableau plus loin). À ce sujet, Georges Chung est d’avis qu’il faut relativiser. « Si un chef de famille a un niveau d’endettement élevé, il ne doit pas s’en inquiéter outre mesure si la richesse qu’il créée en parallèle est bien plus élevée que cette dette », dit-il.
« Si je dis que la dette publique grimpe en valeur absolue et si le ministre des Finances vient dire que le fardeau de la dette diminue, chacun a raison. Personne ne ment. Tout est une question de présentation.
L’idéal, c’est de donner les deux chiffres », ajoute, pour sa part, l’économiste Azad Jeetun. Il souligne au passage que c’est une bonne chose pour l’économie si la dette baisse. « Ceci dit, si la dette grimpe en valeur absolue, c’est parce que le PIB est en train d’augmenter. Le PIB augmente tous les ans, même si nous n’avons pas de croissance », explique-t-il. Pour Azad Jeetun, le plus important, c’est l’utilisation de l’argent de cette dette. « La question qu’on doit se poser est comment ces fonds sont utilisés en vue d’augmenter la capacité de l’économie et le développement infrastructurel. Si à titre d’exemple, la dette est en partie utilisée pour améliorer le réseau électrique, la production va grimper par la suite. Cette hausse de la production permettra de rembourser la dette. À quoi cela servira-t-il d’avoir un taux d’endettement de 50 % s’il n’y a pas de développement qui suit ? Cela dit, il ne faudrait quand même pas que le pays s’endette à hauteur de 200 % du PIB », conclut-il.
L’évolution de la dette | |||||||
2021/2022 | 2022/2023 | 2023/2024 | 2024/2025 | ||||
Montant | % du PIB | Montant | % du PIB | Montant | % du PIB | Montant | % du PIB |
Rs 435,71 milliards | 87,4 % | Rs 449,55 milliards | 78% | Rs 474,03 milliards | 75,4 % | Rs 493,58 milliards | 71,8 % |
Source : document du Budget |
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