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À Bois-Marchand : plus de 25 familles vivent sans eau ni électricité

Bois-Marchand Quelques membres des familles concernées.
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Plus de 25 familles vivent dans des conditions de vie déplorables à Bois-Marchand, sur des terres de l’État. Elles vivent sans eau ni électricité et bien évidemment sans les facilités sanitaires nécessaires. Ces personnes lancent un appel à l’État pour régulariser leur situation.

La plupart des 25 familles de Bois-Marchand habitent un endroit connu sous le nom de Singamanee. Les autres vivent du côté de la passerelle. Marilyn Jean, 66 ans, réside en ces lieux depuis dix ans. Sa maison n’est pas pourvue d’électricité, d’eau et de toilettes. Le soir, elle se débrouille à la lumière des bougies. Pour s’approvisionner en eau, elle se rend chez une voisine. Idem pour les toilettes.

Pourquoi vit-elle seule ? Elle répond qu’elle s’est séparée de son conjoint il y a longtemps. Quant à ses enfants, ils sont tous mariés et vivent dans leurs propres maisons. Ils viennent la voir de temps en temps. Avant d’élire domicile à Bois-Marchand, elle habitait à Terre-Rouge. « Le propriétaire est décédé et ses enfants ont voulu récupérer la maison. J’ai été forcée de partir », déclare-t-elle.

N’a-t-elle jamais reçu la visite des préposés de l’État ? « Oui, une fois. Ils m’ont demandé de remplir un formulaire. J’ai par la suite dû me rendre au ministère du Logement et des Terres à Ébène », répond-elle. Mais elle affirme qu’elle ne sait pas pourquoi on lui a demandé de remplir ce formulaire.

« J’ai cru comprendre que c’était pour que les terres de l’État sur lesquelles j’habite soient inscrites à mon nom. Si c’est bien le cas, la promesse tarde à être concrétisée. Du coup, je ne peux faire de démarches pour être connectée au réseau de distribution d’eau et d’électricité. Quand je demande pourquoi le dossier tarde tant à être traité, on me répond qu’on y travaille toujours. Lorsque j’insiste, on me dirige vers un autre fonctionnaire qui, à son tour, m’oriente vers un autre », dit-elle.

Le cri du cœur d’une mère

Henriette Marie Louise est une jeune mère célibataire qui habite sur les terres de l’État depuis dix ans elle aussi. Elle a trois enfants âgés de 12 et cinq ans (les deux premiers sont jumeaux). Elle vit séparée de son mari depuis assez longtemps. Elle ne travaille pas et ne survit que grâce à une aide sociale. Son mari ne pourvoit pas aux dépenses des enfants. « Ce que je souhaite de tout cœur c’est que l’État régularise ma situation et que j’ai un contrat à mon nom en bonne et due forme, pas seulement pour moi mais aussi pour la stabilité de mes enfants », explique-t-elle.

Comme la maison est dépourvue d’eau et d’électricité, elle explique combien il est difficile de vivre avec trois enfants dans ces conditions. « Nous sommes en hiver et il fait nuit rapidement. Cela me fait mal au cœur de voir mes enfants faire leurs devoirs à la lueur des bougies. Je demande au ministre de ne pas laisser tomber les familles pauvres et dépourvues de ce qui est nécessaire pour vivre comme des êtres humains », lance-t-elle.

Douze personnes dans une pièce

Le cas de Marie Christina Jean, 49 ans, est encore plus dramatique. Elle habite dans une seule pièce faite de bois et de tôle, avec ses deux filles et leurs… neuf enfants. Comme les autres, toute la famille vit sans eau ni électricité. Il n’y a ni cuisine, ni salle de bains, et encore moins des toilettes alors qu’il y a 12 personnes qui vivent dans cette pièce. Comble du malheur, ils ne disposent que d’un seul lit.

Les deux filles de la quadragénaire, qui ont 28 et 30 ans, sont revenues vivre avec elle il y a trois ans, après qu’elles se sont séparées de leurs concubins respectifs. Leurs enfants (quatre pour l’aînée et cinq pour l’autre) ont entre 15 mois et 13 ans. Personne ne travaille. La famille survit grâce à une aide sociale. Marie Christina, qui ne jouit pas d’une bonne santé, a fait une demande pour obtenir une pension d’invalidité et il est probable que la démarche aboutisse.

Le plus dramatique pour la famille est que la fille aînée de Marie Christina a emprunté une mauvaise voie dont elle n’arrive pas à sortir. Sa mère déplore le fait qu’elle ne montre aucune volonté. Du coup, c’est Marie Christina qui s’occupe de ses enfants.

Cindy Henriette, 36 ans, souhaite elle aussi que l’État régularise sa situation afin de pouvoir entamer les démarches pour avoir l’eau et l’électricité. Elle vit dans deux pièces avec son mari et leurs deux enfants âgés de 13 et 20 ans. Cindy a un emploi. « Le problème est quand je rentre à la maison, il fait déjà nuit. Il n’y a pas d’électricité dans la maison ni dans la rue. Il va sans dire que même le chemin est dans un sale état », raconte-elle. Pour l’eau, elle se rend chez une voisine. « Mais l’eau n’est pas acquise. La voisine fait parfois la difficile. Vu la situation dans laquelle je suis, je dois tout accepter. N’empêche qu’elle m’aide et je suis reconnaissante », dit-elle.

Bois-Marchand
La lessive se fait dans cet espace sans l’eau courante.

Le flou persiste

Le jeudi 12 juillet dernier, en compagnie de Marilyn Jean, d’Henriette Marie Louise et de Marie Christina, elle s’est rendue au ministère du Logement et des Terres à Ébène pour s’enquérir de l’évolution de leurs dossiers. Elles voulaient savoir si leurs demandes pour obtenir des contrats à leurs noms pour les lopins de terres de l’État qu’elles occupent avaient été acceptées.

« On nous a dit qu’on ne pouvait pas nous donner une réponse vu que ce n’était pas ce bureau qui s’occupait de cette démarche. Mais quand nous leur avons demandé qui étaient ceux qui pouvaient nous donner une réponse, ils ont répondu qu’ils ne savaient pas. On nous a dirigés vers le 6e étage. Là-bas on nous a redirigés au 2e. Mais on n’a pas été plus avancées. Tout ce que nous avons obtenu c’est le numéro de notre dossier. Nous restons donc entièrement dans le flou », déplore Cindy Henriette.

Contactée par Le Défi Plus, le ministère du Logement et des Terres a laissé entendre qu’il examinait leurs dossiers pour vérifier si toutes les affirmations et plaintes des personnes habitant l’endroit étaient fondées.

  • defimoteur

     

 

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