
Le monde des affaires s’est réuni sur deux jours, les 24 et 25 mars, pour parler de développement responsable. C’est une initiative louable car le monde d’aujourd’hui requiert qu’on fasse des affaires de manière responsable.
Personne n’a oublié la tragédie de Bhopal, les fuites d’huile dans le golfe du Mexique, les Ponzi Schemes à la Madoff ou encore les affaires de fraude et de corruption dans les grandes entreprises.
Sur le plan local, réfléchir sur l’avenir et surtout à la manière dont on conduit les affaires est rafraîchissant. Mais au-delà des discours, on peut se poser beaucoup de questions sur les actes de certaines grosses entreprises engagées dans cette démarche.
Dans une interview à TéléPlus, le Gouverneur de la banque de Maurice et ancien ministre des Finances, le Dr Rama Sithanen, a rappelé l’évidence : Maurice a besoin de produire davantage d’énergie verte ainsi que des aliments afin de réduire notre facture d’importation. Sous ces deux seuls items, le pays, en proie à un manque de devises, a assisté à une hémorragie de Rs 69,01 milliards (pétrole) et Rs 57,58 milliards (aliments), d’après les chiffres officiels en 2024.
À l’opposé, l’une des plus grosses banques du pays, selon Echo Austral, investit une somme colossale dans les plateformes pétrolières au Nigéria. Bien sûr, dans un État de libre entreprise balisé par l’économie du marché, toute entreprise privée est libre d’investir où bon lui semble, mais imaginons ces mêmes milliards investis de manière « responsable » dans l’économie verte locale. Quel impact positif sur la création d’emploi et la balance des paiements !
Parlant d’économie verte, après la tragédie de Saint-Domingue, entre autres, ou l’exploitation maximale du littoral pour se faire un maximum d’argent a fini par avoir l’effet contraire : faire fuir les touristes tout en hypothéquant l’environnement ; Maurice doit bien se garder de ces développements immobiliers où l’on fait fi de l’écosystème, entre autres des mangroves, afin de créer des plages encore plus blanches et lisses.
À se demander en passant, à la lumière de l’étude « State of the Economy of Mauritius and the road ahead » (Décembre 2024) si les hôtels de certains conglomérats qui ont obtenu des milliards de prêts de la fameuse MIC durant la COVID, seraient disposés à rembourser leurs dettes au taux du jour, sachant qu’ils s'enorgueillissent de profits mirobolants. Tant mieux pour eux et pour l’économie qu’ils fassent de gros profits, mais encore faut-il, au nom de la responsabilité d’entreprise, qu’ils jouent le jeu et ne thésaurisent pas les rentrées de Forex dont le pays a grand besoin pour assurer tout au moins la stabilité économique.
Bref, saluons encore une fois l’initiative des pontes du secteur privé, mais espérons que chacun saisit les enjeux et « means business » lorsqu’il s’agit de mener les affaires de manière vraiment responsable, dans l’intérêt du pays comme de leurs intérêts bien compris.
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